Le paradigme du capital versus le paradigme de la solidarité

Le Noël de la culture et le Noël de la foi

Ce qui n'était que parole de visionnaires est maintenant réalité

Noël et Jour de l'An - 2010- 2011


Il ne fait aucun doute que le NOËL de la culture a le vent dans les voiles et domine toutes les célébrations tant religieuses que commerciales qui s’y rattachent. C’est le temps des cadeaux, des célébrations entre parents, amis (es), compagnons et compagnes de travail. C’est le temps du sapin qui règne au plus bel endroit de la maison, brillant de toutes ses lumières, arborant ses boules et ses glaçons aux multiples couleurs, couvrant de tout son éclat cette crèche avec ses personnages mythiques et les nombreux cadeaux que le Père Noël a commencé à y déposer.
Tout cela se passe dans l’ambiance de ces chants qui résonnaient dans nos églises et dans nos soirées familiales de l’époque. Qu’il suffise de penser, entre autres, au Noël blanc, à Douce nuit, à Mon beau sapin, à ce mémorable Minuit chrétien que les plus belles voix paroissiales faisaient résonner dans les églises, au Petit papa noël, ou encore, aux Anges dans nos campagne, au Gloire à Dieu au plus haut des cieux et à combien d’autres.
C’est évidemment la grande fête pour les enfants. Pour eux, c’est la fête annuelle des cadeaux. Pour une fois, ils peuvent écrire, avec l’aide de maman et de papa, une carte au grand bienfaiteur qu’est le Père Noël, lui signalant les cadeaux de leurs rêves. La tâche lui sera d’autant plus facile que papa et maman entreprendront la grande course de magasinage du temps des fêtes, faisant sonner, au grand plaisir des commerçants, le tiroir caisse qui marquera chacun de ces cadeaux du sceau de l’argent requis pour tous ces achats surprises.
Le tableau ne serait pas complet si nous n’y ajoutions ces repas, préparés avec toutes les attentions du monde : tourtières, dindes, pâtés à la viande, pâtisseries aux multiple crémages etc. Les familles se rencontreront, les amis se feront des surprises. Le vin et quelques spiritueux couleront à plein, donnant ainsi, l’espace d’un instant, l’euphorie d’un bonheur parfait.
Un héritage de chrétienté, passablement marquée par des cultures anciennes et maintenant assaisonnée à la modernité de sociétés de consommation, couvre, comme un écran de fumée, le véritable message du Noël de la foi.
QU’EN EST-IL DONC DU NOËL DE LA FOI?

Il s’agit d’un changement radical de paradigme qui apporte au monde une manière toute différente de voir et de comprendre non seulement la relation de l’humanité avec Dieu mais également les relations des humains entre eux. Le Noël de la foi sonne le glas des croyances religieuses qui portent sur l’existence de divinités que les traditions et les cultures ont façonnées de manière à cautionner des lois et des morales servant bien les forces dominantes des sociétés.
Cette image du Dieu lointain, trônant de toute sa puissance sur le monde comme le sont les rois et les maitres du monde est à jamais renversée par celle d’un Dieu, n’ayant rien de royal et encore moins de cette puissance que lui attribuent les diverses croyances. Le Noël de la foi nous révèle une divinité qui s’identifie à ce qu’il y a de plus humble de la terre. Une divinité qui n’a rien du lustre des grands et des puissants. Le Dieu de la foi est celui qui entre dans notre humanité par la porte des humbles, des oubliés et laissés pour compte. Il devient un de nous, tout ce qu’il y a de plus proche. La divinité devient véritablement humanité, Emmanuel, Dieu avec nous.
Ce n’est pas pour rien que le roi Hérode, ce symbole de la domination des grands et des puissants, n’a pas vu d’un bon œil que le messie promis par les prophètes pour faire régner Israël sur tous les peuples de la terre se présente dans des conditions aussi pitoyables et étrangères au paradigme du monde auquel il s’identifie. Deux paradigmes de la compréhension du monde qui sont tout à l’opposé l’un de l’autre.
QU’EN EST-IL AUJOURD’HUI?

Celui qui s’est fait l’un de nous a été renvoyé au plus haut des cieux, permettant ainsi aux religions et aux royautés de retrouver leur place et leurs fonctions de choix. Les premières continuent de nous parler d’un Dieu tout puissant, modelé aux besoins des forces dominantes de nos sociétés et les seconds continuent de consolider l’ordre sur lequel ils font régner leurs propres lois.

