La langue anglaise pourrait reculer partout dans le monde. Son déclin est déjà observable en Asie. La cause essentielle de ce recul est simple : la Grande-Bretagne et les États-Unis perdent rapidement de leur puissance.
La force des langues dans le monde dépend de la vigueur des États où elles sont parlées. Dans l’Antiquité, le latin s’est répandu à mesure que les Romains étendaient leur empire. Le français et l’anglais se sont imposés à mesure que la France et l’Angleterre ont étendu leur puissance. L’anglais a tiré profit de la domination des États-Unis après 1945.
Effets néfastes du Brexit et de Trump
L’anglais est parlé par environ 1,5 milliard de personnes. Le mandarin est la langue d’environ 1,4 milliard d’humains. Il est suivi de l’espagnol et de l’arabe. Le français arrive en 5e position comme langue la plus parlée, avec près de 475 millions de locuteurs.
Le français est d’ailleurs de plus en plus parlé. En 2065, selon l’Organisation internationale de la Francophonie, le monde comptera un milliard de francophones.
Il est probable que le Brexit et la présidence de Donald Trump auront des effets négatifs sur l’anglais.
En effet, pourquoi les pays de l’Union européenne continueraient-ils à utiliser l’anglais parmi les langues officielles sur le continent une fois le Royaume-Uni parti ? Le français et l’allemand devraient bénéficier du Brexit.
De même, les frasques de Trump, la multiplication des tueries de masse, les frais universitaires exorbitants sont tous des facteurs qui contribuent à affaiblir l’attrait des États-Unis et donc de la langue anglaise.
Est-ce à dire que l’anglais cessera bientôt d’être une langue importante ? Certainement pas. Le latin a perduré bien après la chute de l’Empire romain. Mais il se pourrait bien que les belles années de la langue anglaise soient derrière elle.
En plus, les nouvelles technologies sont en train de révolutionner notre rapport avec les langues. Par exemple, les logiciels de traduction professionnels sont d’une redoutable efficacité. Au point où le métier de traducteur devrait presque disparaître dans un avenir prévisible.
D’ici quelques années, la traduction simultanée entre les principales langues du monde sera au point. Dans ce nouvel univers linguistique, quelle sera la pertinence d’apprendre des langues étrangères ?
Trop tard pour nous ?
Ces nouvelles technologies de communications vont poser des problèmes politiques. Sera-t-il possible de vivre à Montréal, Québec, Drummondville ou Rimouski comme si on se trouvait à Pékin, Bangkok, Vienne ou Rio, c’est-à-dire sans parler français ?
À cet égard, les jeunes caquistes ont raison de demander au gouvernement du Québec de raffermir ses politiques de défense du français. C’est qu’au Québec, en raison de la rivalité entre le français et l’anglais, les immigrants ont tendance à transmettre beaucoup plus facilement à leurs enfants, et même à leurs petits-enfants, la langue de leur pays d’origine.
Cette transmission est certainement une richesse au plan individuel, mais dans le contexte de la mondialisation, elle aggrave la fragmentation sociale. Une fragmentation sociale que Justin Trudeau célèbre au nom du multiculturalisme.
Il est triste de constater que le Québec bascule chaque jour davantage dans l’univers culturel anglo-américain, malgré le recul prévisible de l’anglais. Est-il trop tard pour nous ?