Un témoignage sur le vif

Sears, la charte de la laicité, et le rôle de l'État

Tribune libre


Sears Canada est un des plus gros employeurs au Québec et au Canada. C'est aussi un de ceux qui paient le moins. Depuis hier, la compagnie est également sur la sellette, avec l'annonce de centaines de mises à pieds additionnelles, principalement à Montréal.
Toutes les opérations de services à la clientèle seront désormais, et au grand complet, transférées en Bulgarie. Selon ce qu'on a appris hier, le transfert est déjà en cours et touchera l'ensemble des différentes facettes reliées à ce secteur.
À cela, s'ajoute le fait que toutes les opérations de comptabilité avaient déjà été transférées en Inde, qu'une partie des opérations touchant aux ventes par catalogue étaient déjà gérées à partir des Philippines, en surplus de la Bulgarie, et que la quasi totalité des techniciens, œuvrant jusqu'ici pour cette compagnie pour réparer les appareils chez les clients, seront d'ici avril prochain remplacés par des contracteurs.
C'est aussi sans compter les annonces de fermetures de magasins qui ne cessent de se multiplier.
Hier, cela s'est passé en quelques minutes. C'était vers 14 heures. Je vous dit cela car j'y étais. Je faisais partie des près de 800 personnes a qui on a annoncé hier qu'ils n'auront plus, à leur tour, d'emplois bientôt. Je dis que je faisais partie de ce groupe, parce que dans mon cas, je n'ai déjà plus d'emploi chez Sears. Là où je travaillais depuis maintenant 8 ans.
Je peux même dire que j'ai eu le " suprême privilège " d'être celui à qui on a remis le premier, parmi ces 800 personnes, son avis de cessation d'emplois. Les autres suivront à intervalles réguliers, jusqu'en août prochain, où plus personne, ou à peu près, ne travaillera plus dans ce gigantesque bâtiment du boulevard Thimens, à Ville St-Laurent, dans l'Ouest de Montréal.
Je résume. On était tous et toutes à nos postes, la plupart au téléphone avec des clients, des magasins, ou des techniciens. Tous et toutes ont s'est alors fait dire de raccrocher sur le champ, tout en avertissant notre interlocuteur qu'il serait plus tard rappelé. Et puis, il fallait quitter au plus vite l'énorme salle où tout le monde était, chacun et chacune enligné dans nos cubicules respectifs, tous enlignés les uns les autres le long de longues rangées. Cela créa évidemment des embouteillages monstres dans les escaliers et tout le monde se demandait la même chose: mais que se passe-t-il ? De mémoire d'hommes et de femmes, jamais une telle chose ne s'était encore passé. Jamais.
En tout, ce grand meeting dura un gros maximum de 15 minutes. Le temps de nous dire que cela n'avait rien à voir avec la qualité de notre travail, et qu'il s'agissait avant tout d'une décision d'ordre " stratégique ", fait dans le " meilleur intérêt " de la compagnie. Oubliez évidemment, dans tout cela, ce que nous, travailleurs et travailleuses, pouvaient en penser. Oubliez également les clients, car, et de l'avis du vice-président qui était monté sur la scène et qui tremblait tout en parlant, il fallait d'abord penser à la compagnie.
Nous, tout collés que nous étions, tous ensemble, on était évidemment, et pour la plupart sous le choc. Remarquez que le matin même, le journal Métro avait annoncé -- il s'agissait en fait d'une reprise issue du journal Les Affaires -- que Sears Canada n'en avait plus pour bien longtemps. Le même mâtin, le Journal de Montréal avait de son côté annoncé, avec à l'appui une déclaration en provenance d'un autre vice-président -- chez Sears Canada, ils sont en passant assez nombreux -- que plusieurs des 27 magasins de Sears au Québec pourraient également fermer leurs portes, un peu sur le même modèle que les anciens magasin Zellers.
Toute la matinée, les conversations avaient été nombreuses et bien des gens espéraient quand même que cela serait peut-être juste des rumeurs. Ils et elles espéraient encore. Peine perdues. Le couperet est vite tombé. L'espace de quelques minutes et le verdict était sans appel. Tout le monde allait perdre leur emplois. Mêmes les superviseurs,. Mêmes les cadres. Tout le monde.
