Dominique Ollivier et Isabelle Beaulieu, deux militantes de longue date du Parti québécois, ont démissionné du Conseil exécutif national du PQ.
Les pauvres étaient prises à faire de la figuration, à se plaindre à l'interne sans que rien ne bouge ou à se retirer et expliquer publiquement leur démission. Nous ne savons pas si les vraies et seules raisons de leur sortie du Parti québécois sont celles qu'elles ont expliquées. Peut-être! Quoi qu'il en soit, on ne peut qu'admirer leur courage. Mais malheureusement cela n'intéresse personne. Le débat qu'elles soulèvent est vieux. Les réponses sont toujours les mêmes bien qu'elles prennent différentes formes.
Le texte publié par des membres de l'exécutif national, des députés et autres responsables du PQ, en page A-19 de La Presse du 13 octobre 2006, est typique, à savoir ne pas s'attaquer au problème soulevé et discréditer les deux rebelles. (...)
Qu'a-t-il fait au juste le Parti québécois pour les communautés culturelles? Votez pour moi et on fera élire des gens originaires de votre communauté. Voilà ce que le PQ a pratiqué comme stratégie. La politique du donnant-donnant.
Le Parti québécois, et j'en suis encore un membre, est un parti national sur le plan géographique, il ne l'est pas sur le plan démographique. C'est la vérité pure et qui perdure. Il est à l'image de la fonction publique québécoise. Presque 20 % de la population non canadienne-française occupe moins de 4 % des postes.
Allez compter le nombre de députés d'origine autre que british ou canadienne-française à l'assemblée législative de l'Ontario. Posez-vous la question, à savoir si le Québec pourrait un jour avoir un premier ministre d'origine juive, italienne, grecque, etc., etc. Le Parti québécois n'est pas le seul à critiquer mais cela n'est pas une consolation. L'Île-du-Prince-Edouard a déjà eu Jos Ghiz et la Colombie-Britannique Van Der Zalm. Remarquez que les deux n'étaient même pas nés au Canada où ils sont arrivés en jeune âge. (...)
Le PQ, et nous nous permettons de le dire, dans son intérêt et le nôtre, n'a pas su grandir. Il était et il reste accroché à une ethnie. Ou bien ce parti fera le possible et l'impossible pour devenir un vrai parti national, ou bien il se marginalisera et/ou il disparaîtra.
Les causes de cette anémie multiculturelle ou multiethnique sont multiples et nous n'avons pas l'espace nécessaire pour en traiter.
Le Parti québécois est condamné, si parti politique dominant il veut continuer à être, à devenir une coalition élargie, une sorte de Parti démocrate américain, où nationalistes, mous et radicaux, défenseurs de la langue française avec peu, assez, ou beaucoup d'anglais, supporteurs de valeurs sociales de solidarité et démocratie puissent se retrouver sans devoir, préalablement, de façon consciente ou inconsciente, être portés à mesurer leur degré d'attachement à la souveraineté, à la défense du français ou à la sociale-démocratie.
S'orienter vers un tel parti comporte, bien sûr, des risques! Mais quelle situation en est exemptée? Sûrement pas celle dans laquelle le Parti québécois se trouve et va se trouver de plus en plus, face aux changements démographiques dus aux nouveaux arrivants et au recul, irréversible, à tout le moins dans la région métropolitaine, de la population d'origine canadienne-française.
Avocat et membre du Parti québécois l'auteur est un ex-membre du conseil exécutif national de ce parti. Nous publions ici des extraits du texte qu'il nous a fait parvenir.
Le PQ n'a pas su grandir
Accroché à une ethnie, il devra faire l'impossible pour devenir un vrai parti national, ou bien il se marginalisera et/ou il disparaîtra
Québec - pluralité et intégration
Giuseppe Sciortino2 articles
Avocat, spécialiste du droit de l'environnement et auteur de l'ouvrage Le BAPE devant les citoyens (Presses de l'Université Laval, 2006)
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