COMMERCE

Le Québec plus pauvre de 100 milliards

Le délégué général du Québec à New York est impitoyable: les gens d’affaires négligent leur principal marché, les États-Unis, dit-il

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Le régime libéral rêve au Plan Nord plutôt que de cultiver notre marché américain

Les gens d’affaires québécois doivent arrêter de se chercher des excuses et déployer enfin les efforts nécessaires pour regagner des parts de l’extraordinaire marché américain, estime le délégué général du Québec à New York, Jean-Claude Lauzon.

Le commerce est au coeur de la création de richesse au Québec et plus de 70 % de ses exportations prennent le chemin de l’immense marché américain. Or, ces exportations ont diminué d’environ 10 milliards depuis 10 ans pour un total de 100 milliards de manque à gagner, a déploré lundi le diplomate québécois devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM). « Je ne veux pas dire qu’il n’est pas important de développer d’autres marchés, comme celui des économies émergentes, mais les États-Unis sont notre pain et notre beurre. »

Toutes sortes de raisons ont été évoquées pour expliquer ce recul, a-t-il poursuivi devant un parterre de quelque 300 gens d’affaires. On a dit que c’était la faute de l’augmentation de la valeur du dollar canadien, de la Grande Récession, des politiques protectionnistes américaines (clause Buy America) ou encore de la concurrence des économies émergentes. « Ce sont des excuses. La principale raison est que nos gens d’affaires du Québec n’ont pas [accordé] assez d’attention à ce marché-là, n’ont pas été assez présents, et n’ont pas mis assez d’effort », s’est exclamé Jean-Claude Lauzon.

Belles occasions d’affaires

Les occasions d’affaires aux États-Unis ne manquent pourtant pas, a fait valoir le psychologue de formation et ancien chasseur de têtes qui a remplacé à New York, il y a un peu plus d’un an, l’ex-journaliste à Radio-Canada Dominique Poirier. Alors que 2016 s’annonce morose un peu partout sur la planète, la première économie mondiale se dirige vers une croissance apparemment banale et pourtant appréciable de 2 %. Dans la métropole américaine seulement, l’autorité portuaire, la société de transport public et le gouvernement municipal projettent d’investir un total de 40 à 50 milliards $US en dix ans dans des projets d’infrastructures et une conversion aux technologies vertes. Plusieurs entreprises québécoises auraient l’expertise pour participer à ces projets et quelques-unes sont même déjà sur les rangs, mais ondoit savoir qu’elles ne seront pas les seules parce que des concurrentes américaines, européennes, chinoises ou encore indiennes sont aussi déjà dans la course.

Il est vrai que le Québec n’a pas si mal fait l’an dernier en augmentant ses exportations vers les États-Unis de 6,2 milliards pour les porter à un total de 60 milliards. « Le montant de cette seule augmentation en 2015 est plus important que le total de nos exportations vers la Chine, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne réunis », fait-il valoir. Cela a permis de réduire de 7 milliards à 4 milliards le déficit commercial. Il faudra toutefois faire beaucoup mieux pour atteindre l’objectif qu’on s’est fixé d’un surplus de 20 milliards d’ici quatre ans.

« Le Québec dispose d’avantages inouïs », dit Jean-Claude Lauzon, à commencer par une culture nord-américaine, une économie diversifiée, une main-d’oeuvre qualifiée, de l’hydroélectricité à revendre, une expertise dans les technologies de développement durable, sans parler de sa proximité géographique. Quant aux Américains, ils constituent « un marché riche et exigeant […] mais ce sont des clients qui payent leurs factures et qui acceptent de payer plus pour de la qualité. »
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