Le PQ se dirige tout droit vers un mur

Tribune libre

Par André Parizeau (*)
Une telle situation devrait interpeller l'ensemble des forces de gauche, toutes tendances confondues
Plusieurs événements de l'actualité récente indiquent que le PQ, malgré tous ce que ses représentants peuvent dire, se dirigent tout droit vers un mur. Cela est confirmé par les résultats du plus récent sondage portant sur les intentions de vote des Québécois et des Québécois, et qui viennent d'être rendus public par la firme Léger & Léger, laquelle -- faut-il le rappeler -- a pourtant toujours tendance à plus favoriser le PQ.
Parmi tous ces événements, on peut notamment citer différentes sorties faites par ceux-là mêmes qui n'ont justement pas l'habitude de critiquer le PQ, mais qu'ils l'ont néanmoins fait dans un contexte où celui-ci est de plus en plus pris à partie, notamment dans le dossier des frais de scolarité; cela inclut l'entrevue d'hier faite par le journal Le Devoir avec l'ex-premier ministre Jacques Parizeau, lequel sera aussi orateur invité spécial au prochain congrès d'Option Nationale dans environ deux semaines. Et puis, il y a aussi les tuiles et les gaffes qui ne cessent de s'ajouter pour le PQ.
Même les annonces faites par le Président des États-Unis, Barack Obama, dans le cadre de son discours de l'Union hier, pourraient, par ricochet -- surtout si elles devaient devenir réalité --, venir encore plus compliquer la donne pour le PQ. Voici pourquoi.
Regardons d'abord les sondages
Revenons d'abord sur ce qui est devenu une évidence pour à peu près tout le monde aujourd'hui, soit le fait que le PQ tenterait à nouveau de séduire l'électorat plus de droite, et aussi plus associé jusqu'ici avec la CAQ, ce qui explique aussi pourquoi ces gens seraient moins enclins à appuyer le projet visant à donner au Québec sa pleine souveraineté, et qui expliquerait finalement aussi, et dans une large mesure, toutes les volte-face de ce parti face à ses différents engagements électoraux (et qui avaient en plus déjà fait l'objet de votes lors du dernier congrès de ce parti).
De toute évidence, cette stratégie ne marche pas. Ce n'est pas non plus une stratégie vraiment nouvelle. Du temps de l'ADQ, et avant que ce parti ne soit finalement avalé par la CAQ, le PQ avait la même stratégie et cela ne l'avait amené nulle, sinon que cela avait ultimement poussé bon nombre de ses militants et militantes décus et décues à aller former le parti Option Nationale, ou à aller vers Québec solidaire.
Encore aujourd'hui, c'est la même chose et le dernier sondage Léger & Léger le démontre très clairement. Revoyons en effet les chiffres. Selon ce sondage, les appuis de la CAQ seraient en nette dégringolade par rapport aux résultats, lors des élections de septembre 2012, lesquels étaient déjà pas mal plus bas que ce que la CAQ pouvait avoir en 2011, un an avant.
En septembre dernier, la CAQ récoltait 27% des votes, mais ne pourrait plus compter que sur environ 20% d'appuis aujourd'hui. Soit une perte nette de 7%.
Une partie de ces appuis perdus pour la CAQ pourraient avoir été du côté des Libéraux, ce qui expliqueraient pourquoi ce parti continuerait encore à profiter d'une marge de près de 30%, malgré tous le déboires l'impliquant et qui sont reliés aux révélations découlant de la Commission Charbonneau. Ces transferts contribueraient ainsi à compenser pour ceux et celles qui, parmi le noyau dur des libéraux, seraient actuelllement quelque peu ébranlés et se diraient maintenant plus indécis ou diraient maintenant ne plus avoir d'opinions. C'est en effet connu qu'il n'y a pas gros de libéraux qui voudraient ultimement faire le saut vers un parti souverainiste, quelqu'il soit.
Il est assez évident qu'une bonne part de ceux qui auraient délaissés le navire de la CAQ pencheraient maintenant plus vers le PQ. Sauf que le PQ ne monte pas plus dans les intentions de votes et se situerait toujours autour de 33%, et c'est seulement 1% de plus que ce que le PQ avait en septembre dernier.