Le discours du VP fut simple et court : veuillez sortir sans faire d'histoire. Mettez-vous en rangs, en sortant. Les rangées seront organisées en fonction des premières lettres de votre nom de famille. Vous recevrez une enveloppe, avec des explications à l'intérieur, ainsi qu'une date et une heure pour une autre rencontre, plus privée, avec un représentant du service des ressources humaines. La mienne était cédulée, comme 5 minutes plus tard. Autrement dit : tout de suite. Pas question de perdre du temps et ma mise à pied allait être immédiate.
J'ai eu beau demander pourquoi moi ? La réponse fut tout autant instructive : " pourquoi pas ". Le résultat fut tout autant minimal : soit 2 semaines de salaires pour chaque années d'ancienneté, pendant tout le temps où j'avais été à temps plein. Soit un total de 12 semaines. Pour les autres années, où j'avais plutôt été à temps partiel, même si je faisais quand même 37.5 heures par semaine, je n'avais rien. Autrement dit, c'était le minimum.
Partout, chez ceux qui représentaient justement le service des ressources humaines -- mais qui donc a eu un jour l'idée pas trop brillante d'appeler cela les "ressources humaines" ? -- on sentait en même temps la même nervosité, la voix saccadée. Comme s'ils ne se croyaient pas eux-mêmes.
Sur le coup, j'étais moi-même un peu secoué, même si je savais -- c'était pas vraiment sorcier -- que Sears était depuis déjà un certain temps sur la pente descente et que tôt ou tard cela finirait par arriver. On ne s'habitue jamais vraiment à de telles situations. Même quand on est communiste. On a beau vouloir tout rationaliser, on demeure un être humain, avec des émotions. Remarquez bien que je suis loin d'être sûr que le président directeur général de Sears, aux États-Unis, -- il s'appelle Edward Lampert -- puisse vraiment être touché par ce genre de chose.
Remarquez aussi qu'il a tout ce qu'il faut pour demeurer au dessus de tout cela, avec ses milliards de dollars. Selon revue Forbes, il serait encore parmi les 185 hommes les plus riches de la planète, bien que son score ait plutôt tendance à baisser, puisqu'il était il n'y a pas si longtemps encore au 132e rang; il faut croire que la multiplication des multimilliardaires en Chine peut aussi finir par créer une rude concurrence à ce genre de capitalistes.
Selon différents textes que j'ai consulté sur le Net, ce même Edward Lampert considérerait que le summum des relations interpersonnelles se feraient via les transactions à la bourse ! Allez comprendre de quoi. Enfin ... De ce que j'ai aussi appris, le nouveau PDG de Sears Canada, tout récemment nommé par ce même Lampert -- c'était l'automne dernier -- serait du même genre. Il s'appelle Doug Campbell et aurait commencé par faire ses " armes " au sein du corps des Marines de l'armée américaine, en tant qu'officier, avant de retourner aux études pour finalement se spécialiser dans le " downsizing" d'entreprises. Any way ...
Depuis hier, j'ai fini par me raisonner un peu. Comprendre par là que cela aurait pu aussi être " pire ". Comme lorsque ces employés d'un centre d'appels, appartenant également à une compagnie américaine, avait carrément fermé ses portes sans même donner de 4% ou même émettre des avis de cessation d'emplois à l'intentions de l'Assurance-Emploi. Je pensais également aux gens d'Aveos.
Et puis, je me suis aussi rappelé ce que Sears avait fait avec ses techniciens sur la route, en novembre dernier. À travers tout le Canada, ils avaient tous été convoqués, en même temps, dans chaque ville. Ils devaient tous se présenter dans une série de salles prévues à cette effet. Il y avait les" bonnes " salles, celles où ceux qui étaient là se faisaient dire qu'ils allaient conserver leurs emplois. Et il y avait, évidemment aussi, les " mauvaises salles ", celles où on apprenait qu'on aurait plus d'emploi, d'ici avril prochain, parce qu'ils seraient tous remplacer par des contracteurs.
