Le marché de la guerre

NON à l'aventure afghane


À leur deuxième été au pouvoir, les conservateurs profitent lâchement du début juillet, donc de la période des vacances pour les bénévoles pacifistes et étudiants contestataires, ainsi que du long congé estival amorcé par les députés d'opposition de la Chambre des communes, pour endetter le pays de plus de 10 milliards de dollars.
Ils agissent comme ils l'avaient fait l'an dernier et comme les libéraux de Paul Martin l'été précédent, en reniant trois années de suite toutes les conclusions du groupe d'experts Canada 21, à peine vieilles d'une décennie. Cette fois, les forces navales canadiennes changent leur mandat défensif en vocation d'agression armée: trois frégates seront transformées pour faire la guerre. Contre quel pays côtier? L'Afghanistan?
On se souviendra que les frégates, qui devaient coûter un peu plus de 3 milliards, avaient fini par coûter 12 milliards à cause de l'indécision des amiraux quant aux spécifications d'équipements. Unysis-Paramax-XYZ, qui fabriquaient ces derniers, avaient beau jeu d'allonger la facture de façon astronomique. D'autant plus que, changeant de nom à au moins trois reprises, fusions d'industries militaires obligent, ils ont évité commodément toute poursuite légale contre leur travail bâclé.
Car les frégates ont connu les mêmes problèmes d'instabilité que les autres vaisseaux de la Royal Canadian Navy, dont il fallait remplir d'eau aux deux-tiers les cales pour leur éviter de chavirer, et ce sans même subir l'atterrissage des hypothétiques hélicoptères EH 101 de Mme Campbell démontrés trop lourds! On se souviendra aussi de l'inaugurale sortie en fanfare de la première frégate, de longs mois en retard, alors qu'une petite caméra de CTV, branchée à bord, provoqua une panne majeure et générale du fier esquif de Sa Majesté.
Les conservateurs s'engagent aussi à construire une demi-douzaine de vedettes pour l'Arctique. Tiens? Harper nous avait pourtant promis, il y a un an et demi, des brise-glaces! Car comme Bush, il ne croyait pas à l'effet de serre, en grande partie provoqué par l'exploitation de ses sables bitumineux. Le voilà qui vire sur un 10 cennes, cela n'affectant en rien son insouciance à engager plus de 3 milliards pour construire ces vedettes et de prévoir 4 milliards de plus pour leur entretien (celui de leurs coques, malmenées par les icebergs?).
De toute façon, les vedettes ne sont-elles pas ES-SEN-TIEL-LES, puisqu'on soupçonne Al-Qaeda d'approcher la nuit de nos côtes non défendues pour y débarquer en catimini un commando lourdement armé de bombes qui n'aura plus qu'à marcher 2000 km dans la neige pour atteindre un coin habité et y perpétrer ses infâmes forfaits. Cela coûte bien cher, la guerre, direz-vous quand même en renâclant: c'est que vous n'avez pas compris que la guerre, c'est d'abord une business pour engraisser une poignée de riches qui se fout de voir se faire tuer des millions de pauvres...
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Jasmin, Pierre
L'auteur est président des Artistes pour la paix.

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Pierre Jasmin9 articles

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L’auteur est Vice-président des Artistes pour la Paix, professeur titulaire à l’UQAM, membre des exécutifs de Pugwash Canada et du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire, nommé « porteur d’eau » par Eau-Secours et nommé au Cercle des Ambassadeurs de Paix (Genève)





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