Une seule conclusion s'impose dans les circonstances : pendant que le PQ recommencerait à courtiser les milieux plus de droite et aussi plus autonomistes (par rapport à la vision indépendantiste ), un groupe tout aussi important de militants et de militantes, plus à gauche, et aussi beaucoup plus clairement indépendantistes, s'en iraient pour leur part vers d'autres horizons, soient Québec solidaire et Option Nationale.
De fait, pendant que la CAQ baisse, et que les libéraux et le PQ stagnent, Option Nationale et Québec solidaire montent en effet légèrement. La hausse n'est pas encore majeure. Du côté de Québec solidaire (QS), on parle de plus ou moins 2% (de 6% en septembre dernier, QS passerait maintenant à 8%), tandis qu'Option Nationale augmenterait également de près de 2%, soit d'un peu moins de 2% qu'elle avait en septembre dernier, à près de 4%. Les Verts, de leur côté, auraient plutôt tendance à stagner, en queue de peloton, avec environ 3%.
Ces hausses, de la part de Québec solidaire et d'Option Nationale, n'ont rien à voir avec une soit disante nouvelle vague, du type de la vague Orange de 2011 au fédéral (avis à tous ceux et celles qui croiraient encore aux miracles), mais démontrent en même temps une nette tendance. Si j'étais au PQ, c'est sûr que je commencerais à me préoccuper de la chose. D'autant que cela ne semble pas partie pour changer, que ce soit pour ce qui est des voltes-face et des prises de positions plutôt "bizarres", du côté du PQ, ni non plus de la grogne, au sein de ce même parti. On n'a qu'à aller du côté des médias sociaux pour s'en convaincre...
Le fait que le PQ réussisse en même temps à se maintenir en surprendra problablement certains; cela nous rappelle du même souffle l'influence que ce parti continue toujours à avoir. Force est cependant de reconnaître qu'il y a quand même un problème du côté du PQ.
Au total, Québec solidaire et Option Nationale montent de près de 4% et atteindraient maintenant un chiffre combiné de 12%. En passant, si on ajoute les 33% du PQ à ce chiffre, on arrive finalement à un grand total de 45%, ce qui veut aussi dire qu'on ne serait plus très loin de la majorité absolue, du côté de la mouvance souverainiste ... En l'absence d'une alliance entre ces 3 formations, tout ce possible échaffaudage s'écroulerait cependant ...
La toute dernière sortie du président du PQ, Raymond Archambault, à propos du fait que tout irait comme dans le meilleur des mondes pour le PQ, qu'il ne voyait pas pourquoi le PQ devrait conséquemment se sentir concerné par les différents appels à une plus grande coopération entre forces souverainistes, et qui revenait carrément à se mettre la tête dans le sable, apparaît d'autant plus, dans un tel contexte, comme quelque chose de complètement surréaliste.
Pendant ce temps, dans la circonscription de Maskinongé, la majeure partie de l'exécutif local du PQ vient de démissionner, arguant leurs désaccords avec les nouvelles orientations du parti.
La nouvelle a fait un peu de bruit dans les journaux. mais pas plus. Sauf que selon certaines autres informations, d'autres démissions auraient aussi eu lieu ailleurs, dans d'autres cirocnscriptions, ou pourraient encore se produire sous peu. Hier encore, un de mes amis me faisait part d'informations ce propos, touchant spécifiquement une circonscription du nord de Montréal. Il reste à voir si c'est là le début d'un autre mouvement de désaffection vis-à-vis de ce parti où si cela s'arrêtera là, au moins pour le moment. D'une manière ou d'une autre, cela est un autre signe comme quoi les choses ne vont pas si bien que cela au PQ­.
L'impact de tout cela pour les autres partis souverainistes et de gauche ...
Ceux qui ne sont pas avec le PQ, mais qui se disent souverainistes ou indépendantistes, et qui sont aussi plus à gauche, pourraient avoir comme tendance de se dire, face à tout cela : tant mieux !
Ultimement, cela devrait effectivement avoir comme résultat, au moins à court terme, d'aider les autres partis souverainistes, soient Québec solidaire et Option Nationale, à faciliter leur recrutement, notamment auprès de tous les militants et militantes qui croyaient encore jusqu'à récemment au PQ et qui seraient de plus en plus décus par celui-ci. On peut du reste déjà voir cela se produire.
Certaines personnes, aussi bien dans Québec solidaire, que dans Option Nationale, pourraient en même temps conclure d'une telle situation que tous les projets d'alliances ne sont plus, conséquemment, nécessaires, ou même souhaitables. Ce serait cependant faire une grave erreur.