Pour des gens qui avaient souvent 20 ou 30 années de service, quand cela n'était pas encore plus, c'était toute une manière de reconnaître toutes ces années. On se serait cru comme dans un processus de sélection, dans le cadre du programme de télé-réalité American Idol. Sauf que là, c'était la réalité pour vrai. Il s'agissait en même tempos de leur "job", à eux.
D'ici à la fin avril, la très grande majorité de tous ces techniciens auront tous perdu leur emploi. À Montréal, 95% de tous les techniciens seront partis. Dans d'autres villes se sera 100%. Même chose un grand nombre d'employés qui œuvraient dans différentes villes de plus petites importantes, à travers le Canada, dans les bureaux, en soutien.
Et puis, je me suis dis autre chose. Au salaire qu'on était payé, je ne pouvais descendre tellement plus bas. Il faut savoir en effet, qu'au service à la clientèle, chez Sears, les salaires dépassent rarement les 12$ de l'heure. Cela part à 10$, qui est le salaire minimum, à peu de choses près, mais cela ne montera jamais plus haut que 14$, puisque c'est là le maximum, au niveau des échelles salariales, à moins d'être un superviseur ou encore un directeur; 14$ de l'heure était mon salaire, au moment de me faire mettre à pied. Tout un salaire, quand j'y repense.
La veille de tout cela, le journal La Presse avait publié un dossier sous le titre accrocheur suivant : " L'enfer des centres d'appels ". Cela aussi avait eu pour effet de susciter bien des commentaires auprès de mes confrères et consœurs. Il faut en même temps noter que la plupart des informations contenues dans ce dossier découlait d'un sondage fait auprès de préposé-e-s au service à la clientèle d'entreprises syndiquées, en particulier Telus, alors qu'aucun syndicat n'a jamais réussi à s'implanter chez Sears, malgré qu'il y eu au moins 2 tentatives, une dans l'Ouest canadien, et l'autre en Ontario. Ce qu'il faut savoir en même temps, c'est que Sears Canada est probablement au moins aussi antisyndical que peut l'être Wall-Mart ou McDonald.
À ce point-ci, me direz-vous, mais quel peut bien être le lien avec le dossier de la charte de la laïcité et du projet de loi 60 ? Et bien, je vais vous le dire.
Encore aujourd'hui, je ne peux m'enlever de la tête tous ces visages de gens qui étaient avec moi, tous et toutes entassées dans cette salle, hier, dans l'expectative de savoir ce qui allait nous arriver. Il y avait pas mal de femmes. C'est normal puisque même si la bâtisse de Sears, sur le boulevard Thimens, à Ville St-Laurent, contient tous les entrepôts de la compagnie pour tous l'Est du Canada, cela inclut aussi son plus important centre d'appel et les centres d'appels sont traditionnellement un secteur où on retrouve toujours beaucoup de femmes.
Qui plus est, il y avait pas mal de femmes qui portaient aussi le voile musulman. Chez Sears, c'est permis. Sauf que cela ne changera pas grand chose dans la vie de toutes ces femmes, puisqu'elles n'auront bientôt plus, comme tous les hommes qui étaient également présents hier, de travail.
À les regarder, je me remémorait en même temps leurs propres histoire, car chacun avait aussi son histoire. Avec le temps, j'avais fini par non seulement en apprendre plus sur plusieurs d'entre elles, mais aussi à mieux les comprendre, y compris dans leur parcours, Vous seriez surpris d'apprendre à quel points plusieurs d'entre elles étaient nettement sur-classifiées pour ce qu'elles faisaient, surtout au salaire qu'elles gagnaient. Plusieurs pourraient vous parler de leurs diplômes universitaires, toujours pas reconnus, ainsi que de leur expérience. Quand j'y pense encore, je me dis que Sears était vraiment un concentré de toute la misère humaine et de jusqu'où les choses pouvaient aller, quand cela va mal, quand on n'a plus vraiment le choix que de prendre des "jobs" , comme celles qu'il y avait jusqu'à hier chez Sears.
