Le sens des proportions

Suivi de "Des responsabilités partagées"

Pratte, le discours moralisateur parce que "tout simplement" rampant...


L'attaque d'Israël contre le Hamas lui a attiré les dénonciations habituelles. À Montréal, des manifestants ont crié «Israël assassin!». Dans d'autres villes, on a parlé de «génocide», de «crimes contre l'humanité», d'«holocauste».
Ces qualificatifs sont excessifs; leur usage montre que du côté des critiques d'Israël, on a depuis longtemps perdu de vue le sens de ces mots chargés d'histoire et d'horreur. Cela dit, bien des gens, y compris parmi ceux qui sympathisent avec le peuple juif, trouvent disproportionnée cette réplique d'Israël aux tirs de roquettes palestiniens.
Disproportionnée? Sait-on seulement à quoi les Israéliens répliquent? Depuis 2005, le Hamas a tiré quelque 6300 roquettes sur le territoire israélien. Bilan : une dizaine de morts, des centaines de blessés, des villes terrorisées. Les médias occidentaux en ont peu parlé. À quand la dernière manifestation à Montréal contre les attentats commis par le Hamas? Qui a lancé ses souliers sur la photo du chef du Hamas?
Qu'est-ce qu'une dizaine de morts comparativement au plus de 350 morts de l'attaque contre Gaza, diront certains. Tiendraient-ils le même raisonnement si un groupe de terroristes mohawks de Kahnawake tirait chaque jour des missiles de fortune contre l'île de Montréal? Les Québécois n'exigeraient-ils pas que l'armée canadienne prenne tous les moyens pour faire cesser ces tirs ? Ne souhaiteraient-ils pas que cette riposte soit décisive plutôt que «proportionnelle»?
Que veut-on dire par une réplique «proportionnelle»? Israël n'a-t-il pas le droit d'user de la puissance de feu nécessaire pour étouffer la menace? La proportionnalité de représailles armées ne peut être jugée par une comparaison du nombre de victimes. Il faut plutôt se demander si la riposte est justifiée, si elle vise des cibles militaires et si tout est fait pour épargner la population civile. Dans le cas présent, la réponse aux trois questions nous paraît positive. La riposte est certainement justifiée: aucun État ne permettrait qu'on tire sur sa population. Elle vise des cibles légitimes, les installations du Hamas. Enfin, la plupart des victimes sont membres du groupe terroriste, même si une cinquantaine de civils, notamment des enfants, ont été tués. La manoeuvre a visiblement été mieux planifiée que l'attaque contre le Hezbollah au Liban, il y a deux ans, qui elle s'était transformée en carnage.
Israël se plaint, cette fois-ci encore, de ne pas avoir l'appui de la communauté internationale. Un politologue local en rend responsable le biais pro-palestinien de l'ONU, des médias et des ONG. Les Israéliens devraient plutôt s'interroger sur l'impact des erreurs qu'eux-mêmes ont commises au cours des ans.
Un exemple parmi d'autres: si l'attaque en cours semble avoir été conçue pour épargner le plus possible les Gazaouis, on ne peut certainement pas en dire autant du blocus imposé par Israël depuis la prise du pouvoir par le Hamas. Au contraire, le blocus vise précisément les civils. Limiter l'accès d'une population innocente à la nourriture, au carburant et aux médicaments est tout simplement immoral. C'est le genre d'abus qui mine la crédibilité de la lutte d'Israël et qui place les amis de l'État juif, dont nous sommes, dans une situation intenable.
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Des responsabilités partagées

André Pratte

La Presse 31 décembre 2008
Notre éditorial d'hier au sujet de l'attaque israélienne contre Gaza a suscité un courrier abondant, généralement très critique. Les questions très pertinentes soulevées par nos lecteurs méritent évidemment réflexion.
Certains rappellent l'origine du conflit, la création d'Israël en 1948 sur des territoires appartenant aux Arabes. Selon nous, il n'est pas utile de remonter à ce qui s'est passé il y a 60 ans. Il faudrait parler aussi de la responsabilité de tous les pays qui pendant des siècles ont persécuté les Juifs, faisant en sorte qu'ils ne se sentent bienvenus nulle part. De toute façon, on ne reviendra pas en arrière.

Depuis cette époque, Juifs et Arabes ont commis maints abus et erreurs, de même que de chaque côté plusieurs ont sincèrement tenté d'arriver à un accord de paix. Les responsabilités pour cette guerre qui n'en finit plus sont donc partagées entre dirigeants israéliens, palestiniens et arabes. Ne pas le reconnaître, c'est se condamner à une perception de la réalité qui interdit la compréhension et le compromis. Qui interdit la paix.
Des lecteurs nous accusent d'ignorer l'impact humanitaire catastrophique de l'embargo imposé par Israël. Pourtant, dans ce même texte, nous condamnons cet embargo que nous qualifions d'«immoral». C'est là où le bât blesse: d'un côté comme de l'autre du débat, on a bien du mal à accepter un point de vue nuancé.
Trop de Québécois juifs accusent d'antisémitisme quiconque ose critiquer telle ou telle politique de Tel-Aviv. Trop de sympathisants des Palestiniens accusent quiconque donne en partie raison aux Israéliens de succomber à la «propagande sioniste» ou même d'avoir été «acheté par l'argent d'Israël» (propos tirés des courriels reçus).
La majorité des Québécois prend partie pour les Palestiniens. Malheureusement, ce biais compréhensible et généreux en mène plusieurs à ne voir que les torts israéliens et à fermer les yeux sur les responsabilités des dirigeants palestiniens et arabes - par exemple sur l'opposition du Hamas aux pourparlers de paix et sur l'hypocrisie des gouvernants arabes.
«La Palestine a été perdue en 1948 à cause des mensonges et de la duplicité arabes, et, 60 ans plus tard, elle est victime de ses propres erreurs, de son incapacité à se souder autour d'une politique unifiée, d'une direction commune», écrit Nagib Aoun, rédacteur en chef du quotidien libanais L'Orient Le Jour. Il poursuit: «Israël, bien entendu, s'en réjouit et s'emploie maintenant à donner le coup de grâce à un Hamas parti en guerre avec un armement artisanal et qui, de toute évidence, ne fait pas le poids face au rouleau compresseur israélien.»
Le Hamas a refusé de renouveler la trêve convenue avec Israël il y a six mois. Pourquoi? Se pourrait-il que le mouvement ait cherché, en déclenchant des hostilités dont il sortira nécessairement martyr, à renforcer sa position par rapport à celle de Mahmoud Abbas?
La voie qu'a choisie le président de l'Autorité palestinienne nous semble la seule prometteuse pour la paix dans la région. C'est la voie du dialogue et de la modération. C'est celle que nous souhaitons voir toutes les parties à ce conflit adopter, avec détermination et courage, dans la nouvelle année.
source: http://www.cyberpresse.ca/opinions/editorialistes/andre-pratte/200812/31/01-814100-des-responsabilites-partagees.php

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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