Il faut en effet se rappeler que ces deux partis -- soient Québec solidaire et Option Nationale -- continuent encore à naviguer dans des zones d'appuis qui sont encore assez bas, lorsque pris séparemment, soit en bas de 10% (même si Québec solidaire peut déjà compter sur un appui dans les deux chiffres au niveau de la région de Montréal) et qu'il y a donc encore loin de la coupe aux lèvres avant de pouvoir même penser que l'un de ces deux partis puisse prendre tout seul le pouvoir.
Au rythme où les appuis pour ces deux partis se développent, cela pourrait prendre encore des années. On aura beau prétendre que les choses peuvent aussi bouger plus vite et que la politique est rarement un terrain où celles-ci se développent en ligne droite, un fait demeure : il reste encore beaucoup de travail à faire avant de pouvoir même penser qu'une telle chose pourrait se produire. Et encore, et sous toute réserve, cela aurait alors toutes les chances d'être un gouvernement minoritaire, et donc encore sujets aux compromis avec les autres partis. Serions-nous alors plus avancé ? Pas vraiment.
Il faut en même temps rappeler à tous ceux et celles qui seraient tentés de dire "au diable les autres", que ni Québec solidaire, ni Option Nationale, ne pourront à terme, qu'ils restent séparés, ou même qu'ils fusionnent, espérer faire le plein de l'ensemble des votes souverainistes qui ne sont toujours pas avec eux, pour la simple et bonne raison que leurs programmes politiques respectifs demeurent toujours trop radicaux pour bon nombre de souverainistes et que cela continuera encore à être le cas pour un bon bout de temps. À moins d'imaginer que ces deux partis finiraient par eux-mêmes diluer leurs propres programmes, pour s'en aller plus vers le centre politique, et en même temps diluer aussi leurs propres engagements en matière d'accession à l'indépendance, ce qui serait là aussi une grave erreur à mon point de vue, notamment en ce qui concerne Option Nationale, on voit mal comment ils pourraient penser faire ultimement le plein de tous ces électeurs.
Cela fait d'ailleurs partie des raisons qui font qu'un parti aux idées plus modérées, et aussi plus centristes, y compris au sein du mouvement souverainiste, continuera à être nécessaire, à moins de vouloir encourager ces mêmes gens, plus à droite, à faire le saut du côté des partis plus fédéralistes, ce qui serait tout autant stupide. D'où le fait qu'il serait tout autant erroné de souhaiter la mort ultime du PQ.
Loin de moi ici l'idée d'oublier nos propres objectifs à gauche. Il s'agit uniquement de garder en même temps une perspective plus globale et de ne jamais oublier non plus le fait que pour réaliser ces mêmes objectifs de gauche, il nous faudra nécessairement prendre le temps et trouver les moyens de se gagner l'appui de ceux et de celles qui, sans être aussi radicaux que nous, et sans vouloir non plus se dire de gauche, aspirent néanmoins à des changements importants pour tout le Québec.
Savoir profiter de chaque opportunité
Je pense, pour ma part, qu'un éventuel rapprochement entre Option Nationale et Québec solidaire, comme première étape pour aider à changer l'état des lieux, s'impose plus que jamais. C'est d'autant plus vrai que leurs programmes respectifs se rapprochent en maints points, si on fait évidemment abstraction de la question de la stratégie pour l'accession à l'indépendance.
Cela pourrait aussi aider à changer les rapports de force au sein même de Québec solidaire, notamment entre l'aile plus ouvertement indépendantiste, et celle plus modérée à cet égard, ce qui pourrait du même coup aussi aider à ce que la position officielle de cette formation soit bonifiée au niveau de la stratégie vers l'indépendance du Québec. Ce serait un autre plus.
Cela donnerait aussi aux forces combinées de ces deux partis suffisamment de bases militantes et d'appuis pour justement espérer en arriver à un point où on pourra véritablement mettre un terme à l'actuel blocage politique qui existe toujours sur la scène politique québécoise.
Cela nous aiderait également, notamment au sein des syndicats, à acquérir beaucoup plus de crédibilité, puisque bon nombre de syndicalistes, non sans surprise, ont encore beaucoup tendance à évaluer une option politique, face à d'autres, non seulement en fonction des idées proposées, mais aussi en fonction de leurs capacité respective réelle à prendre le pouvoir. Or, et comme bon nombre de gens le savent déjà, la possibilité ou non d'avoir un large appui, de la part des syndicats, peut faire une énorme différence, au niveau de l'action politique au Québec.