Au fil des années, j'avais fini par développer de très bonnes relations avec de nombreux autres employé-e-s de Sears, aussi bien à Montréal, qu'ailleurs au Québec, et même au Canada-anglais. J'étais apprécié. Pas plus tard qu'il y a deux jours, mon propre superviseur avait lui-même envoyé un courriel, en me mettant en cc., et soulignait alors combien mon travail était professionnel, et combien j'étais souvent cité en exemple au niveau de comment agir. Il faut croire que cela n'a finalement pas pesé trop lourd dans la suite des choses, puisque je fus en même temps le tout premier à être mis à pied, sans même tenir compte de mon ancienneté, ni non plus celle des autres. Comme quoi toutes ces considérations ne pèsent pas nécessairement très lourds des grands patrons, notamment quand vient le temps de se débarrasser des gens.
Encore maintenant, j'ai de la misère à me convaincre que des gens aussi talentueux que ceux et celles qui étaient là dans cette salle, puissent éventuellement finir par échouer dans un tel univers, avec un tel résultat. Cela me rappelle mon propre cheminement professionnel. C'est une démonstration on ne peut plus éclatante d'une réalité toute autant scandaleuse. Le capitalisme n'est pas seulement un gigantesque fossoyeur, au niveau des ressources, et de notre environnement; c'est aussi la source de destructions de tant d'espoirs et de gens. Cela en est à pleurer.
Je suis à peu près certains que bien des femmes voilées, qui étaient là hier, auraient été prêts à bien des compromis, si cela avait juste permis de sauver leurs emplois. Y compris par rapport à ce même voile, puis-je rajouter. Mais, on ne leur a pas donné ce choix. Car il n'y avait pas de choix. Pas même de discussions possibles. C'était final. Un point c'est tout.
Quelqu'un, quelque part, retranché dans une île privée, non loin de Miami -- c'est en effet là que vit le président américain de Sears dont je parlais plus haut et qui s'appelle Edward Lampert; sur cette île, il y aurait d'ailleurs presque autant de policiers pour assurer la protection de ses richissimes propriétaires, que de gens qui y résideraient -- aurait décidé dans " sa grande sagesse " que tous ces emplois n'étaient plus requis pour la suite des choses, et c'est suffisant.
Quand le gouvernement du Parti Québécois dit vouloir interdire, dans la fonction publique, le port de signes religieux ostentatoires, de manière à renforcer le caractère laïc de l'État québécois, alors on crie au meurtre. Ce serait, aux dires de certains, notamment nos " valeureux députés du Parti libéral du Québec ", une atteinte inacceptable à un droit fondamental.
On dit qu'il y a pleins de femmes qui perdront ainsi leur emplois, parce qu'elles ne voudront pas abandonner leur voile et devront alors perdre leur emplois. Cela reste à voir. On affirme toutes sortes de choses, mais cela n'est pas grave parce que ce serait pour la bonne cause. Mais de quelle cause s'agirait-il au juste ? Parle-t-on vraiment ici des droits des femmes ? Et si oui, comment se fait-il qu'on ne fera en même temps rien pour toutes ces femmes qui étaient avant chez Sears ?
Le projet de loi 60 prévoit une période de transition en matière d'interdiction de signes religieux. Il y aura un processus, En d'autres termes, et contrairement à ce que disent les opposants au projet de loi 60, ce ne sera pas la porte tout de suite et automatiquement. Qu'à cela ne tienne, ce sera tout comme, disent ces mêmes opposants.
J'aurais envi de demander où serait inscrit le fait que porter de tels signes serait un droit fondamental, associable au fait de respecter ou non la liberté de religion. Ce n'est pas écrit nulle part, mais ce n'est pas grave. Il suffit que quelqu'un, quelque part, le dise, et que ce soit ensuite répété à saietté dans les journaux par ces mêmes députés, transformés en l'occasion, en ayatollahs, pour que cela devienne soudainement vrai.
