Le socle commun

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Et tout à coup, l'indépendance redevient un sujet à la mode...

Depuis 1995, le PQ n’a jamais voulu reconnaître que le quasi-monopole qu’il exerçait sur le mouvement souverainiste est chose du passé, ni fait le moindre effort pour élaborer une stratégie qui en prendrait acte et respecterait sa nouvelle diversité.

Plus encore que la clarté de son échéancier référendaire et la « démarche d’approbation citoyenne » qu’il propose, la recherche d’un « socle commun » est le grand mérite du plan que le député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier, entend soumettre aux militants péquistes dans le cadre de la course au leadership.

S’il y a une chose qui est claire, c’est que seul un gouvernement indépendantiste majoritaire peut réaliser l’indépendance, peu importe le processus, et que cette majorité devient de moins en moins possible si la division actuelle perdure.

Personne ne peut sérieusement penser que les divergences idéologiques qui opposent le PQ à Québec solidaire puissent être aplanies dans un avenir prévisible. Ils ne pourront pas s’entendre sur le « projet de société » qui devrait être celui d’un Québec souverain.

C’est pourquoi « l’équipe de préparation à la souveraineté » dans laquelle M. Cloutier voudrait inclure des représentants des autres partis n’en proposera pas. Son grand livre blanc à l’écossaise ne préciserait donc pas si un Québec indépendant serait un État social-démocrate ou non, si l’école privée y serait toujours subventionnée, si les droits de scolarité seraient abolis ou si l’État encouragerait l’exploitation du pétrole.

On y répondrait simplement à des questions de nature plus institutionnelle comme la monnaie, le passeport, les frontières, le libre-échange, la libre circulation des capitaux, des biens et des personnes, etc. Le débat entre la gauche et la droite serait temporairement mis de côté.

De la même façon, le projet de Constitution dont il est question inclurait simplement des documents existants, comme la Charte québécoise des droits et libertés de la personne ou encore la Charte de la langue française, auxquels on ajouterait des dispositions qui assureraient la transition entre le statut de province et celui d’État souverain.

Bref, il s’agit d’éviter dans toute la mesure du possible ce qui pourrait constituer un obstacle non seulement à la formation d’une coalition référendaire, mais aussi à l’entente électorale sans laquelle la tenue du référendum risque d’être impossible.

De prime abord, réunir un million de signatures peut sembler ambitieux, mais il aura fallu un million et demi de voix pour former un gouvernement majoritaire. Une majorité de « oui » en exigerait près de trois millions. Si le gouvernement, appuyé par tous les partis souverainistes, mettait tout son poids dans la balance, l’objectif pourrait très bien être atteint.

En réalité, la mise en oeuvre du plan de M. Cloutier signifierait qu’il y aurait presque à coup sûr un référendum dès le premier mandat, si le PQ formait un gouvernement majoritaire, misant sur la mobilisation d’un million de personnes pour donner de l’élan à la campagne du Oui.

Toute la question est évidemment de savoir dans quelle mesure le PQ, voire simplement une majorité de députés indépendantistes, pourrait se faire élire avec une telle plateforme. Dans l’état actuel des choses, la réponse semble clairement non, mais le PQ a-t-il réellement le choix ?

Jean-François Lisée a raison sur un point : ceux qui ne veulent rien entendre d’un référendum ne voteront pas pour un parti qui promettrait de le reporter à un deuxième mandat, mais qui consacrerait tout le premier à le préparer, comme l’a proposé Bernard Drainville. Promettre un premier mandat de « bon gouvernement » si un référendum gagnant paraît impossible, comme le suggère M. Lisée, pousserait de nombreux péquistes à bouder les urnes. De toute manière, les militants péquistes ne semblent pas d’humeur à élire un chef qui leur recommanderait encore la patience.

Dans son dernier livre, Je le dis comme je le pense, Claude Morin présente une nouvelle variante de la démarche qu’il avait proposée dans un ouvrage précédent et que M. Lisée avait lui-même explorée dans Sortie de secours. Pour faire simple, il s’agit de faire approuver par la population les (nombreuses) conditions qui pourraient rendre acceptable l’adhésion à la Constitution de 1982. Sous-entendu : Ottawa refuserait et les Québécois en concluraient qu’ils n’ont plus rien à faire dans la fédération.

MM. Morin et Lisée sont deux hommes brillants, dont la lecture est toujours stimulante. Malheureusement, aussi séduisante que paraisse l’idée de se dire oui à nous-mêmes, pour une fois, les raisons qui avaient jadis poussé Lucien Bouchard à écarter un tel scénario valent toujours : au PQ, ça ne passerait pas.


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