L'avènement d'un gouvernement minoritaire à Québec obligera l'équipe libérale à modifier le dernier budget du ministre Michel Audet, qui n'a pas encore été adopté. Pour ne pas être renversé, le gouvernement devra tenir compte des démarches des partis d'opposition, mais puisque personne ne veut d'élections, ceux-ci devront aussi mettre de l'eau dans leur vin.
Grâce à l'intervention d'Ottawa, le Québec se retrouve avec au moins un milliard de dollars de plus que prévu pour l'année fiscale 2007-08, qui commence lundi. À cela s'ajoutent les 422 millions de dollars de nouvelles mesures contenues dans le budget.
Parmi les mesures déjà annoncées par M. Audet, la plupart sont entrées en vigueur le soir même du budget ou seraient difficilement remplaçables sans causer de tort aux groupes visés ainsi qu'aux politiciens. En fait, seules les promesses de baisses d'impôt de 950 millions à partir de janvier prochain et d'abolition de la taxe sur le capital des institutions financières sont vraiment menacées.
Tant le PQ que l'ADQ s'opposent à une réduction récurrente de l'impôt des particuliers, mais seul le PQ s'est prononcé contre une diminution d'impôt pour les banques. Tous deux souhaitent plutôt qu'on efface les déficits de centaines de millions des hôpitaux et des universités pour présenter la véritable situation des finances publiques. Voilà donc des concessions que devra faire M. Charest au PQ, à l'ADQ ou aux deux partis pour se maintenir au pouvoir.
La promesse de l'ADQ de verser 100 $ par semaine par jeune enfant qui ne fréquente pas la garderie ne se retrouvera pas non plus dans le budget. M. Dumont sait que cette mesure qui coûterait 800 millions par année exige de revoir le cadre financier du gouvernement. Il devra donc se contenter de mesures plus légères pour les familles afin d'éviter que les libéraux négocient... avec le PQ.
En matière de dépenses, tous les partis s'entendent pour placer les deux grandes missions de l'État à l'avant-scène. Voilà qui est rassurant.
Le Parti québécois souhaiterait qu'on ajoute 1,1 milliard en éducation et 1,2 milliard en santé d'ici cinq ans. Les libéraux ont aussi promis d'investir en éducation mais, comme les adéquistes, ils comptent récupérer une petite partie de l'argent en haussant les droits de scolarité. Les manifestations d'hier nous rappellent que ces deux partis auront besoin l'un de l'autre pour faire entendre raison aux jeunes, qui n'attendaient que le retour du beau temps pour fermer les collèges et les universités au nom du sacro-saint principe du gel des droits.
Dans le domaine de la santé, les adéquistes souhaitent faire plus de place au privé afin d'améliorer le système et réduire les coûts. Voilà un principe beaucoup plus simple à énoncer qu'à réaliser quand on veut vraiment améliorer la situation. Et puis, soyons sérieux: il n'est pas encore né, le chef de l'opposition ou de gouvernement qui osera implanter un système dans lequel les riches seront soignés plus vite que les autres dans le seul but de réduire la croissance des dépenses.
Quoi qu'il en soit, il faudra plus d'argent, beaucoup plus d'argent pour les soins à domicile, l'embauche de personnel et l'achat d'équipements spécialisés, sans oublier la hausse récurrente de 1,3 milliard (6 %) des coûts de système. À l'évidence, ce ne sont pas les 300 millions de plus du fédéral en santé qui suffiront, même complétés par la péréquation!
Il est encore trop tôt pour prévoir la dynamique qui s'installera entre le gouvernement et les partis d'opposition. Ce qu'on sait cependant, c'est que même si certains ont célébré la fin du déséquilibre fiscal, il est loin, le jour où on pourra chanter la fin des difficultés financières du Québec.
j-rsansfacon@ledevoir.com
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