Mais qu'en est-il alors d'événements, comme ce qui s'est produit hier, chez Sears. ?
Nos même ayatollahs se diront désolés, comme ces VP, chez Sears, mais rétorqueront du même souffle qu'on ne peut rien faire, puisque cela relèverait du domaine des droits de gérance, lesquels seraient tout autant sacro-saints. Cela me fait penser à ce que le maire de l'arrondissement de Saint-Laurent avait hier soir à dire. Il n'avait rien à dire, en fait, au delà de quelques formules qui ne voulaient rien dire. Lui aussi est un libéral bien connu.
Trouve-t-il cela moins grave ? Serait-ils prêts à se mobiliser pour aller, s'il le faut, jusqu'à la Cour suprême, afin de défendre le droit au travail des femmes qui œuvraient jusqu'ici chez Sears, notamment les femmes voilées ? Ils ont dit qu'ils sont prêts aller jusqu'à là, si jamais le projet de loi 60 est adopté. Mais n'est-ce pas là un clair cas de deux poids, deux mesures ? Faut-il vraiment les croire quand ils disent avoir d'abord et avant tout à cœur le sort des femmes ?
Je m'élève contre ce genre de rhétorique qui laisse en même temps intact ce qui se passe, devant nos yeux, en prétextant que ce serait autre chose et qu'on ne pourrait de toute manière rien faire. Je m'élève contre ce genre de logique permettant de tout justifier sous le capitalisme, même les pires excès. Je m'élève contre ceux qui voudraient également que ces mêmes droits de gérance prédomine sur tout le reste, y compris sur nos droits à travailler dans des conditions décentes.
Je m'élève tout autant contre ceux et celles qui, de manière démagogique, voudraient nous faire croire que l'État devrait éviter de trop légiférer, de peur que cela vienne restreindre " leurs droits ". Que ce soit pour justement restreindre ces fameux droits de gérance des compagnies, ou pour également remettre de l'ordre à d'autre niveaux, comme dans le dossier des accommodements raisonnables, au niveau de la religion.
C'est pourtant ce que font, en définitive, ceux et celles qui s'évertuent à vouloir bloquer le projet de loi 60. Cela, je ne peux le supporter et je ne comprend toujours pas ceux et celles, notamment à gauche, qui continuent toujours à se ranger du même bord que ces démagogues.
Autant je crois que les libertés individuelles sont importantes, autant je crois également qu'il faut aussi s'assurer d'un certain nombre de règles correspondant à ce qui fait le plus largement possible consensus, au sein de la société. Cela inclut une charte de la laïcité. Autrement, cela deviendrait nécessairement au " plus fort la poche " et il ne pourrait jamais y avoir de justice sociale.
C'est aussi, et entre autres choses pour toutes ces choses que je m'implique et que je suis communiste. C'est également parce que je refuse toutes ces logiques tordues que je hais le capitalisme et que je désire si fortement qu'on puisse en arriver un jour, au Québec, à quelque chose de mieux, soit le socialisme, ce qui inclut, entre autres choses, et à mes yeux, également une charte de la laïcité.
Je ne dis pas tout cela parce que j'aurai une quelconque hargne contre toutes les compagnies. J'en ai bien plus contre le " système " qui fait que de telles choses puissent se produire. Au fond, je crois d'abord et avant tout aux grands principes d'égalité, de justice, et de fraternité. Trois choses qui sont supposées toutes exister dans notre société. Sauf que cela n'est pas toujours reconnu dans les faits.
Pour revenir au projet de la charte de la laïcité, celle-ci n'est pas parfaite. Soit. Commençons par la faire adopter. Ensuite, on pourra toujours la bonifier. Chaque chose en son temps.
Cela dit, l'adoption, toujours par les députés de l'Assemblée nationale, de règles plus strictes quand des compagnies annoncent des mises serait très certainement aussi une bonne chose. Ailleurs dans le monde, cela existe déjà. Pourquoi pas aussi chez nous ? Cela aussi serait un pensez-y bien !

