Le Québec dépasse le cap des 7,7 millions d'habitants

Naissances et solde migratoire en hausse, décès en baisse

Questions de société



La population du Québec a aisément franchi le cap des 7,7 millions de citoyens cette année, une situation notamment attribuable à une augmentation significative des naissances, à un solde migratoire positif et à une diminution sensible du nombre de décès.
Autre chose? Les grandes tendances se maintiennent: les mères québécoises sont légèrement plus âgées chaque année, la population continue de vieillir et de repousser les limites du trépas, tandis que le poids démographique du Québec dans la fédération canadienne poursuit sa dégringolade. C'est ce qui ressort de l'édition 2007 du Bilan démographique du Québec, produit par l'Institut de la statistique.
Petite ombre au tableau, les données provisoires de l'année 2006 établissent le «solde migratoire interprovincial» à -12 900, soit un solde plus négatif qu'en 2005 (-6800) et en 2004 (-3300). En 2006, les échanges migratoires du Québec ont été déficitaires surtout avec l'Alberta (-7000), l'Ontario (-4300) et la Colombie-Britannique (-2000). «Cette prédominance de l'Alberta dans les pertes migratoires interprovinciales du Québec est une première», souligne d'ailleurs le document.
Et cette tendance négative semble se vérifier encore cette année puisque «les données provisoires portant sur les six premiers mois de l'année 2007 indiquent un solde migratoire interprovincial de -8800, comparativement à -6100 pour la même période en 2006».
Le Québec tire mieux son épingle du jeu à l'échelle internationale. Pendant l'année 2006, la province a reçu 44 700 immigrants, une meilleure performance que les deux années précédentes. «C'est un niveau qui se rapproche de celui qu'on observait au début des années 1990, quand il y avait eu une hausse considérable du nombre d'immigrants admis, nombre qui a dépassé 50 000 en 1991», explique-t-on dans le document de 70 pages. Au final, le solde migratoire international de 2006 est estimé à 37 400, soit un niveau légèrement supérieur à celui de 2005.
«Le nombre d'immigrants de 2006 est toutefois légèrement en deçà du volume minimum inscrit au Plan d'immigration du Québec pour l'année 2006, lequel prévoyait entre 46 200 et 48 200 immigrants», rappelle l'auteure du rapport, Chantal Girard.
Parmi les pays d'origine des nouveaux arrivants, l'Algérie arrivait au premier rang en 2006, avec 10,3 % des immigrants. Suivaient la France (7,2 %), le Maroc (6,8 %) et la Chine (5,4 %). La catégorie «immigration économique» - principalement les travailleurs qualifiés et les gens d'affaires - forme le groupe le plus important et comprend 58 % des immigrants.
Pour 2007, le Québec devrait accueillir entre 45 000 et 47 300 nouveaux citoyens. Ce nombre pourrait augmenter à 55 000 en 2010, selon les intentions exprimées par le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles à la suite de la consultation publique en vue de la planification triennale des niveaux d'immigration pour la période 2008-2010.
Somme toute, le bilan migratoire net demeure donc positif, bien que moins réjouissant qu'au cours des dernières années. À partir de données encore provisoires, on estime que les échanges migratoires ont permis au Québec de réaliser un gain net de 24 500 personnes en 2006. Il s'agit d'une baisse par rapport à 2005 (29 300) et à 2004 (33 900).
Le solde migratoire total, ou migration nette, a été positif au Québec au cours des deux dernières décennies, à l'exception de l'année 1997. La migration nette est le résultat de deux types de mouvements: les migrations internationales et les migrations interprovinciales. «Depuis 20 ans, la première a été source de gains de population, alors que la seconde a surtout entraîné des pertes», note Mme Girard. Le rapport complet est disponible sur le site Internet de l'Institut de la statistique du Québec.
Plus de bébés
Les Québécois ont aussi, semble-t-il, encore envie de faire des enfants. Pour 2007, on estime que 84 000 poupons devraient voir le jour, selon des données encore provisoires, soit un nombre supérieur de près de 8 % à celui de 2005 (76 300). Entre 2005 et 2006, la fécondité a augmenté dans tous les groupes d'âge, sauf chez les moins de 20 ans, ce qui ramène la fécondité du moment à 1,62 enfant par femme, c'est-à-dire le niveau le plus élevé des dix dernières années. Toutefois, nuance l'auteure du Bilan, «la remontée des dernières années peut difficilement être qualifiée de baby-boom. Elle n'en demeure pas moins digne de mention».
Les mamans sont aussi toujours un peu plus âgées. En fait, l'âge moyen à la maternité a atteint 29,5 ans en 2006, en regard de 29,4 ans en 2005 et de 28,5 ans en 2000, «ce qui va dans le sens de la hausse observée depuis trois décennies».
Le nombre de décès a pour sa part diminué en 2006. Selon des données provisoires, le nombre estimé de décès en 2006, 53 800, est inférieur à celui de 2005 (55 200). Ce nombre pourrait cependant grimper à 56 000 cette année. Parmi les causes de décès, le cancer fait toujours des ravages. Il est à l'origine de pas moins de 36 % des décès chez les hommes et 32 % chez les femmes. Viennent ensuite les maladies de l'appareil circulatoire qui génèrent 26 % des décès des hommes et 27 % des décès des femmes.
Un Québec toujours plus vieux
L'espérance de vie, elle, continue sans surprise de croître, repoussant les limites du trépas. En 2004-2006, la durée de vie moyenne est de 78 ans chez les hommes et de 83 ans chez les femmes, en regard de 76,3 et de 81,9 ans en 2000-2002, et de 74,6 et de 81 ans en 1995-1997.
Fait intéressant à noter, «l'augmentation de la durée de vie moyenne depuis 2000-2002 continue d'être plus forte chez les hommes [1,7 an] que chez les femmes [1,1 an], si bien que l'écart entre les sexes diminue», explique Mme Girard dans le Bilan. La vie moyenne des femmes compte maintenant 5 années de plus que celle des hommes. L'écart était de 6,4 années en 1995-1997 et de 7,5 années en 1985-1987».
La population ne rajeunit évidemment pas. L'âge moyen des femmes est désormais de 41,3 ans, tandis que celui des hommes est de 38,9 ans. L'âge moyen de l'ensemble de la population dépasse donc 40 ans. Et pour la petite histoire démographique, les personnes de 65 ans et plus ont représenté seulement 5 % de la population pendant près de la moitié du siècle dernier, avant que leur proportion se mette à augmenter rapidement. Ces Québécois constituent aujourd'hui 14 % de la population, un chiffre qui devrait grimper à 18 % en 2016, à 24 % en 2026 et pourrait atteindre 31 % en 2051.
Le Québec compte aussi aujourd'hui 1300 centenaires, très majoritairement des femmes. Ce nombre pourrait aisément dépasser les 5000 d'ici 20 ans.
Malgré la relative bonne performance de la province, le poids démographique du Québec au sein de la fédération canadienne diminue sensiblement depuis trois décennies. On retrouve ici 23,4 % de la population d'un pays qui compte quelque 33 millions d'habitants. Et «depuis 1971, le poids démographique du Québec dans le Canada a diminué de 4,5 %».


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