Jugement Loyola

Le pire accommodement possible

Il en est autrement dans le cas des accommodements collectifs qui visent la permanence et l'épanouissement des groupes plutôt que de l'individu.

Hum, juliusseries - des "enfants" doués de jugement adulte... Et le droit des parents doit-il s'effacer devant le diktat de l'État? Qu'est-ce que c'est que ce bordel? Les "enfants" auraient-ils un droit à un "accommodement collectif"?...


Si le jugement du Collège Loyola sur l'enseignement de la religion est étudié dans le prisme d'accommodements raisonnables, il est difficile d'éviter la conclusion qu'il s'agit du pire accommodement possible — l'accommodement collectif.
Il est établi par la jurisprudence que des individus ont souvent droit à un accommodement raisonnable pour mieux s'intégrer dans la société. Cet accommodement peut être vestimentaire, alimentaire ou encore l'individu peut demander du temps libre pour ses pratiques. Dans les armées de l'Occident, une notion d'objection de conscience existe depuis plusieurs siècles et elle permet à ceux qui s'opposent à toute forme de violence d'exécuter seulement des tâches compatibles avec leurs convictions. N'en déplaise, ces accommodements individuels font la preuve de la sagesse et de la tolérance d'une société qui les offre. Elles sont le gage d'une intégration totale dans un proche avenir de l'individu qui en bénéficie.
Il en est autrement dans le cas des accommodements collectifs qui visent la permanence et l'épanouissement des groupes plutôt que de l'individu. Ces accommodements accordent aux collectivités des institutions séparées, notamment des écoles et des hôpitaux. En Ontario, il a même été question de tribunaux islamiques qui allaient appliquer les règles religieuses et dont les jugements auraient force de loi. Ce genre d'accommodement empêche l'intégration et crée des ghettos où les gens préservent au moins en partie le mode de vie d'ailleurs.
Les accommodements collectifs bénéficient aux chefs des communautés et aux institutions, mais jamais à la majorité des membres des groupes visés puisque ceux-ci sont privés de la possibilité de quitter le groupe ou de réduire son rôle dans leur vie. Dans le cas de l'affaire Loyola, les enfants sont les grands perdants, empêchés de connaître la possibilité de vivre sans religion ou avec une religion autre que celle de leurs parents.
Dans le cas d'accommodement individuel, les droits sont octroyés à ceux qui sont normalement faibles et plutôt pauvres. C'est le contraire du cas d'accommodements collectifs puisque les groupes possèdent de grands moyens financiers ainsi qu'une influence politique et sociale dans une société qui se veut multiculturelle. En fait, c'est la fausse idéologie du multiculturalisme qui permet de présenter les jugements qui ont pour effet de cloisonner des citoyens comme des victoires pour les libertés publiques.
Accommodements individuels
Pourtant, il y a de la place pour les accommodements individuels dans l'enseignement de la religion pour donner effet à la liberté d'expression et à la liberté de l'enseignement. Les professeurs, les administrateurs d'école, les parents possèdent tous le droit de commenter d'une façon critique les cours qu'ils ont néanmoins l'obligation de présenter. Ils peuvent expliquer leur désaccord et ils peuvent aussi enseigner les principes de la religion catholique en sus des programmes obligatoires imposés par le gouvernement. La neutralité factice ne fait pas partie de la déontologie d'éducateurs.
Cela s'applique par ailleurs non seulement à la religion, mais à toutes les autres matières et notamment à l'histoire et la science où il y a souvent des controverses. On peut imaginer la consternation générale si les groupes religieux demandaient une exemption de l'enseignement de la biologie pour éviter l'apprentissage de la théorie d'évolution à leurs enfants. Certes, les éducateurs ont le droit d'expliquer leurs croyances, mais jamais de limiter ou de supprimer le savoir.
Rien ne justifie que l'on «protège» les enfants de la connaissance ou de l'appréciation de différentes religions ou du rejet de toute religion. Il s'agit clairement d'un privilège que le jugement Loyola accorde aux groupes au détriment de leurs membres et surtout de leurs enfants qui n'ont pas les moyens de se défendre.
Au lieu d'augmenter le degré d'autonomie des écoles privées religieuses et ethniques, nous devrions nous poser des questions sur le financement public de ces institutions. Voulons-nous continuer à financer la construction des barrières entre citoyens avec nos impôts? Sans doute la majorité n'a pas été entendue sur ce sujet.
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Julius H. Grey - Avocat


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