Le projet du CHUM piétine

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CHUM

(Photo Alain Roberge, La Presse)

L'engagement qu'a pris le gouvernement de terminer le Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) pour 2013 laisse sceptiques plusieurs des spécialistes affectés à ce dossier. Cet échéancier reste théorique, mais il n'est plus réaliste quand on considère à quel point ce projet piétine depuis un an.


D'abord, Québec a opté pour un partenariat avec le secteur privé, ce qui suppose beaucoup de préparation en amont. Il n'y aura donc pas de travaux avant le printemps 2009. L'édifice de Vidéotron sera démoli «pour faire de la poussière» et rassurer ceux qui attendent avec anxiété l'ouverture d'un chantier, ironise-t-on dans le milieu.
Relancé cette semaine, le ministre Couillard soutient que l'objectif de 2013 tient toujours. Idem pour Clermont Gignac, le responsable des deux projets, le francophone et l'anglophone. Mais chez les professionnels à Montréal, et même au gouvernement, on confie que le projet stagne depuis des mois. «Il n'y a pas de plans», a dit d'entrée de jeu M. Gignac, pour qui, toutefois, «en 2011 cela sera sorti de terre». Actuellement «les professionnels travaillent aux documents qui serviront aux appels d'offres pour les partenariats public-privé», la formule choisie par Québec pour l'exécution de la tour sur le site de l'hôpital Saint-Luc. Ces documents «seront prêts au printemps 2008», explique M. Gignac.
La semaine dernière, le CHUM a présenté les deux groupes internationaux qui avaient déposé des candidatures «recevables» pour la construction du CHUM. Le premier est composé notamment d'Innisfree, où on retrouve la Caisse de dépôt, et d'Axor, Obrascon Huarte Lain et Dalkia Canada.
Le second, Accès santé CHUM, est composé de Babcock et Brown Canada, d'Acciona, de Pomerleau inc. et de Verreault, notamment. «D'ici un mois, on va annoncer si ces firmes se qualifient», précise M. Gignac.
Un scénario optimiste
Or, avant de faire un choix parmi ces deux groupes, de nombreux mois d'analyse sont à prévoir. L'appel de propositions, à lui seul, nécessite des échanges entre les firmes, l'agence des PPP et le Ministère. Puis il faudra donner le temps aux deux groupes de faire leur proposition. Il y en aura pour 12 mois, «si tout va bien». Comme il faut au moins quatre ans pour la construction, le scénario de 2013 paraît d'emblée optimiste aux spécialistes qui ont touché au projet. Chez SNC-Lavalin, Dessau-Soprin et CIMA, les firmes mandatées pour encadrer le projet, il ne s'est fait encore aucun travail, même si les politiciens ont procédé à bien des annonces. «Je ne voulais pas qu'on commence à faire entrer des professionnels tant que le Ministère ne s'était pas fait une tête sur le genre d'hôpital qu'il veut avoir, le nombre de salles d'opération... Maintenant qu'on l'a, on peut chercher à optimiser chaque pied carré», soutient le gestionnaire Gignac.
Même dans la partie complètement nouvelle, le centre de recherche, par exemple, les retards sont déjà prévisibles. L'Office de consultation de la Ville de Montréal a demandé que l'édifice soit moins élevé que prévu, ce qui suppose un travail compliqué pour concevoir le nouvel édifice sur une plus grande surface. Le CHUM n'est pas revenu avec un autre projet. «On travaille là-dessus, cela fait partie des choses normales», explique M. Gignac. Jusqu'ici, aucun permis n'a été délivré.
«Quand on dessine un hôpital de 1,6 milliard,c'est normal qu'il y ait du travail préalable, des gens qui travaillent sur les plans, avant qu'il y ait une pelle dans un trou!» lance-t-il.
Problèmes de financement
L'hôpital universitaire anglophone paraît plus avancé, mais son plan fonctionnel et technique n'est pas encore approuvé. Les disciplines ne parviennent pas à s'entendre entre elles, comme l'avait pourtant exigé le ministre de la Santé Philippe Couillard.
S'ajoute un imprévu côté financement: on comptait tirer une cinquantaine de millions de la vente d'un terrain de l'hôpital Royal Victoria, mais les dispositions de la fondation de la famille Redpath, qui l'avait cédé il y a plusieurs décennies, prévoient qu'il ne peut être vendu à d'autres fins.
Les problèmes de financement du CHUM francophone sont bien plus sérieux. Plus de 200 millions étaient attendus d'une collecte de fonds auprès du public par la Fondation du CHUM. Le président de la campagne de financement, le moteur du démarchage, n'est pas même choisi. Le président de CGI, Serge Godin, a refusé ce poste, tout comme l'a fait avant lui le président de la Caisse de dépôt et placement, Henri-Paul Rousseau.
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