Mieux encore, cela aiderait à changer l'actuel rapport de forces entre le PQ et ces deux partis et pourrait conséquemment aussi aider à forcer le PQ à changer son attitude vis à vis de ceux-ci. Ce serait déjà un progrès. Je suis de ceux et de celles qui croient encore qu'on peut encore obliger le PQ à revenir à des positions plus à gauche, et moins à droite. Un peu comme le parti de la Gauche Républicaine, en Catalogne, a finalement forcé le parti Convergence et Unité à faire pareil.
Je crois également qu'une telle chose serait alors à l'avantage de toutes les forces progressistes et souverainistes, parce que cela pourrait du même coup ouvrir beaucoup plus rapidemment la porte à ce qu'une majorité de députés souverainistes -- avec un programme également plus à gauche ainsi qu'une entente politique claire à ce sujet, laquelle lierait chacun de ces partis -- puisse exister à l'Assemblée nationale. Au lieu d'attendre encore 15, 20 ans, ou plus encore. Tout le monde y gagnerait et on pourrait alors vraiment devenir maître chez nous, au lieu de continuer à se plaindre sur le fait qu'on est toujours dépendant des décisions à Ottawa, que les conditions gagnantes pour un autre référendum ne sont toujours pas là, et qu'on ne peut finalement pas faire grand chose de plus ... pendant que les fédéralistes, eux, pourraient continuer à dire qu'une majorité de Québécois et de Québécoises ne veulent pas de la souveraineté.
Je ne dis pas que l'atteinte d'un tel objectif (une majorité de députés souverainistes à l'Assemblée nationale, tous et toutes unies par un pacte ou une entente) sera facile à faire, ni qu'il n'y aura pas d'embûches. Je crois en même temps que plus Québec solidaire et Option Nationale se rapprocheront l'un de l'autre, plus ils grandiront en force et en influence, et plus ils continueront à critiquer le cul de sac des stratégies péquistes, et plus cela pourra favoriser l'atteinte d'une telle alliance, et plus nous nous rapprocherons en même temps d'un réel délocage sur la scène politique.
À bien y penser, je crois que la présence de Jacques Parizeau, au congrès d'Option Nationale du début mars, s'inscrit dans une logique assez similaire, conistant à vouloir jouer sur les contradictions, de manière à faire bouger les choses en bout de piste. Je crois également que la multiplication des critiques faites au PQ, y compris de la part de gens très proches, ou membres du PQ, comme c'est le cas avec les gens de l'aut'journal , s'inscrit aussi dans cette même perspective.
Garder une attitude ouverte
Je crois finalement que tout en agissant ainsi, on doit tous et toutes garder une attitude ouverte face à tous les projets d'alliance, et ne pas fermer d'avance aucune porte. Je l'ai déjà dit et répété et je vais continuer à le dire et à le répéter encore : ce n'est pas parce que les conditions ne sont pas toutes réunies aujourd'hui pour réaliser une alliance qu'il faudrait arrêter d'en parler pour autant. Bien au contraire.
Cela est d'autant plus vrai que l'état de blocage pollitique actuel fait aussi en sorte qu'aucun parti politique, pas même la CAQ aujourd'hui, n'a vraiment avantage à ce que le gouvernement du PQ tombe.
Concrètement, cela veut aussi dire que les députés libéraux et caquistes continueront donc à tomber ... malade lors de votes cruciaux à l'Assemblée nationale. Même André Pratte, du journal La Presse, déjà connu pour ses positions proche du Parti libéral, le confirmait cette semaine : le gouvernement de Pauline Marois pourrait rester au pouvoir pas mal plus longtemps que plusieurs pouvaient intialement le penser.
Concrètement aussi, cela risque de donner du même coup un peu plus de temps aux différentes forces souverainistes pour poursuivre les débats -- ainsi que les pressions -- en vue d'une possible alliance. J'ajouterais à cela le fait que l'ensemble des forces de gauche, au sein du mouvement souverainiste, devraient aussi s'entendre pour essayer de ramener un peu plus dans la même direction. Après plus de 20 ans durant lesquelles la droite souverainiste a pu imposer ses stratégies et ses choix, avec les résultats qu'on connaît, il serait peut-être temps que la gauche souverainiste se resaisisse et tente en même temps -- toujours dans un esprit d'unité la plus grande possible -- d'imposer un peu plus sa propre vision des choses, avec aussi ses priorités.