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André Parizeau39 articles

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Chef du Parti communiste du Québec (PCQ), membre fondateur de Québec solidaire, membre du Bloc québécois, et membre de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal (SSJBM)





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7 commentaires

  • Jean Archambault Répondre

    19 janvier 2014

    Bonjour André,
    Tu vis cette délocalisation des entreprises pour augmenter essentiellement les profits et dividendes des actionnaires, des dirigeants et des propriétaires. Ce capitalisme me pue au nez.
    Alors que les travailleurs du XIX ième et du XX ième siècle militaient pour un monde nouveau, que se passe--il maintenant en Occident ?
    Pourquoi les travailleurs ne descendent plus dans les rues ?
    Pourquoi ce sentiment d'impuissance face à ces véritables horreurs qui broient tant de vies humaines ?
    Nous savons tous qu'une relance de la demande passe par une redistribution de la richesse; comment expliquer que les écarts de revenus tendent à s'élargir ?
    Comment a-t-on pu accepter que le dogme d'une meilleure productivité était la solution pour les travailleurs alors qu'elle signifie en fait de plus bas salaires et davantage de chômeurs (automatisation)?
    Dès les années soixante-dix, la philosophie de la croissance par l'offre était une politique faite pour permettre aux maîtres du monde d'engranger des surprofits. Nous voyons que pour ceux-ci et les thuriféraires médiatiques de ce pouvoir, leur slogan est toujours "the sky is the limits".
    On proclame que l'État ne doit pas exercer des contraintes surs la mobilité du capital. Puis,au nom de la flexibilité, on mène une politique violente contre les travailleurs. On allonge le temps de travail et on retarde l'octroi de la pension de retraite de de 65 à 67 ans (au Canada, on va pas le faire entre 2023 et 2029.
    Nous marchons sur la tête, quand manifesterons-nous sur nos deux pieds ?

  • Archives de Vigile Répondre

    18 janvier 2014

    Le Système excelle particulièrement à briser des vies.
    Je sais que je deviens redondant pour bien du monde, mais je répète que l'idée du revenu de citoyenneté universel, dont le regretté Michel Chartrand faisait la promotion avec beaucoup de ferveur, serait une mesure qui aiderait à civiliser la société.
    Disparaîtrait ainsi l'inquiétude du lendemain.
    Quelquefois, j'ai du mal à comprendre pourquoi nos décideurs politiques et économiques qui, en général, vivent assez bien merci, ne semblent pas comprendre que les autres citoyens aspirent eux aussi au bonheur.
    Et pour être heureux, sans être matérialiste pour autant, ça prend un minimum de ressources.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 janvier 2014

