La démocratie manipulée

Dérives démocratiques - la société confrontée à sa propre impuissance



Quand le mur de Berlin est tombé, le monde a salué la victoire de la démocratie. Depuis, tout le monde se veut démocratique - Bush, Obama, Chavez, tant la gauche que la droite.
Le mot n'a plus un sens facilement définissable et souvent, on confond des notions d'égalitarisme, de libéralisme et de populisme sous le sceau de la démocratie.
En réalité, la démocratie moderne souffre de plusieurs maladies, dont les pires sont la manipulation par les plus riches et la corruption.
Lors de la récente crise politique, presque tous les commentateurs du Canada anglais se sont rangés derrière Stephen Harper, même ceux qui, au début, avaient manifesté des doutes. Il serait naïf de ne pas faire le lien avec le contrôle des médias.
Nous savons qu'il existe une méthode presque scientifique d'influencer un électorat, surtout en se servant de la peur, et que celui qui a plus d'argent a un avantage insurmontable. Or, les forces conservatrices ont toujours plus d'argent, et donc peuvent utiliser cet avantage pour conditionner l'opinion publique. Cette manipulation est rendue d'autant plus facile par les sondages, qui donnent à tous ceux qui s'y intéressent un aperçu de la situation. Les résultats sont impressionnants.
Ces dernières années, le public a accepté que les déficits et l'inflation sont toujours inacceptables, malgré toutes les preuves du contraire. Les hommes d'affaires sont devenus des héros et les syndicalistes, des méchants en dépit de l'augmentation constante de l'écart entre les riches et les pauvres. En baisse dramatique, la criminalité est perçue comme un fléau de plus en plus répandu. Malgré des violations dramatiques des droits de l'homme, Israël et l'Inde passent pour des démocraties, tandis que d'autres pays sont critiqués pour bien peu.
La crise actuelle a justifié les prescriptions économiques de Pierre Trudeau et du N. P. D et a discrédité les théories conservatrices. Néanmoins, selon les sondages, les conservateurs demeurent le par-ti le plus fort en science économique. Clairement, la manipulation politique réussit.
LA CORRUPTION
La corruption fait partie du même problème. Elle est partout: chez les conservateurs de Mulroney, les libéraux de Chrétien, les démocrates de l'Illinois, les républicains d'Alaska. Les présidents, les premiers ministres, les hauts fonctionnaires, les petits clercs sont tous à vendre, parfois pour très peu. Comment expliquer ce phénomène?
Le grand philosophe de l'Antiquité, Platon, présente la corruption comme une conséquence naturelle de la démocratie. Malgré les slogans égalitaires, les moyens ne sont pas les mêmes pour tous les citoyens. Cette inégalité est particulièrement critique dans une «démocratie» capitaliste.
Quand on élimine les privilèges héréditaires, l'éducation et la classe, il ne reste que l'argent comme marque de distinction. Notre société augmente de façon dramatique la puissance de l'argent en créant un système privé de santé et d'éducation et en creusant l'écart entre les riches et les pauvres. Pour réussir dans une telle société, les gens se laissent corrompre très facilement.
La solution n'est pas d'abolir les institutions démocratiques, puisqu'il n'y a pas de meilleure façon d'attribuer le pouvoir. Plutôt, il faut réaliser que la démocratie est incompatible avec un vrai capitalisme et seule une social-démocratie peut protéger les droits des citoyens.
Il n'existera jamais une société sans manipulation ou corruption. Cependant, si on limitait les moyens des mieux nantis, la manipulation deviendrait plus difficile. De plus, une société dans laquelle l'argent n'est pas un idéal omniprésent sera nécessairement moins corrompue. Un haut degré de justice sociale est donc une condition essentielle pour qu'une société soit démocratique.


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