Le réflexe Laval ?

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Le marais de la corruption libérale est vaste et profond

Intense journée à Laval hier : avortement du procès de Tony Accurso, semi-libération de Gilles Vaillancourt et annulation d’une activité de « réseautage » du PLQ.


Entre Vaillancourt et Accurso, soutenait la Couronne, il y aurait eu des liens. Présumé innocent, l’entrepreneur était accusé de fraude et de corruption pour son rôle allégué dans un stratagème qu’aurait dirigé l’ex-maire.


Mais il y a eu « contamination » de trois jurés et le procès a avorté. À moins qu’une requête Jordan ne l’en empêche, le procès pourrait être recommencé en 2018...


Des liens forts


Entre Vaillancourt et le PLQ, les liens étaient aussi très forts. Des libéraux, et non les moindres, l’ont affirmé et parfois même déploré.


En 2011, Thomas Mulcair avait confié à L’actualité que ses relations avec Jean Charest avaient commencé à se détériorer lorsque, en 2004, comme ministre de l’Environnement, il avait souhaité faire adopter une loi sur les milieux humides : « Il y avait beaucoup de terrains en jeu, à Laval notamment, et Charest m’a dit qu’il ne pouvait pas faire ça au maire Gilles Vaillancourt. On avait trop besoin de lui pour les élections. »


En 2008, j’avais interviewé Lise Bacon, ancienne députée libérale de Chomedey et ministre de Bourassa, dans le cadre d’un portrait de Michel­le Courchesne.


Alors sénatrice, Mme Bacon avait dit Mme Courchesne « trop près » de Gilles Vaillancourt : « C’est la seule chose qui me dérange d’elle. Parce que, à un moment donné, quand on connaît Laval, il faut garder une distance... Je ne trouve pas qu’elle l’a assez. [...] Ce serait intéressant qu’un jour les gens s’y mettent et regardent de près ce qui se passe là. »


Ce fut fait. Et moins de 10 ans plus tard, Gilles Vaillancourt dut prendre le chemin du pénitencier. Trop brièvement, aux yeux de certains, mais c’est une autre histoire.


En plus, entre quatre murs, l’empereur dit s’être « rapproché de la spiritualité » et de ses valeurs. Il a même soutenu regretter ses gestes « au plus haut point ».


Cela tranche avec le jour de sa démission, où il accusait les médias d’avoir colporté de fausses allégations.


Et en 2013, quelques mois après son arrestation, il tentait de s’immiscer dans la campagne à la mairie à Laval. Lors d’une rencontre, il avait tenté d’influencer une candidate. Cette dernière avait enregistré le monarque qui disait : « La réalité, c’est qu’il y a déjà un autre système. »


Quatre ans plus tard, cela devrait nous inquiéter.


« Réseautage »


Les temps ont changé, tout cela relève d’une autre époque très très lointaine, nous répète-t-on.


Le PLQ a martelé ce message cette semai­ne, après nos révélations sur les impressionnants canaux de « réseau­tage » (fêtes, déluges de coups de téléphone, etc.) de l’argentier de l’ère Charest, Marc Bibeau, dans les années 2000.


Depuis, il y a eu des changements législatifs, l’escouade Marteau, l’UPAC. Ah oui : le palier municipal est devenu tellement propre qu’on a cru bon d’y abolir les référendums et de le rebaptiser « gouvernement de proximité ». Certains anciens réflexes semblent forts, pourtant. Des choses anodines nous le rappellent.


Notre collègue Robert Plouffe (voir autre article) nous apprend, par exemple, que le PLQ a cru bon d’annuler une activité de financement dans Laval-des-Rapides.


Celle-ci devait avoir lieu le 27 novembre. L’ennui, c’est qu’elle était présentée comme soirée de « réseautage d’affaires » entre la ministre de l’Économie Dominique Anglade, le député Saul Polo et des gens d’affai­res de Laval.


Rien n’indique évidemment que des stratagèmes à la Vaillancourt s’y seraient déployés. Ou que s’y seraient pointés des acteurs d’un éventuel « nouveau système » lavallois évoqué en 2013 par l’empereur déchu.


Mais comme l’a bien noté le directeur des communications du PLQ Maxime Roy, « le libellé Réseautage d’affaires était totalement inapproprié ».


Vous m’en direz tant !


LA CITATION DE LA SEMAINE


« Avec une marge de manœuvre supplémentaire [...], ils [pourront] contribuer à alimenter ce cercle vertueux de croissance économique. »


– Carlos Leitão, ministre des Finances, annonçant un allègement du fardeau fiscal