Toutefois, au delà des institutions et des doctrines qui les inspirent, il y a les peuples et tout ce qui s’en dégagent dans les confrontations auxquelles ils sont soumis par les pouvoirs de domination et de conquête. Ces peuples, par la voix de ses pauvres et de ceux et celles qui s’en solidarisent font entendre l’espérance incontournable du paradigme nouveau, celui-là même inauguré en la personne de Jésus de Nazareth, il y a de cela un peu plus de 2000 ans. Voilà la bonne nouvelle de libération, annoncées aux peuples soumis aux lois des plus forts et des plus opprimants.
Ce paradigme rappelle aux autorités des églises et à celles des grands et puissants de ce monde que l’humanité, celle en qui peut se reconnaître l’image de son auteur, n’a rien à voir avec le paradigme de l’autorité dont elles s’enveloppent et des pouvoirs dont elles usent. Ce nouveau paradigme fait du plus grand le plus petit et du plus petit le plus grand. Le maitre n’est plus celui qui domine et commande, mais celui qui sert et écoute. Les pauvres et laissés pour compte seront élevés et les riches et puissants seront abaissés. Dieu n’est plus un inconnu, mais un Père que l’on peut voir et reconnaître dans la figure emblématique de Jésus de Nazareth. Ce dernier n’a rien à voir avec les conglomérats industriels militaires, avec l’hypocrisie et les mensonges qui couvrent la cupidité et les ambitions de domination. Son Israël est l’humanité entière, laquelle est complètement étrangère au sionisme ainsi qu’à tous ceux et celles qui s’en font les promoteurs et promotrices.
Le Noël de la foi est une espérance pour les humbles de la terre et pour toutes les personnes de bonne volonté. Il est un appel à poursuivre les voies qui consolident les œuvres de justice, de vérité, de compassion, de solidarité et d’amour. Son horizon est l’humanité entière, non pas pour se l’assujettir, mais pour la libérer et la combler de plénitude.
Les Hérode d’aujourd’hui, tout comme ceux d’hier et d’avant hier, poursuivent ce Jésus de Nazareth qui ne cesse de se manifester au travers de ces millions d’hommes et de femmes qui refusent le paradigme des rois et des oligarchies, croyant plutôt à celui en qui toute personne humaine a non seulement tous les droits à l’existence et au bonheur, mais en disposent véritablement.

Si le Noël de la culture nous fait vivre, l’espace d’un instant, l’euphorie de la joie et du bonheur retrouvés entre nous, il ne saurait, toutefois, nous faire oublier le Noël de la foi qui nous rappelle le paradigme qui conduit inévitablement au véritable bonheur.
Celui qui est le plus petit parmi vous tous, c'est celui-là qui est grand, Lc. 9, 46
Ce que vous faites au plus petit des miens c’est à moi que vous le faites, Mt. 25, 40
‭ Qui me voit, voit le Père, Jn. 14,9
***
Oscar Fortin

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Oscar Fortin292 articles

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 décembre 2011

    M. Fortin votre texte est sublime. Je suis athée, je ne crois pas en un dieu mythique, cependant, je retiens de votre message l’humanisme, la bonté du cœur. Que le Christ ait ou non existé, serait peut être d’un apport pour les historiens mais ce qui est important à mon avis c’est qu’un certain message, écrit des centaines d’années après ce personnage qu’on appelle Jésus donc par des personnes qui ne l’auraient pas connu, transcende tout de même d’un idéal d’Amour que malheureusement les églises ont galvaudé, ne recherchant elles aussi, à l’instar des rois et des empereurs, le pouvoir et l’accumulation des biens matériels. Au Québec et ailleurs, la foi recule au même rythme que la science avance. M. Didier tente une explication au reniement de la foi par les Québécois, thèse à laquelle je n’adhère pas vraiment car, pour expliquer cet abandon de la foi catholique, il faudrait alors se souvenir des excès scandaleux de toutes sortes de celle qui prétend justement représenter ce dieu de bonté.
    Le texte de M. Fortin est d’autant plus pertinent et touchant qu’inhabituel ici sur Vigile et porteur de paix et d’Amour pour l’humanité. La fête de Noël a une origine astronomique comme étant le jour le plus court de l’année, où il y a le moins de lumière suivi par trois jours égaux et ensuite les jours s’allongent, imperceptiblement au début mais c’est le retour de la lumière du soleil. Ces symbolismes ont été utilisés par plusieurs religions qui en ont fait justement des fêtes religieuses. Ici, en Occident, le Noël a été aussi le symbole d’une paix qu’on veut retrouver entre nous, oublier, régler les différents et repartir la nouvelle année qui vient avec sérénité et, en fait, c’est ça l’important comme l’a si bien démontré M. Fortin. Peu importe quel chemin prend cet humanisme, cet amour pour arriver jusqu’à nous mais cette fête de Noël est là pour nous rappeler que cette chaleur humaine et le partage sont deux clés de la réussite d’une vie. Merci M. Fortin d’apporter ces éléments importants à notre mémoire.
    Ivan Parent