Je comprends très bien que bon nombre de militants et de militantes, au sein d'Option Nationale, soient inquiets qu'une éventuelle fusion entre Québec solidaire et leur parti pourrait éventuellement avoir un impact négatif sur le plan de cette fameuse question de la stratégie d'acession à l'indépendance du Québec. C'est compréhensible.
Pour ma part, et pour aider à régler cet obstacle, il me semble qu'on pourrait très bien concevoir que d'éventuelles négociations en vue d'une fusion entre ces deux partis puissent inclure un engagement clair, de la part de la nouvelle structure fusionnée, pour justement revoir toute cette question de la stratégie à suivre en matière d'acession du Québec à son indépendance. Ce serait d'autant plus plausible qu'il y a déjà pas mal de monde, au sein de Québec solidaire -- nous, au PCQ, nous en sommes --, qui ne seraient pas non plus mécontents de pouvoir revoir cette question parce que l'actuelle position de Québec solidaire à ce sujet ne les satisfait pas non plus. Compte tenu du fait que le membership actuel d'Option Nationale est actuellement en forte progression et est déjà en train de rattraper celui de Québec solidaire, et à cause de ce que je viens de dire, on pourrait supposer que le résultat final d'un tel débat pourrait finalement être assez bon.
Revenons aussi aux débats gauche-droite
On notera au passage que c'est généralement les gens plus à droite, au sein de la mouvance souverainiste, qui s'opposent le plus à toute idée d'alliance, non pas tant à cause de l'impact que tout cela pourrait avoir sur les débats en matière d'acession du Québec à son indépendance, mais surtout à cause de l'effet que tout cela pourrait avoir sur le renforcement des idées de gauche au sein de tout le mouvement souverainiste.
Si rien n'est, par contre, fait en matière de rapprochement et d'alliances, et qu'on devait conséquemment aussi continuer à faire du surplace à ce propos, alors ce surcroît de temps, laissé par les libéraux et les caquistes, d'ici à ce qu'on se retrouve effectivement en élections, pourrait se transformer en une sorte de cadeau empoisonné, dans la mesure où l'avenir continuerait à être bouché d'un point de vue politique, avec peu de chances qu'on puisse rapidemment renverser la vapeur.
Je ne suis pas sûr, si cela devait effectivement se produire, que cela favoriserait nécessairement et pour autant les tenants de la droite au sein du mouvement souverainiste, car ceux-ci sont eux-mêmes en crise d'un point de vue plus identitaire. Par contre, d'un point de vue plus à gauche, ce serait vraiment une belle occasion de ratée.
Cela contribuerait également, et du même souffle, à donner raison, jusqu'à un certain point, à tous ceux et celles qui disent que " plus cela change et plus cela est pareil "...
Pour la prochaine période, la meilleure contribution que la gauche pourrait faire à la société québécoise pour la suite des choses, consisterait à faire justement la preuve qu'ils et elles peuvent faire la différence. Cela pourrait non seulement ouvrir de nouvelles portes en vue de l'accession future du Québec à son indépendance, mais aussi donner à l'ensemble de la société de meilleures perspectives en matière d'avancées sociales, parce que l'état actuel des choses à ce niveau est assez bouché merci.
Est-ce que l'ensemble des forces de gauche, toutes tendances politiques confondues, qu'ils soient au PQ, chez Québec solidaire, ou à Option Nationale, seraient capables d'accomplir un tel exploit ? Je crois que oui. Évidemment, il faudrait d'abord croire en soi, ainsi qu'à notre propre capacité de changer les choses, mais je crois sincèrement que cela est non seulement possible, mais aussi réaliste. Au même titre que la gratuité scolaire serait aussi du domaine réaliste des choses pour le Québec d'aujourd'hui, pour citer Jacques Parizeau ...
Il y a en même temps des projets plus porteurs que d'autres
Dans le cadre des débats actuels, toutes sortes d'idées sont avancées; il y en a qui sont plus porteurs que d'autres; il y en a aussi qui ont en même temps peu de chances de nous faire vraiment avancer.
Je donnerai deux exemples.
