Ce matin, j'ai la mauvaise surprise de découvrir en page deux du journal Métro, un article à propos du palmarès en santé du Fraser Institute, décriant le temps d'attente dans le système de santé au Québec, et se permettant de suggérer une place accrue du privé en santé. Ma surprise est avant tout l'importance donnée à cette étude par le journal.
On pourrait s'imaginer que le Fraser Institute est un organisme de recherche indépendant, puisqu'il publie plusieurs recherches comme le palmarès de santé et celui des écoles secondaires. Mais en fouillant un peu sur le site de l'institut, on y découvre rapidement qu'il est piloté par la droite conservatrice canadienne. Preston Maning, Peter McKay et Tom Flanagan y sont Senior Fellow. En regardant les rapports annuels, on peut découvrir que d’autres personnalités politiques conservatrices y sont associées, comme Jean Charest, Ralph Klein, Mike Harris, Stockwell Day, Jim Flaherty et Stephen Harper. On peut aussi questionner la partialité de cet organisme lorsqu'on découvre que des corporations contribuent à l'institut. ExxonMobil donnait 60000$ à l'institut en 2003 (déductible d'impôt!).
En fouillant davantage sur le site internet de l'institut, on découvre que les objectifs du Fraser Institute sont très clairs: Encourager l'élimination des lois qui entravent le libre marché (celles qui protègent les travailleurs, les consommateurs, les citoyens) et éliminer les services publics universels par la privatisation. Ça tourne à l'histoire d'horreur lorsqu'on regarde les moyens utilisés pour atteindre ces objectifs. En plus de faire des "études" complètement biaisées, l'institut forme des étudiants, professeurs et journalistes pour "mieux répandre la foi". Des conférences sont aussi organisées par le Fraser Institute pour discréditer des organismes de défense des citoyens: Campagne discréditant les groupes anti-tabac en 1999, campagne pour discréditer les environnementalistes en 2009.
À quel point cet organisme peut influencer notre société? Pour bien comprendre la puissance de cet organisme, il faut mettre les choses en perspectives: les revenus annuels de l'institut pour 2008 se chiffraient à 13 millions de dollars, dont 38% provenaient de donations corporatives. Pas mal pour un organisme à but non-lucratif. De plus en plus, je vois dans le courrier des lecteurs, dans les journaux et sur internet les rejetons du système d'endoctrinement du Fraser Institute, qui clament haut et fort un appel à la lucidité. La roue est en marche, et ce depuis 30 ans. Nous commençons à voir les effets.