par Pascal Henrard
Bon, c'est fait. Le gouvernement conservateur et la chambre des communes reconnaissent que les Québécois forment une nation. Tout le monde et sa belle-mère en a parlé. Qu'est-ce que ça change ? Rien diront certains. Tout, vous dirai-je maman.
Ça change tout qu'Ottawa reconnaisse que le Québec est une nation. Que ce dernier soit inclus dans un Canada uni, enchâssé dans une constitution bâclée, installé dans une Amérique du Nord en décomposition, coulé dans un pot de cornichons au vinaigre ou tout simplement baigné dans une mer d'Anglophones, une floppée de députés qui se lèvent pour dire que le Québec est une nation, ça change des discours du passé, des positions conservatrices des libéraux, de l'immobilisme canadien endémique et de l'arrogance habituelle du ROC (Rest of Canada, au cas où vous ne le sauriez pas).
Qu'une bande de cow-boys de l'Ouest, de chercheurs de pétrole de l'Alberta et de comptables ontariens aient décidé un soir de novembre de manquer un épisode de l'excellente série CA à Radio-Canada pour reconnaître la nation québécoise est en effet tout un exploit.
Reste maintenant à définir le concept de nation.
J'aimerais cependant ajouter un bémol à cette dithyrambique chronique remplie d'allégresse et teintée de positivisme constructif.
Depuis quand ce sont les autres qui peuvent dire qui vous êtes ? Accepteriez-vous que les autres vous définissent à votre place ? Vous êtes stupide, mais vous n'aimez pas que ce soient les autres qui vous le disent. Vous êtes analphabète, mais vous n'acceptez pas que les autres lèvent le voile à votre place. Vous êtes gai, mais vous ne voulez pas que ça se sache sans avoir ouvert vous-même les portes du garde-robe. Vous êtes éjaculateur précoce, mais vous ne souhaitez pas que la majorité de vos ex se lèvent pour le reconnaître. Vous votez à droite, au fond du couloir, vous ne voulez pas qu'on pense que vous êtes à gauche, avant les escaliers. Vous auriez voulu être acteur de porno, mais vous êtes vendeur dans une entreprise de communication et vous préférez l'annoncer vous même à votre mère soulagée. Vous êtes ce que vous êtes et vous aimeriez pouvoir l'affirmer vous-même. Le Québec aussi.