L'idée de créer une sorte d'Assemblée constituante, sans d'abord obtenir à cette fin l'assentiment de l'Assemblée nationale, vise à contourner le problème actuel découlant d'abord de l'absence de volonté réelle de la part de la direction du PQ pour faire une alliance, et d'autre part du fait qu'il ne saurait y avoir, au moins à court terme, d'une majorité de députés clairement souverainistes au sein de l'Assemblée nationale, sans justement une telle alliance. Mais un tel projet, même si quelqu'un, quelque part, devait réussir à le réaliser, n'aurait alors aucun véritable crédibilité.
Ce serait un simple coup d'épée dans l'eau sans véritable portée et cela ne nous avancerait donc pas. De ce point de vue, le site de l'aut'journal, qui se prononcait récemment contre une telle idée, avait parfaitement raison.
Il y a d'autres personnes pour suggérer, toujours dans la perspective de contourner les problèmes actuels de division au sein du mouvement souverainiste, qu'on mette en place des primaires pour sélectionner les candidats et candidates qui seraient le mieux à même de représenter l'ensaemble du mouvement souverainiste.
Le problème avec cette autre idée réside dans le fait qu'elle favoriserait en premier lieu le PQ (qui peut toujours compter sur le plus grand nombre de membres), mais qui est en même temps celui qui est le plus contre toute forme d'alliance, et qui désavantagerait du même coup les autres partis plus petits. Cela n'aurait aucun chance d'être acceptée par ceux-ci.
Pierre Dubuc et Marc Laviolette, du SPQ Libre, soulignaient également, et tout récemment, dans les pages de l'aut'journal, le fait que de partager les circonscriptions entre le PQ, Québec solidaire, et Option Nationale, dans le cadre d'une entente politique plus large, sur la base de qui aurait le plus de chances de battre dans chaque circonscription les autres partis, pourrait avoir comme effet d'autre part de nuire de manière majeure aux deux plus petits partis, sur un plan plus strictement financier, à cause des dispositions actuelle de la loi électorale. Selon eux, pour un parti politique comme Québec solidaire, cela pourrait même engendrer des manques pouvant aller jusqu'à plusieurs millions de dollars, réparties sur toutes les années qui suivraient une élection, jusqu'à la suivante.
L'argument a du poids, mais seulement dans la mesure où une telle entente politique excluerait toute la question de la proportionnelle. Dans l'éventualité où un accord pour une alliance interviendrait et incluerait entre autres choses, un engagement clair à instaurer la proportionnelle une fois une majorité obtenue à l'Assemblée nationale, alors le problème soulevé par les porte parole du SPQ Libre ne se poserait plus que pour les années qui suivraient immédiatement la tenue de l'élection, et jusqu'à la tenue de la suivante.
Pour régler ce problème, plus à court terme, et pour éviter en même temps toute forme d'injustice pour un parti ou l'autre, une entente en vue de la conclusion d'une alliance entre le PQ, Québec solidaire, et Option Nationale, pourrait en même temps inclure une clause garantissant que le partage des circonscriptions, en attendant l'implantation de la proportionnelle, se ferait lui-même en fonction d'un système proportionnel que les différents partis accepteraient de s'imposer eux-mêmes, et non-obstant ce que dit pour le moment la loi électorale.
Comme on dit, il n'y a pas de problèmes qu'on ne puisse pas régler, à condition d'avoir évidemment la volonté pour se faire. Je reviendrai sur toute cette question de comment régler cet aspect plus financier d'une éventuelle alliance dans un autre document, à venir très bientôt.
D'autres événements à noter et qui pourraient aussi avoir un impact
Plus le temps passe, et plus le PQ semble en même temps multiplier les bourdes et les déclarations carrément stupides.
Tout récemment encore, on apprenait que le PQ avait finalement décidé de maintenir la décision prise avant eux par les libéraux d'imposer en sixième année du primaire, à l'école, l'usage intensif de l'anglais. Le PQ a beau dire qu'il laisse en même temps les comités d'école le loisir d'implanter ou non une telle mesure, cela ne fait juste pas de sens. Cela risque au mieux de créer un beau "bordel"­.
La sortie du mouvement " Impératif Français " à ce sujet est très intéressante et souligne une fois de plus la grogne montante chez bon nombre de ceux et de celles qui avaient plutôt tendance à appuyer le PQ jusqu'ici.
