Le peuple québécois peut marcher la tête haute

4a533dd6a7556730108ac57e4be32b9e

En masse de quoi être fiers

Si je devais formuler un souhait politique pour la nouvelle année, ce serait de nous voir marcher la tête haute, fiers de ce que nous sommes.

On peut être pour ou contre la charte, mais comment ne pas applaudir un peuple qui se lance dans de tels débats, si fondamentaux, alors qu’il serait si facile de se réfugier dans la rectitude protectrice, la tête bien au chaud dans le sable multiculturel ?
Nous avons si souvent subi les assauts et les procès de xénophobie en 2013. Certains pourraient en être ébranlés, mais ce serait dommage. Après tout, ce Québec si souvent pointé du doigt, n’est-ce pas cet endroit où il se commet deux et demie fois moins de crimes haineux qu’en Ontario ?
Ce Québec prétendument fermé demeure un des endroits dans le monde qui reçoit le plus d’immigrants en proportion de sa population.
Ce Québec, dont la minorité anglophone jouit d’un régime de droits et de privilèges qui fait l’envie de toutes les minorités, n’est-il pas un exemple d’ouverture ?
Ce Québec sans haine, qui ouvre ses bras pour accueillir des gens de toute la planète et qui traite parfois sa minorité mieux qu’il ne se traite lui-même, moi, j’appelle ça un maudit beau peuple.

On a entendu et on entendra encore que les Québécois ne sont pas à la hauteur économiquement, que nous sommes les plus endettés, que nous sommes des incapables. Diatribes absurdes.
Sans pétrole, sans gaz, sans faveur fédérale, envers et contre tous les obstacles posés sur notre chemin, nous avons réussi à construire une des économies les plus prospères, les plus diversifiées et les plus résilientes de la planète.
Nous fabriquons des trains, des métros, des avions, des bus, des systèmes informatiques et quantité de produits de haute technologie.
Notre économie, ouverte sur le monde, carbure de plus en plus à la créativité : par exemple, celle du Cirque du soleil ou de Moment Factory. S’il y a un traité de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, c’est grâce au Québec, et notamment aux leaders souverainistes de l’époque. S’il y en aura un autre entre l’Europe et le Canada, ce sera également à l’initiative du Québec.
Bien sûr, nous avons fait le choix de nous donner des programmes sociaux généreux, de la garderie à l’université, en passant par l’équité salariale et les congés parentaux, l’assurance-auto et l’aide juridique.
Mais n’oublions pas que si nous payons plus d’impôts, il nous en coûte moins cher pour envoyer nos enfants dans des garderies de qualité, pour étudier, pour assurer notre voiture ou avoir accès au système de justice, même quand on gagne le salaire minimum.
Sachons que parmi toutes les provinces, c’est le Québec qui contrôle le mieux la croissance de ses dépenses publiques.
Sachons que si notre dette est élevée, elle l’est moins que la moyenne des pays riches.
Et sachons qu’au cours des 20 dernières années, les Québécois se sont enrichis plus rapidement que les Ontariens.
Et surtout, cessons de nous auto-qualifier de province «pauvre». C’est insultant pour 90 % du reste de la planète et pour nos ancêtres, qui eux, ont connu la vraie misère.
À l’échelle du monde et de l’histoire de l’humanité, nous formons un peuple très prospère. Soyons-en fiers.

D’autant que cette prospérité ne repose pas sur l’exploitation d’autres peuples. Notre prospérité ne repose pas non plus sur l’exploitation effrénée du charbon ou du pétrole. En Amérique du Nord, nous sommes parmi ceux qui émettent le moins de gaz à effet de serre. Avec la Californie, nous avons créé un marché du carbone. Nous nous lançons maintenant dans l’électrification de nos transports, un chantier gigantesque et exaltant, qui nous rendra plus prospères et plus verts. Soyons-en fiers.

Et nous sommes solidaires. En 18 ans, nous avons réussi à réduire de plus 300 000 le nombre de ménages québécois vivant de l’aide sociale. Nous avons réduit la pauvreté de moitié. Nos jeunes peuvent aspirer à des études universitaires de haut niveau sans s’endetter jusqu’au cou.
Nous pouvons bien sûr passer toute l’année à déplorer que la pauvreté ne soit pas complètement éradiquée, mais appuyons-nous sur nos réussites passées pour convaincre que c’est possible de lutter contre la misère et d’y arriver. L’endroit où la richesse est la mieux partagée, dans toutes les Amériques, c’est ici, chez nous. C’est tout un championnat, ça !
Nous formons un peuple solidaire, et il y a de quoi en être fiers. Très fiers.

Il y a la corruption, c’est vrai, ce fléau universel et intemporel. Avec ce qu’on a entendu à la commission Charbonneau, on a eu nos accès de honte. Mais en même temps, nous avons affronté ce cancer de front, avec cette commission qui ne nous épargne rien. Nous avons rénové notre système de financement des partis politiques, nos lois anti-corruption. Les maires de Montréal, de Laval et de Mascouche ont été chassés. Avec l’UPAC, on voit bien que plus personne n’est au-dessus des lois.
Comme société, nous montrons du courage en levant toutes les pierres et en agissant. Nos médias d’information font leur travail. Et nous sommes en train de redevenir cette société propre que René Lévesque avait voulu. Nous pouvons bien sûr passer l’année à nous attrister des actes des crapules, mais nous pouvons aussi nous féliciter de notre volonté de nettoyer de fond en comble les écuries. Nous redevenons exemplaires et de ça aussi, nous pouvons être fiers.

Bien sûr qu’il faut faire mieux dans tous les domaines, mais ne boudons pas nos réussites.
Nous avons réussi à créer des pôles mondiaux en aéronautique, en informatique, dans les jeux vidéo.
Notre culture, qui repose sur une population réduite en nombre, rayonne sur l’ensemble de la planète.
Nos athlètes, nos scientifiques, nos professionnels sont en mesure de compétitionner avec ceux du monde entier.
On apprend que même si on a des efforts à faire du côté de la lecture, nos enfants sont sur le podium des champions du monde en maths !
Je regarde ça et ce que je vois, c’est un peuple qui a toutes les raisons d’être fier.

Quatre cents ans et même plus que nous durons, dans le «frette» et la terre à roches. Nous sommes passés à travers toutes les crises mondiales, à travers les tentatives d’assimilation, sans jamais être complètement maîtres chez nous.
Nous n’avons pas réussi tout ça en faisant la guerre, en écrasant les autres. Non, les Québécois ont fait leur place en montrant de la résistance, en étant créatifs, persévérants, audacieux, ouverts, patients. Et généreux.
Ouverts, prospères et solidaires, nous avons de quoi être fiers.
On dira ce qu’on voudra, le peuple québécois peut marcher la tête haute.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé