PRODUCTIVITÉ

Le Québec peut aider mieux ses entreprises, et à moindre coût

Le développement stratégique doit prendre le pas sur les considérations budgétaires, souligne une étude

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Et nous qui pensions que les Libéraux étaient des spécialistes de l'économie !

Québec doit rompre avec ses « amalgames d’interventions » coûteuses et à courte vue des 15 dernières années et se donner enfin une « véritable stratégie économique cohérente » à long terme s’il veut aider les entreprises à améliorer leur productivité déficiente, conclut un rapport de HEC Montréal.

Jusqu’à présent, le gouvernement Couillard n’a pas su faire mieux, déplore le Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) de HEC Montréal dans le 7e portrait annuel de la situation au Québec dévoilé lundi. « La coupe paramétrique de 20 % de tous les taux des crédits fiscaux dans le budget 2014-2015 témoigne d’une situation où les considérations budgétaires priment le développement économique. […] Bien que l’objectif demeure louable, le résultat n’en est pas moins discutable : plusieurs crédits vétustes et inefficaces sont toujours en vigueur alors que d’autres, plus performants, ne sont plus suffisamment généreux pour être efficaces. »

Il aurait beaucoup mieux valu commencer par se doter d’une « véritable politique de développement économique » et d’en déduire ensuite des mesures adaptées à la réalité québécoise afin d’obtenir de meilleurs résultats tout en économisant de l’argent. « Pour s’assurer que l’aide octroyée aux entreprises produit de meilleurs résultats à moindre coût, le gouvernement doit recentrer ses interventions en ciblant d’abord les PME, en utilisant davantage l’aide budgétaire et en précisant ses interventions pour faire en sorte que les cibles concordent avec les objectifs qu’il poursuit », a déclaré Robert Gagné, directeur du CPP, et coauteur du rapport avec Jonathan Deslauriers et Jonathan Paré.

Plus cher, plus compliqué et moins performant

Le Québec a trop souvent tiré de l’arrière depuis 30 ans en matière de création de richesse par rapport aux autres provinces canadiennes et aux principales économies développées, estime le rapport. La principale cause de ce retard a été son manque de productivité.

Le gouvernement québécois consacre pourtant, en proportion de son économie, des ressources financières bien supérieures à la moyenne afin d’aider ses entreprises à obtenir de meilleures performances. Constituée principalement d’une cinquantaine de crédits d’impôt, mais aussi de plus d’une centaine de programmes d’aide budgétaire, cette aide gouvernementale approchait les 3,4 milliards, ou 1,2 % du produit intérieur brut (PIB) en 2013-2014, soit proportionnellement près du triple de l’Ontario. Il faut dire qu’en échange les entreprises québécoises payent aussi plus d’impôts, particulièrement lorsqu’on s’intéresse au cas des PME et lorsqu’on tient compte des taxes sur la masse salariale. Le fardeau fiscal des compagnies est par exemple 30 % supérieur au Québec par rapport à l’Ontario.

Un tel arrangement ne serait pas si terrible s’il donnait aussi des résultats supérieurs en matière d’innovation et de productivité, remarquent les auteurs du rapport. Mais ce n’est malheureusement pas le cas en bonne partie parce que « la politique économique québécoise des 15 dernières années […] a davantage relevé d’un amalgame d’interventions […] souvent définies à court terme sur une base budgétaire, et modifiées au gré des changements politiques. […] Sans vision globale à long terme, les mesures n’atteignent jamais leur plein potentiel, faute d’être harmonisées au sein d’une stratégie cohérente. »

On en veut pour exemple les multiples initiatives parfois contradictoires visant à aider la Gaspésie ou la politique prometteuse du gouvernement Marois destinée aux PME performantes — surnommées les « gazelles » — qui a été abolie par les libéraux pour être immédiatement après relancée sous un autre nom.

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