La sortie de la ministre Diane de Courcy, responsable du dossier de la loi 101, pour dire que, même si le gouvernement du PQ avait pu compter sur un majorité, il n'aurait pas plus légiféré pour étendre l'application de cette même loi pour inclure les CEGEP, n'a rien non plus pour calmer les esprits, d'autant qu'il s'agissait là d'une décision prise par le PQ, en congrès. Et vlan pour la démocratie !
La même chose pourrait être dite du PQ par rapport au dossier des richesses naturelles. Du temps que le PQ était dans l'opposition, celui-ci dénoncait le fait que les libéraux aient laissé passer l'entente survenue entre Hydro-Québec et la firme Pétrolia pour l'exploitation de gisements pétroliers dans le golfe St-Laurent, notamment au niveau de l'Île d'Anticosti; il avait notamment dénoncé le caractère secret de cette entente, laquelle n'est en passant toujours pas rendue publique, non obstant ce que le PQ avait pu promettre de faire avant.
Sur une note plus positive, il faut saluer la décision des grandes centrales syndicales de se positionner clairement et publiquement en appui aux revendications en faveur du maintien d'un gel complet des frais de scolarité dans une perspective d'aller vers la gratuité totale.
On ne se surprendra pas vraiment, en même temps, que l'ex-premier ministre, Bernard Landry, aifinalement décidé de se ranger derrière la position officielle et franchement hypocrite du gouvernement péquiste, comme quoi une indexation des frais de scolarité reviendrait dans les faits à un gel. C'est à l'image du personnage. De toute évidence, celui-ci n'était pas prêt à aller aussi loin que Jacques Parizeau.
La cerise sur le sundae risque, en parrallèle, de venir de nos voisins du Sud. Hier, le président des États-Unis donnait son premier discours sur l'Union, depuis sa récente réélection. Dans ce discours, il a notamment promis de tout faire pour faire passer sa réforme en faveur d'une plus grande taxation pour les plus riches. Il a aussi promis d'hausser le salaire minimum de manière significative. Il devra en même temps composer avec un Parti Républicain résolument contre de telles mesures.
La question qu'on pourrait maintenant poser au PQ, et notamment à sa direction, est la suivante : continuerez-vous encore longtemps à faire la sourde oreille face à tous ceux et celles qui vous demandent de faire pareil ? Continuerez-vous encore longtemps à renier du même coup à vos propres engagements ? N'avez-vous pas honte de vous retrouver ainsi encore plus à droite que ce que peuvent maintenant proposer nos voisins du Sud, à la Maison Blanche ?
N'avez-vous pas honte aussi de continuer, en parallèle, à dire non à la seule voie qui pourrait nous permettre de sortir du marasme actuel et de nous rapprocher de perspectives meilleures pour l'ensemble du peuple québécois ? Y compris le fait de pouvoir devenir souverain et véritablement maîtres de notre destinée ? Seriez-vous pareils aux libéraux ou aux Conservateurs.
La question se pose. Car ne nous faisons pas d'illusions ici. C'est exactement de tout cela qu'il s'agit. Si on croit vraiment à tous ces objectifs des plus louables, mentionnés plus haut, alors il faut être prêts à prendre les moyens pour que ceux-ci puissent effectivement devenir réalité. À moins que tout cela ne soit que frime.
La présence situation devrait tous et toutes nous interpeller quant à ce qu'il nous faudrait faire.
***
(*): André Parizeau est le chef du Parti communiste du Québec (PCQ); ce texte est également disponible sur www.pcq.qc.ca.

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Chef du Parti communiste du Québec (PCQ), membre fondateur de Québec solidaire, membre du Bloc québécois, et membre de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal (SSJBM)





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1 commentaire

  • Laurent Desbois Répondre

    15 février 2013

    Solidaire pour le pays? Après les egos, les intérêts et les gros sous?Pour Québec solidaire, une entente électorale a un prix: des centaines de milliers de dollars !
    29 janvier 2013
    Pierre Dubuc
    http://lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=4343
    Ce faisant, QS se priverait de revenus de centaines de milliers de dollars.
    Comment croire dans ce contexte que QS accepterait de se désister, c’est-à-dire de perdre des votes et des dollars, au profit du Parti Québécois?
    Dans les coulisses de QS, on dit que d’éventuels désistements auront un coût!
    Il faudrait que le PQ mette de l’argent sur la table!