Vincent Beaucher - Dernièrement, le programme d'éthique et culture religieuse (ÉCR) est revenu à la surface dans l'actualité à la suite de la décision de la Cour supérieure déboutant le ministère de l'Éducation, qui refusait la version modifiée de l'école Loyola.
Depuis, on assiste à une recrudescence d'opinions sur ce programme, certaines fondées, d'autres un peu moins... Je crois qu'il serait temps de se questionner sur la nature de ce cours, qui ne traite pas seulement de religion...
La formation en ÉCR concerne le développement de la pensée critique et créatrice. En d'autres mots, l'objectif consiste à amener les jeunes à être en mesure d'exprimer et de justifier leur point de vue, de voir les alternatives à différentes situations, de réfléchir sur le sens de leurs valeurs, d'écouter activement et attentivement ce que les autres ont à dire et de déterminer si cela affecte son opinion, de trouver des solutions à des situations complexes, etc.
Il n'est donc pas question d'un cours de philosophie, tout comme il n'est pas question d'être toujours en train de faire des débats.
On veut véritablement amener les jeunes à réfléchir, comme on avait commencé à le faire dans les cours d'enseignement moral et d'enseignement moral et religieux et comme certaines écoles le font avec la philosophie pour enfants depuis maintenant plus de 30 ans. Cela dit, si on y pense bien, c'est la première fois qu'on propose concrètement à tous les élèves québécois un enseignement qui vise à développer leur réflexion, ce qui n'est pas rien...
La formation en culture religieuse est très différente des cours de religion traditionnels. La différence majeure réside dans le fait que cette formation n'est plus confessionnelle, c'est-à-dire qu'elle n'a plus pour objectif de «former de bons chrétiens», ce qui a longtemps été le cas au Québec et ce que certaines écoles, comme Loyola, désirent légitimement atteindre comme finalités. Il ne s'agit pas non plus de passer en revue chacune des grandes religions et d'en connaître les caractéristiques de base; (...). La façon d'aborder la religion, ou les religions, consiste plutôt à y aller par thèmes.
Ce qu'il faut comprendre du programme d'ÉCR, c'est qu'il vise une meilleure compréhension de tous et de chacun, entre autres à travers les croyances religieuses, le tout pour favoriser ce qu'on appelle le bien commun. Il s'agit d'aller au-delà de la tolérance, d'essayer sincèrement d'être ouverts à ce que les autres croient et sont, sans pour autant se renier.
Le Québec s'est doté, avec une formation en éthique, culture religieuse et dialogue, d'un outil qui fera en sorte que les élèves de demain seront plus sensibles et connaisseurs quant aux réalités d'autrui, tout en étant en mesure de poser des regards critiques sur eux-mêmes et sur leur environnement. À mon avis, c'est un pensez-y-bien...
Vincent Beaucher
Doctorant en éducation à l'Université de Sherbrooke
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé