Le PQ se range dans le camp des défenseurs du libre-échange avec l’UE

Croisons-nous les doigts. En la matière, l'erreur ne pardonne pas.

Après s’être longtemps montré critique d’un accord de libre-échange avec l’Union européenne, le Parti québécois s’est résolument rangé dans le camp des défenseurs de l’ambitieux projet, vendredi.
Le ministre des Relations internationales et du Commerce extérieur, Jean-François Lisée, et le ministre des Finances et de l’Économie, Nicolas Marceau, avaient convié une quarantaine de représentants d’organisations patronales, syndicales et de la société civile à une rencontre «semi-publique» avec le négociateur en chef du Québec dans ce dossier, Pierre Marc Johnson.
«Un accord de libre-échange, évidemment ça contient des points positifs et des points moins positifs, mais nous avons la conviction qu’il y a moyen d’arriver à un accord qui va être à l’avantage du Québec», a déclaré M. Marceau à l’issue de la réunion, en soulignant que les exportations québécoises n’avaient pas encore retrouvé leur niveau d’avant la récession de 2008.
M. Lisée a ajouté que le «niveau d’inquiétude» des péquistes face au projet d’accord «a baissé compte tenu des gains qui ont été faits au cours des étapes précédentes de la négociation».
Plus tôt cette semaine, le ministre Lisée affirmait que M. Johnson devait «éclairer les zones qui nous ont échappé» et faire preuve de davantage de «transparence». D’où l’exercice tenu vendredi.
Pourtant, les précisions données par l’ancien premier ministre péquiste sur les négociations entre le Canada et la Commission européenne étaient généralement connues des spécialistes et des journalistes qui ont suivi le dossier au cours des dernières années.
Pierre Marc Johnson a tenu à dire clairement que plusieurs secteurs, dont ceux de la santé, de l’éducation, de la sécurité sociale, des transports publics, de la garde d’enfants et des affaires autochtones, allaient être exclus d’un éventuel accord.
De plus, a-t-il martelé, les entreprises européennes ne pourront pas venir exploiter les sources d’eau potable du Québec. De la même façon, aucune municipalité ne sera forcée de privatiser son réseau de distribution d’eau potable.
Chaque année, le gouvernement du Québec et ses sociétés d’État octroient pour environ 28 milliards de contrats. Ceux qui deviendraient accessibles aux entreprises européennes se chiffrent à environ 11 milliards, a estimé M. Johnson. Aucun contrat de moins de 300 000 $ ne serait ouvert aux Européens.
En retour, les entreprises canadiennes auraient accès aux marchés publics européens, qui totalisent pas moins de 1500 milliards par année, a noté Pierre Marc Johnson.

Collusion
Le négociateur a répété qu’un accroissement de la concurrence dans l’octroi des marchés publics pourrait réduire les risques de collusion, une question actuellement sous la loupe à la Commission Charbonneau.
L’argument n’a pas échappé au ministre Lisée.
«Si nous voulons éradiquer les cancers que sont la collusion et la corruption, est-ce qu’une concurrence accrue fait partie de la réponse? a-t-il demandé. Bien sûr!»
Présent à la rencontre, Amir Khadir, cochef de Québec solidaire, a toutefois rejeté ce raisonnement. Selon lui, les entreprises européennes qui viendraient soumissionner au Québec sont tout aussi susceptibles de recourir à la collusion que les compagnies québécoises. Québec solidaire continue donc d’avoir des réserves quant au bien-fondé d’un libre-échange avec l’Europe.
Les ministres Lisée et Marceau ont assuré qu’ils allaient tenir compte des «propositions de bonification» formulées par les participants à la rencontre de vendredi.
Mais quand on a demandé à Jean-François Lisée en quoi ces commentaires allaient influencer le mandat confié à Pierre Marc Johnson pour la suite des choses, le ministre a eu un long silence.
«Je ne manquerai aucune occasion de dire du mal du Parti libéral, mais cette fois-ci, je dois dire que le rapport de négociation qui nous a été donné respectait ce que nous considérons comme étant l’intérêt québécois», a admis M. Lisée, avant d’ajouter qu’il était heureux que le PQ soit maintenant au pouvoir pour la phase finale des pourparlers.
Le ministre a réitéré l’objectif des négociateurs canadiens et européens, soit d’en arriver à une entente avant Noël. Il reste toutefois à voir si cette nouvelle date butoir pourra être respectée, l’échéancier ayant été repoussé à quelques reprises dans le passé.


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