IDÉES

Le mythe du pétrole à Anticosti a un coût

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Les profits réels du pétrole virtuel






Les milliards de dollars d’un incroyable gisement de pétrole à Anticosti constituent un bel exemple de fausseté présentée comme un fait réel par les médias. […] Ainsi a-t-on vécu depuis 2011 une interminable suite de nouvelles traitant du pétrole d’Anticosti. À chaque occasion, on reprenait les nombres faramineux à l’origine du psychodrame : 43 milliards de barils ! 45 milliards de dollars de profits ! Certains, vites en calcul, se sont même avancés à dire : « Mais non, c’est plus que ça ! À 100 $/baril, il faut compter plus de 400 milliards de dollars même avec seulement 10 % du pactole. »« Le Québec n’a pas les moyens de se priver de cette manne [Inst. écon. de Mtl, avril 2012]. » Un beau, très gros mensonge devenu une « vérité » à force d’avoir été relayé des centaines de fois.


 

Peu de gens se sont préoccupés d’analyser si vraiment il y a là-bas du pétrole exploitable. On a plutôt érigé dès le départ une lutte à finir entre les pour et les contre. Parmi les pour se trouvaient les promoteurs, le lobby, des fonctionnaires et des membres du gouvernement ayant pris les dires des lobbyistes pour une vérité. Du côté des contres, il y avait des environnementalistes et des artistes défendant la beauté et les valeurs patrimoniales de l’île, mais aussi beaucoup de citoyens simplement préoccupés par l’avenir et les conséquences d’une exploitation irréfléchie des combustibles fossiles.


 

[…]


 

Nous sommes maintenant six ans plus tard ; le gouvernement a finalement choisi d’oublier le développement pétrolier à Anticosti. Tant mieux, mais on ne souhaite pas toujours exposer clairement le fait que le potentiel pétrolier n’a jamais existé ; c’était un a priori érigé en pseudo-vérité. Le gouvernement continue sur le postulat qu’il existerait un gisement, mais qu’il y renonce pour des raisons environnementales, patrimoniales, etc. C’est peut-être rentable politiquement de se donner cette image de vertu écologique, mais on se garde bien d’aller au fond des choses ; la nouvelle solution trouvée va permettre de contenter bien des amis.


 

Entente secrète


 

À l’origine de la saga d’Anticosti, il y a une entente demeurée très longtemps secrète grâce à laquelle des promoteurs privés obtenaient de l’État et d’Hydro-Québec des titres miniers pour un prix dérisoire. Ensuite, l’État encore rachète à ces mêmes promoteurs, mais à très haut prix cette fois, une participation (35 %) pour les mêmes droits miniers. Pauline Marois annonce juste avant la campagne électorale de 2014 la création d’une société, Hydrocarbures Anticosti, en même temps qu’un potentiel de 45 milliards de revenus pour l’État. Le mythe est créé : il ne reste plus qu’à le nourrir pendant les trois années qui suivent.


 

Pour mettre fin à cette saga, le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que d’annoncer la fin de l’exploration en même temps que de diffuser une déclaration pour dire que, grâce aux surplus budgétaires obtenus par les coupes sauvages des années 2015 et 2016, il aurait les moyens de dédommager les promoteurs déçus.


 

Ce n’est pas du tout comme ça que cela devrait se passer, mais comme l’État y prend part, tout se fera par calculs politiques plutôt qu’en fonction de faits strictement économiques.


 

Cela devrait se passer ainsi : des partenaires s’embarquent en 2014 dans une campagne d’exploration minière où rien n’est certain, où tout est hautement spéculatif. Trois ans plus tard, on fait le bilan des résultats les plus probants : on doit se rendre à l’évidence que le pétrole de schiste à Anticosti n’a vraiment aucune possibilité économique, même en se projetant dans un futur lointain, même avec un prix au baril largement supérieur à 100 $. Les permis ne valent donc plus rien. Chaque partenaire s’est engagé dans les conditions entendues en 2014 et chacun savait que c’était une aventure spéculative. En fin de compte, les contributions fournies pouvaient devenir une perte sèche. La contribution de Pétrolia et de Corridor était simplement de partager une partie des droits qu’ils détenaient. L’État (57,7 %) et Maurel Prom (43,3 %) ont fourni 100 % des vraies dépenses d’exploration ; Pétrolia et Corridor, 0 %.


 
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