  • Archives de Vigile Répondre

    14 décembre 2011

    Merci monsieur Fortin pour vos bons mots.
    Je crois que je n'ai pas de mérite. Si je suis croyant, je crois que mes origines ethnique y sont pour quelque chose. Un aumônier m'a déjà dit que si les Canadiens-Français ont délaissé pour beaucoup la religion et la foi, c'est un peu en rapport avec leurs origines ethniques françaises.
    Il m'a dit que les Français étaient cartésiens (comme Descartes justement) et que cette caractéristique de la race française était un peu comme un obstacle à la foi dans bien des cas.
    Mon père et ma mère sont tous deux un mélange Canadien-Français et Écossais. Les Écossais sont davantage portés à l'intériorité il paraît.
    Le climat sans doute... les brumes d'Écosse favorisent l'intériorité.

  • Oscar Fortin Répondre

    14 décembre 2011

    M. Gendron, votre commentaire me touche profondément, parce que, comme vous dites, nous nous rencontrons dans une un même esprit et au coeur d'un même engagement. L'humanité dans tout ce qu'elle est et dans tout ce qu'elle porte nous interpelle dans ce qu'elle a de meilleure: la justice, la vérité, la solidarité, la compassion, le respect etc. Vous n'avez pas à me dire si vous êtes croyant ou pas, par vos oeuvres je vois qui vous êtes et cela me suffit.
    Tous les dieux que les humains peuvent bien se donner sont mis au défi de répondre à ces grands impératifs vers lesquels aspirent hommes et femmes de la planète terre. Ces impératifs nous les connaissons: la justice, la vérité, la compassion, la solidarité... Malheureusement nombreux sont ceux qui se font silencieux et souvent étrangers à ces grands impératifs, préférant partager leur puissance avec celle des grands et puissants de la terre.
    Merci pour votre témoignage et vos bons mots pour ce texte portant sur Noël, fête également de lumière et d'espérance.

  • Oscar Fortin Répondre

    14 décembre 2011

    M. Gendron, votre commentaire me touche profondément, parce que, comme vous dites, nous nous rencontrons dans une un même esprit et au coeur d'un même engagement. L'humanité dans tout ce qu'elle est et dans tout ce qu'elle porte nous interpelle dans ce qu'elle a de meilleure: la justice, la vérité, la solidarité, la compassion, le respect etc. Vous n'avez pas à me dire si vous êtes croyant ou pas, par vos oeuvres je vois qui vous êtes et cela me suffit.
    Tous les dieux que les humains peuvent bien se donner sont mis au défi de répondre à ces grands impératifs vers lesquels aspirent hommes et femmes de la planète terre. Ces impératifs nous les connaissons: la justice, la vérité, la compassion, la solidarité... Malheureusement nombreux sont ceux qui se font silencieux et souvent étrangers à ces grands impératifs, préférant partager leur puissance avec celle des grands et puissants de la terre.
    Merci pour votre témoignage et vos bons mots pour ce texte portant sur Noël, fête également de lumière et d'espérance.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 décembre 2011

    Monsieur Fortin,
    Vous êtes sans doute un adepte de la théologie de la libération. Un courant détesté par nos derniers papes. Pensons à Mgr Romero et Mgr Camara, de grands hommes qui ont combattu l'oppression, qui n'ont pas été dominants au sein de l'Église.
    Je suis un athée, avec parfois un soupçon d'agnosticisme.
    Pour moi, Noël est devenu la fête de la Lumière. Un moment de paix et de solidarité quand le froid et la nuit s'installent.
    Vous êtes croyant et je respecte votre interprétation du christianisme. Non, je ne la respecte pas: je la partage. Comme humaniste, mes valeurs sont très semblables aux vôtres, vous, homme de foi.
    Un beau texte, une belle déclaration de foi, mais vous n'êtes point aveugle, et je crois en vous de par la lumière que vous exprimez.
    Nos spiritualités respespectives se rejoignent, tant dans l'abstrait que dans le réel. Enfin, je le crois.
    Je vous salue sincèrement.

