L'ancien premier ministre Bernard Landry. Photo: Rémi Lemée, La Presse
L'ancien premier ministre du Québec, le très honorable Bernard Landry, affirme ne pas comprendre pourquoi la nation québécoise n'a toujours pas opté pour l'indépendance nationale alors que, depuis la dernière guerre, des dizaines de petites nations, beaucoup plus petites que la nation québécoise, n'ont pas craint de faire ce que la nation québécoise refuse toujours de faire. Médusé devant ce constat, il y voit tout simplement «un mystère».
N'en déplaise à l'économiste réputé, il n'y a aucun mystère là-dedans. Le Québec n'est pas devenu indépendant parce qu'il n'a pas pu trouver un leader capable de bien expliquer les enjeux de cette belle et grande aventure. Le seul qui a eu les idées claires, (Pierre Bourgault), a été littéralement évincé par les sbires péquistes confédéralistes qui ne rêvaient à rien d'autre que de prendre le pouvoir. Bourgault voulait faire autrement. Les péquistes voulaient faire mieux.
Vaclav Havel, écrivain, intellectuel et homme politique tchécoslovaque puis tchèque, a réussi en six mois ce que le Québec et le Canada n'ont pas pu réaliser après tant d'années. Ce politicien atypique, généralement estimé comme une «personnalité extraordinaire» dans son pays, souvent appelé le «président-philosophe», a su convaincre les deux parties en cause du bienfait de son projet. Et il a réussi. Puis, il est retourné à ses livres, ses pièces de théâtre. Le mouvement indépendantiste, s'il doit continuer, doit se trouver une figure fraîche, sortir des ornières de la partisannerie politique, ouvrir les vannes et faire passer un grand courant d'air frais.
Le PQ, puisqu'il faut bien en parler, n'a jamais été capable de porter avec clarté le projet indépendantiste. Le premier référendum portait sur un mandat de négocier l'union confédérale canadienne si chère à Bernard Landry. Il ne portait pas sur l'indépendance du Québec. Même chose en 1995, malgré la promesse formelle de Parizeau de tenir un référendum uniquement sur la souveraineté. L'indépendance a échoué parce que ceux qui pensaient pouvoir la faire n'ont jamais été capables de d'expliquer clairement ce que tout cela comportait : avantages et inconvénients. Turbulences comprises.
Les péquistes ont préféré la brume référendaire, la nébuleuse politique appelée souveraineté-association. Ils récoltent présentement ce qu'ils ont semé: désabusement, écoeurement, délabrement, abandon, indifférence. Le PQ a fait la cha cha politique qu'on lui connaît et Pauline vient de sortir de la piste de danse. Pas étonnant que tout cela se soit terminé avec la feuille de route de Boisclair, la mise au frigidaire de la cause indépendantiste par les Legault, les Pauline et les autres muselés par la soif du pouvoir.
Une révolution bleue pour remplacer la révolution trop tranquille? Je cherche l'homme ou la femme qui la fera. Je cherche notre Vaclav Havel. On était quelque chose comme un grand peuple, disait René Lévesque, en 1976. On est devenu un pauvre petit peuple qui renie son histoire, sa langue, ses traditions religieuses. Le vide. Il ne reste que les discours creux des politiciens qui naviguent en eaux troubles, invitant à maintenir le cap dans la grisaille, alors qu'ils ont tous perdu le nord.
Nestor Turcotte, Matane
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