Le mentorat, une valeur ajoutée à la cohésion sociale

Tribune libre


Emploi-Québec a lancé en 2004 le projet Mentorat Québec-Pluriel pour offrir la possibilité aux jeunes adultes issus des communautés culturelles et de minorités visibles de bénéficier d’un encadrement et d’un soutien par l’établissement d’une relation privilégiée avec un mentor.
Le mentorat constitue un jumelage entre un professionnel expérimenté (un mentor) et un jeune (un mentoré) qui désire s’intégrer socioprofessionnellement.
La diversité, qui est certes source de richesse, peut néanmoins entraîner des tensions et des problèmes de gestion de main-d’œuvre. Pour cette raison, le mentorat est plus que nécessaire.
Sylvestre Roy-Chenier, (Québécois d’origine) intervenant social au Centre de santé et de services sociaux de la Pointe-de-l’Île, contribue à l’effort d’intégration des nouveaux arrivants au Québec et adapte le mentorat à une réalité interculturelle : « Je veux lui [le mentoré] faire part des réalités de la société québécoise, en lui parlant de l’histoire du Québec, en lui faisant découvrir des référents de la culture québécoise. »
Un rapprochement interculturel permet de rompre l'isolement de ces néo-Québécois, qui sont parfois isolés et par définition sont en difficulté vis-à-vis de la société (le chômage), vis-à-vis de la recherche d’emploi (ils ne connaissent pas les spécificités du monde du travail québécois, ils viennent juste d’arriver et vivent des problèmes d’acculturation, ils ne maîtrisent pas encore les méthodes dynamiques de recherche d’emploi, etc.).
La création du lien social rompt l’isolement et atténue le sentiment de découragement qui peut naître chez les immigrants. Comme la recherche d’emploi est un véritable parcours de combattant, le mentoré a parfois besoin d’une « petite tape dans le dos » encourageante. Cette approche psychosociale apporte une certaine confiance à l’immigrant.
L’immigrant perçoit chez le Québécois une ouverture et une certaine volonté de l’aider à trouver son propre chemin. Ce coup de main renforce davantage le développement du sentiment d’appartenance à la société d’accueil, la cohésion sociale et le vivre ensemble. L’éthique de la solidarité et du principe du « donner et du recevoir » constituent le ciment de ces initiatives citoyennes.
La solidarité est le produit de la réciprocité qui se traduit entre les acteurs sous forme d’échanges d’expériences, de conseils, de dialogues et d’aides.
La contribution du mentor permet un renforcement des liens, une meilleure compréhension et une ouverture face à la relation interculturelle et intergénérationnelle.
Certains participants essaient de mettre tous les atouts de leur côté afin de surmonter les difficultés liées aux exigences des ordres professionnels, à la non reconnaissance des diplômes et des acquis, et à la barrière linguistique. C’est, par exemple, le cas de Georgina Halladjian, originaire de l’Argentine et arrivée au Québec depuis juillet 2008 : « Je continue à étudier le français… Depuis que je suis arrivée à Montréal, je suis des ateliers de recherche d’emploi et j’apprends comment le marché de travail fonctionne ici. Je fais du mieux que je peux pour m’intégrer à la société. Je sais que je vais réussir, c’est une question de temps. » conclut-elle.
Les relations de ces acteurs (mentors-mentorés) qui sont en interaction les uns avec les autres reposent sur une certaine confiance mutuelle impliquant une réciprocité fondée sur le bénévolat et le volontariat.
Les jeunes adultes ont besoin de repères et de modèles de réussite et le mentor en offre un : lui-même.
Les membres de minorités visibles ne constituent pas un problème mais sont, au contraire, une solution aux problèmes de pénurie de main-d’œuvre. À ce titre, il faut faciliter leur intégration harmonieuse par le biais de la scolarité et du marché du travail. Le développement de la relève et de la diversité est à ce prix!
Le Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé dont la mission est l’intégration sociale et économique des jeunes adultes de 16 à 35 ans dans la société québécoise, participe grâce à son programme Mentorat Québec Pluriel à la dynamisation de ce tissu social.
***
Doudou Sow
Sociologue de formation, spécialisé en Travail et organisations, l’auteur est présentement conseiller en emploi pour le projet Québec-Pluriel Mentorat au Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé (Montréal-Nord).
Il est aussi conférencier et auteur du livre « Analyse sociologique de l’intégration des personnes immigrantes dans la société québécoise » qui paraîtra en février 2010.

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Sociologue de formation, spécialisé en Travail et organisations, l’auteur
est actuellement conseiller en emploi pour le projet Mentorat
Québec-Pluriel au Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé
(Montréal-Nord).





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1 commentaire

  • Frédéric Picard Répondre

    1 mai 2009

    Merci de ce billet, monsieur Sow,
    En effet, vous tracez la voie en matière d’immigration. On doit briser la solitude de l’immigré. Le mentorat, est une très bonne solution. Toutefois, on doit, en parralèle, favoriser le dialogue de la part de la société d’accueil. On doit briser les solitudes. Dans cette mesure, on doit sortir le « ghetto » mental de l’immigrant et placer ce dernier au coeur de la société québécoise.
    Le processus d’emploi est un processus de choix de valeurs. Bien souvent, le processus d’emploi passe par un réseau social bien établit : « Je connais un gars, qui connaît un gars … » Dans cette mesure, le néo-québécois doit s’implanter dans ce réseau social. Faire partie de la gang. Une fois reseauté dans la société d’accueil, un néo-québécois risque beaucoup plus d’y travailler.
    Le mentorat est un pont. Mais encore faut-il traverser le pont et voir de l’autre côté.
    D’où mon conseil, à tous les néo-québécois : Fuyez Montréal Nord, St-Michel, St-Laurent et Parc Extension. Fuyez ces quartiers comme la peste. Installez vous à Hochelaga, Longueuil, Ste-Thérèse, Blainville, Repentigny, ou, pour les plus fortunés, à Boucherville, St-Bruno, Ste-Julie. Si vous avez l’occasion, sortez de la région Montréalaise et installez vous à Rimouski, Trois-Rivières, Saguenay. Si vous avez les sous, inscrivez vos enfants au Hockey. Faites parti d’associations locales. Impliquez-vous dans le mouvement indépendantiste. Prenez la place qui VOUS revient dans VOTRE communauté d’accueil.
    Évidemment, le mentorat peut aider pour faire connaître notre histoire, notre langue, notre culture. Cela va aider l’intégration. Mais c’est seulement lorsqu’on baigne dans la culture d’accueil qu’on peut vraiment la connaître. L’expérience peut paraître intimidante, à prime abord. Mais je suis persuadé que l’expérience est plus efficace, à la fois pour l’immigrant et le québécois (dit de souche).
    Dans cette mesure, la loi 101 est salutaire pour le néo québécois. Au-delà de la simple linguistique, la loi 101 insère, littéralement, les enfants néo-québécois dans le réseau social du Québec.
    L’inverse est tout aussi vrai. L’immigrant ne doit pas voir la société d’accueil comme statique, un mur insurmontable. Le Québec peut changer et adopter certains codes de valeurs de l’immigrant. Le spaghetti s’est implanté comme un met Québécois. Le reel irlandais fait partie de notre folklore. Déjà, le soccer gagne nos terrains l’été. Le Djembe fait de plus en plus partie de nos "set" de percussions. Les maisons multi-générationelles sont, de plus en plus, à la mode.
    Il ne suffit que d’apprendre à se connaître. Plus le mélange sera efficace, mieux nous nous en porterons. Tous.
    Encore une fois, merci de votre intervention, monsieur Sow.
    Frédéric Picard