  • Oscar Fortin Répondre

    13 décembre 2011

    M. Dicier, je sais que les sujets que j'aborde ne sont pas toujours les plus courus et de ce fait je suis sensible à votre fidélité à vous y manifester. Je vous en remercie et de mon point de vue c'est tout à votre honneur.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 décembre 2011

    Ah ! Si l'Église tenait votre language, Monsieur Fortin, ce language qui est celui-là même de l'Évangile et, surtout, si elle y conformait son action, elle nouerait du même coup entre elle et les peuples la plus indestructible des alliances. Elle apporterait aussi au socialisme ce qui lui manque, un idéal qui dépasse l'ordre de la matière.
    Je m'explique. Le capitalisme, c'est la richesse mal répartie, la richesse pour une minorité seulement et la pauvreté, voire la misère pour la multitude. Le socialisme, lui, c'est la richesse mieux répartie, c'est la justice sociale. Fort bien.
    Mais imaginons un matérialiste qui nie la possibilité même que l'univers ait un sens objectif, indépendant des conventions humaines toujours changeantes, autrement dit supposons un nihiliste, au sens où l'entendait Nietzsche. Ce nihiliste dira : «Qu'importe, au fond, que la richesse soit bien ou mal répartie, qu'importent la justice ou l'injustice, le soleil, de toute façon, n'en a-t-il pas encore, quoi que nous fassions, pour cinq milliards d'années ?».
    Il n'y a pas doute, à mes yeux, que la meilleure répartition de la richesse que préconise le socialisme vaut infiniment mieux que la cupidité égoîste qui est le moteur du capitalisme et dont les ravages ne peuvent être réduits par aucune «main invisible» mais uniquement par la solidarité des êtres qui la combattent.
    Toutefois, si le bien-être matériel pour tous plutôt que pour quelques-uns seulement est une exigence éthique incontournable et dont le respect, assez rare jusqu'ici, force l'admiration, cela ne reste toujours que du bien-être matériel et cela nous laisse encore sans défense face au cynisme des nihilistes toujours convaincus de détenir le dernier mot de tout : «Qu'importe !».
    À ce «Qu'importe !» nihiliste et cynique, le christianisme, en particulier bien sûr à travers le message évangélique, a apporté une réponse qui mérite qu'on s'y arrête, une réponse dont on n'a peut-être pas encore mesuré toute la profondeur, mais dont votre texte, mine de rien, nous laisse entrevoir une bonne part.
    Personnellement, les ergotages théologiques me laissent assez froid. Le Christ peut bien n'avoir été qu'un homme normal, je veux dire né de la relation d'un homme et d'une femme comme tout le monde, sans quoi que ce soit de magique, il peut bien ne pas avoir ressuscité ni être monté au ciel, tant mieux, il n'en reste pas moins divin dans la mesure où son sens de la justice dépassait et dépasse encore toutes les normes. Le Jésus que j'admire le plus, c'est celui qui chasse les marchands du temple et qui sauve de la lapidation la femme adultère, sans oublier, non plus, celui qui se sent honoré par les larmes qu'une prostituée vient verser sur ses pieds.
    Non seulement par son discours, mais par son action, l'Église rend-elle vraiment hommage à ce Christ-là au lieu de l'oblitérer, voire de le renier ? Autrement dit, prend-elle vraiment ce Jésus-là pour modèle ? En tout cas, à mon sens, c'est de sa réponse à cette question que dépend largement l'avenir de l'Église.
    Luc Potvin
    Verdun

  • Archives de Vigile Répondre

    13 décembre 2011

    On a des problèmes au Québec depuis qu'on a changé de divinité. On a tassé Jésus-Christ pour le remplacer par le culte des hommes d'affaires.
    Et ces derniers n'apportent pas le même genre de bénédictions.