    Ces témoignages, ces faits vécus au quotidien, le vôtre, Monsieur Parizeau, et celui de Francis Déry, en commentaire, sont d'une éloquence incomparable pour mesurer la brutalité de notre société devenue une machine à profits prête à broyer les uns et les autres. Nous voyons par vos faits tirés de la vie quotidienne le monde réel et un aperçu du monde vers lequel nous allons. Le voile chez Sears ne sauvera pas de la misère. Et ce n'est pas vous Messieurs Parizeau et Déry qui faites de l'immigration massive un dogme indiscutable... Vous êtes de ceux qui payez le prix de l'immigration massive et de l'absence de politique économique virile.
    Beaucoup de choses doivent changer. Le respect de l'être humain doit revenir primordial dans nos sociétés dites des droits de l'homme, droits qu'elle bafoue autant qu'elle les invoque. Votre tribune nous fait simplement voir que les droits de l'homme n'existent pas face à l'avidité des pouvoirs économiques soutenus par les politiques, le père et le fils. Et peu s'en émeuvent.
    Monsieur Parizeau, votre intervention et celle de Francis Déry me rassure en ce qui concerne Vigile. Je vois qu'il s'y trouvent encore des gens simples, producteurs des richesses de base, autres que les retraités et professionnels du service public qui composent majoritairement ce site. Il s'y trouvent des gens qui luttent au quotidien, précaires mais cultivés, avec une tête sur les épaules; un peu comme Bernard Frappier, le fondateur de ce site. Votre tribune me rappelle à sa mémoire.


  • Archives de Vigile Répondre

    18 janvier 2014

    Évidemment, une société civilisée aurait l'être humain et ses besoins en priorité sur toute autre considération.
    Mais nous ne vivons pas dans une société civilisée.
    Monsieur Rodrigue Tremblay l'a bien dit dans l'un de ses excellents articles. En sous-titre de son article, monsieur Tremblay mentionnait avec raison:
    "Je crois que nous vivons présentement dans un monde à demi-civilisé et je voudrais en faire la démonstration"
    http://www.vigile.net/Pourquoi-les-choses-vont-mal-et
    Malheureusement, les milliardaires sur la liste de Forbes sont souvent victimes d'une pathologie que le Système finit par développer sur ceux qui collaborent de trop près avec le dit Système.
    Cette pathologie rend impossible une réforme quelconque du Système. Même que cette pathologie fait en sorte que l'individu atteint est prêt à tout pour la perpétuation du Système: mensonges, injustices, etc...
    C'est un peu à cause de cette pathologie que les attentats du 11 septembre, qui n'y sont pas pour peu de choses dans la perpétuation du Système, sont demeurés louches jusqu'à aujourd'hui.
    De reputés ingénieurs et architectes américains doutent d'ailleurs de la version officielle:
    http://www.ae911truth.org/

  • Archives de Vigile Répondre

    17 janvier 2014

    (suite)
    Avec l'ouverture de l'entrepôt des légume à Laval, qui reprend les activité de l'ancien entrepôt de Steinberg au sud du Stade Olympique, nous avons perdu du volume. Et maintenant j'ai comme 20h assurés et le reste sur appel après 5 ans. Je persiste à m'y accrocher. Il y a encore beaucoup de travailleurs plus jeunes que moi. Metro n'accorde pas de cessation de travail pour qu'ils puissent bénéficier du chômage pendant les semaines creuses et travailler sur appel.
    Ce n'est pas si pire personnellement. Si jamais notre entrepôt déménage à Laval pour profiter du pont de la 25, je penserai à déménager, car j'ai sacrifié ma voiture. Je crains plus l'automatisation des opérations.
    Aussi, une baisse des volumes est à prévoir. Non pas que le monde mange moins, mais parce que Target s'installe dans ce secteur. Il y a déjà Walmart dans l'alimentation. D'ailleurs, Target rate sa cible et doit procéder à des rabais substantiels.
    Le Zeller's de Montréal-Nord n'est pas converti en Target parce qu'il y a déjà un Super C, un Wal*mart et un IGA à proximité. J'y voyais un magasin qui se vidait de son stock en février, mais on m'a dit qu'il serait transformé en centre de liquidation et que du personnel supplémentaire serait embauché. J'étais sceptique. Maintenant, ce magasin va fermer ce mois-ci. Eaton, Kmart, Zeller's, Sear's. C'est la Wal*martisation de la consommation et la production "made in China" qui tue l'économie. Bien sûr, l'avenir est dans les dollaramas.
    J'achète ma bouffe chez IGA et SuperC à défaut de Metro dans mon secteur pour maintenir des emplois décents. L'Occident doit revoir le véritable problème du système et pourquoi il dépérit.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 janvier 2014

