Le prochain président du PQ veut incarner un souverainisme « rassembleur »

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Le PQ s'enfonce dans l'insignifiance à la vitesse grand V


Il s’appelle Dieudonné Ella Oyono. Il est arrivé au Québec en 2001, à l’âge de 26 ans. Chef d’équipe au service du développement économique de la Ville de Montréal, il deviendra en novembre président du Parti québécois. Son objectif : rassembler les indépendantistes des différentes générations, des villes et des régions, mais aussi de toutes les origines culturelles. Entrevue.


Dieudonné Ella Oyono a les plus grands rêves pour le Québec. Il veut être de ceux qui feront de la province un pays. Une grande ambition pour ce père de trois enfants, âgé de 45 ans, qui a choisi le Québec par hasard, en 2001.


À la suite du départ de Gabrielle Lemieux, les péquistes avaient jusqu’à cette semaine pour se présenter à la présidence du parti. Seul candidat en lice, Dieudonné Ella Oyono sera donc élu à titre de nouveau président au congrès de refondation du Parti québécois, les 9 et 10 novembre. C’est lui qui préparera la course à la direction du parti, qui doit se choisir un chef avant l’été.


Dans ses campagnes promotionnelles, le PQ affirme : « Le Québec change. Nous aussi. » Immigrant de première génération, mais aussi nationaliste qu’un descendant des patriotes, Dieudonné incarne ce renouveau. Un souverainisme « rassembleur », dit-il, qui ne craint pas les étrangers.


 

« Pour [regagner le cœur] de Québec, de Montréal et du 450, il faut que notre projet soit rassembleur. Il faut que ça soit un projet intergénérationnel, interrégional et interculturel. […] Il faut que ça touche tous les Québécois, qu’ils soient arrivés hier ou il y a 400 ans », explique-t-il.




Nous sommes un parti dont la mission est de faire du Québec un pays. Il faut que ça soit plus clair que jamais. On ne peut pas être indépendantistes quand les sondages vont bien et ne plus l’être quand les sondages vont moins bien.



Dieudonné Ella Oyono



Un coup de tête


À 26 ans, alors qu’il étudiait en économie dans son Gabon natal, en Afrique centrale, Dieudonné Ella Oyono s’est laissé convaincre par deux amis d’entamer un doctorat à l’UQAM. Il a toutefois bien failli ne jamais s’y rendre.


Lors d’un vol transatlantique vers Montréal, le 11 septembre 2001, l’avion de M. Oyono fait demi-tour. Les États-Unis attaqués, l’espace aérien nord-américain se referme. Mais alors qu’il est refoulé à Paris, le jeune immigrant attend quelques jours avant d’appeler ses parents. « Ils m’auraient dit de revenir, raconte-t-il. Que c’était le destin. »


La semaine suivante, il arrive enfin à Montréal dans ce qu’il croit être l’hiver, sous le soleil tiède de septembre. « On n’est pas conscient quand on arrive à quel point il peut faire froid. C’est une fois qu’on sort de l’aéroport qu’on se rend compte qu’on est vraiment rendu sur une autre planète », se rappelle-t-il en rigolant de ses premiers pas vers l’hiver.


Son attachement au Québec a été rapide. Il rencontre à l’UQAM un professeur d’économie, Nicolas Marceau. Quand ce dernier fait le saut en politique, il le retrouve dans un ascenseur du ministère des Finances, où il travaille comme fonctionnaire. C’est en discutant avec son ancien professeur et coéquipier de hockey cosom qu’il commence en 2012 à militer au PQ.


« J’étais sympathisant de la cause des péquistes. Je viens d’un pays qui est une ancienne colonie. L’indépendance, je sais c’est quoi. Que le Québec vive sa destinée, c’est [un projet] qui me touche personnellement », affirme-t-il.


Le retour d’une coalition


À titre de président, Dieudonné Ella Oyono veut refaire du PQ une coalition. « On va ressortir du congrès de novembre avec une organisation plus agile, qui va nous permettre de faire de la politique en 2019 », promet-il.


Montréalais, le président péquiste devra aussi reconnecter son parti à la région métropolitaine, d’où il a été expulsé aux dernières élections. Alors que les indépendantistes étaient secoués cette semaine par des candidats bloquistes qui ont publié des messages racistes par le passé, M. Oyono croit plus que jamais qu’il faut créer des ponts entre les communautés.


« L’inconnu fait peur. Et les immigrants, quelles que soient leurs origines, ne viennent pas ici pour pousser une idéologie quelconque. Ils veulent réussir dans la vie. Ils ont les mêmes ambitions que nous. Plus on va faire en sorte que les gens se rencontrent, moins il y aura d’inconnu et plus la situation va s’apaiser », dit-il.


« Et puis, si on veut faire l’indépendance un jour, il faut redevenir une coalition, ajoute-t-il. Il faut aller chercher tous ceux qui croient [au Québec]. »




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