Le sort du gouvernement entre les mains du PQ

Le député péquiste François Legault n'a pas voulu révéler la position que prendra son parti lors du vote sur l'adoption du budget la semaine prochaine à l'Assemblée nationale.

Budget MJF - baisses d'impôts



Martin Ouellet - Le deuxième parti d'opposition à l'Assemblée nationale n'a pas écarté la possibilité de voter contre le budget de la ministre des Finances Monique Jérôme-Forget déposé jeudi.
Sans trop de surprise, les deux partis d'opposition ont vivement critiqué les orientations budgétaires libérales. L'Action démocratique (ADQ) a fait savoir d'emblée qu'elle voterait contre l'adoption du document, alors que le Parti québécois (PQ) a préféré laisser durer le suspense.
Même s'il juge le budget «irresponsable» et «sans vision», le député péquiste François Legault n'a pas voulu révéler la position que prendra son parti lors du vote sur l'adoption du document la semaine prochaine à l'Assemblée nationale.
«La décision n'est pas prise, a mentionné M. Legault, en point de presse aux côtés de sa collègue Rita Dionne-Marsolais. Nous sommes deux députés sur 36 à avoir lu le budget, nous en discuterons en caucus avec l'ensemble des députés et je ferai alors mes recommandations.»
Mais le député de Rousseau ne fait pas de cachette de sa profonde insatisfaction à l'égard du budget. Seuls «des amendements majeurs» ou encore le dépôt d'un tout autre document budgétaire permettraient de répondre aux exigences du PQ, a fait valoir en substance M.
Legault.
Un vote négatif des députés péquistes la semaine prochaine entraînerait la chute du gouvernement et précipiterait le Québec dans une nouvelle campagne électorale. Jeudi, une telle hypothèse ne pouvait pas être exclue. Mais il s'agirait d'un pari extrêmement risqué pour le Parti québécois, qui n'a toujours pas de chef et dont les coffres sont à sec.
De l'avis du porte-parole péquiste, le budget Jérôme-Forget manque de vision en ne prévoyant aucun investissement nouveau dans le secteur de l'éducation. Selon M. Legault, l'énoncé nage aussi «en pleine contradiction».
«Ils prévoient une crise pour le financement des soins de santé mais ils se privent en même temps de 950 millions $ de revenus (en baisses d'impôt)», a analysé M. Legault.
«Jean Charest s'entête à vouloir baisser les impôts. (...) Est-ce qu'on peut aujourd'hui se payer des baisses d'impôt? Nous, on pense que non», a-t-il poursuivi.
En santé, le budget ne prévoit que 55 millions $ de plus, a dénoncé le député, une somme dérisoire si l'on tient compte des besoins. Au seul chapitre des soins à domicile, le réinvestissement requis est d'au moins 450 millions $, a-t-il illustré.
Pour le deuxième parti d'opposition, le budget Jérôme-Forget n'est guère plus qu'un «budget de comités», une allusion aux mandats confiés à Claude Castonguay sur la pérennité du système de santé et à un groupe de travail sur la révision des méthodes comptables du gouvernement.
Mais les commentaires les plus durs à l'égard du budget sont venus de l'Action démocratique du Québec, l'opposition officielle à l'Assemblée nationale.
«L'opposition ne peut cautionner le budget qui a été énoncé aujourd'hui (jeudi) et nous annonçons que nous allons voter contre», a indiqué le porte-parole de l'ADQ en matière de finances, Gilles Taillon.
Selon lui, le gouvernement Charest commet une erreur lourde de conséquences en allégeant de 950 millions $ le fardeau fiscal des contribuables alors qu'il n'a pas les moyens de se montrer aussi généreux.
«Il n'y a pas lieu de faire un party en refilant la facture aux générations futures», a condamné M. Taillon.
En outre, la dette continuera de croître de 7 milliards $ sur deux ans, a analysé le député de Chauveau, pour qui l'équilibre budgétaire évoqué dans le budget est carrément artificiel.
Cet équilibre factice est atteint grâce à la vente d'actifs d'Hydro-Québec et aux revenus d'impôt découlant du règlement de l'équité salariale, a-t-il soutenu.
Autrement dit, le gouvernement «hypothèque à nouveau la maison et vend les meubles», a argué M. Taillon, convaincu que les orientations budgétaires du gouvernement Charest sont purement «électoralistes».


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