    La Charte de la Laïcité est une distraction. Oubliez-la!
    De même que votre adhérence politique.
    Parce que la richesse se transfère vers les pays qui se développe comme la Chine, l'Inde et le Brésil, c'est eux les nouveaux vecteurs de consommation. En Occident, nous vieillissons et nous sommes déjà assez pleins de biens durables. Remarquez que dans les circulaires, les figurants sont souvent issus de minorités (Noirs, Indiens ou Asiatiques). L'immigrant qui arrive veut consommer, avoir des meubles, du linge, une voiture, une maison, et le reste qui vient. Il est donc la cible du marketing. Nous autres, nous sommes bons pour les pilules et les gélules.
    En sommes, le secteur de Sears n'a pas d'avenir prometteur au Canada.
    Une chose manque dans votre description. L'employeur est obligé de vous donner un préavis de 12 semaines. Même si vous êtes expulsés de la bâtisse, il doit vous payer pour les 12 semaines à venir.
    Renseignez-vous sur vos droits !
    Mon secteur est l'alimentation. Fatigué d'une job dont les heures n'étaient jamais assurés et les horaires chaotiques, je suis entré dans une entreprise syndiqué où l'avancement se fait par ancienneté. Pour conserver l'emploi, il faut maintenir un rendement. Tout se gère par l'informatique.
    Je le disais aux jeunes et aux immigrants de s'accrocher à leur emploi, car l'alimentation est le plus stable quand le système va s'écrouler.
    Puis des problèmes de salubrité ont forcé la fermeture de la transformation des viandes en 2011. À vrai dire, il y avait trop de processus et de machines concentrés, et de nouvelles machines devaient entrer, mais le plafond était trop bas.
    Sans doute que ces problèmes n'étaient pas nouveaux, mais Metro est l'un des gros employeurs de Montréal-Nord. J'imagine qu'habituellement le boss devait soudoyer les fonctionnaires fédéraux et compter sur l'appui du député.
    Sauf que Coderre fut alors dans l'opposition et les Conservateurs ont voulu frapper notre comté et Montréal en général.
    La moitié des employés devaient partir. Je n'avais que 3 ans dans la boîte. Nous pouvions finir la semaine, puis c'était le préavis. J'étais à l'assemblage des commandes pour l'expédition, préférant lever fréquemment des boîtes de 30kg, parfois au-dessus de 40kg, plutôt que les cadences folles d'ensachage et mise en boîte. Je signale au monde d'oulier le rendement, la santé pour un prochain emploi prime avant une bonne référence. Bref, les rendements ont chuté sous le 50%. Après un mois de repos, j'ai retourné sur les chantiers routiers, puis en sécurité à l'édifice Fullum que je connaissais déjà très bien. J'ai pu commencé à faire des fins de semaine de 36h même si je n'étais pas encore réaccrédité par le BSP pour le gardiennage, car j'étais connu par la SIQ et les gens du Ministère. Puis, Metro m'a rappelé à la fin du préavis pour être sur appel.
    J'accepte sous réserve d'un préavis de 2 semaine à mon employeur pour faire mes 36 heures au gouvernement tout en travaillant sur appel. En 2012, mes semaines étaient complètes.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 janvier 2014

    Je vous lis et je suis touché.
    Je ressens aussi un tel sentiment d'impuissance...
    Que dire de plus que de vous offrir toute ma sympathie ainsi qu'aux vôtres, et à toutes les personnes concernées par cette décision prise "pour le bien de la compagnie".
    Serge Longval, Longueuil