HISTOIRE

Le gouvernement Lévesque en six mesures phares

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La seule grand réalisation du Parti québécois demeure la Charte de la langue française voulue par Camille Laurin

Cet été, René Lévesque aurait eu 100 ans. Jusqu’au 24 août prochain, date anniversaire, Le Devoir souligne sur toutes ses plateformes la mémoire du fondateur du Parti québécois, l’un des plus grands premiers ministres de l’histoire du Québec.


1977 — Sommets socio-économiques


Lorsque le PQ arrive au pouvoir, les tensions sont vives sur le marché du travail. Chaque employé québécois cumule en moyenne près de deux jours de grève chaque année, plus du double de ce qui est observé en Ontario. La création des sommets socio-économiques — initiative que chapeaute Bernard Landry, ministre du Développement économique — vise à calmer le jeu entre acteurs économiques. L’arrêté du Conseil exécutif présente alors l’initiative comme un moyen « de rechercher un consensus aussi large que possible » pour assurer le développement économique. Au printemps 1977, environ 130 participants se réuniront au Manoir Richelieu lors du premier sommet : patrons, politiciens, syndicats, représentants des milieux coopératifs et agricoles.


1977 — Protection du français


Le gouvernement Lévesque fait de la protection du français l’une de ses priorités dès son arrivée au pouvoir. L’adoption de la Charte de la langue française (« loi 101 ») en 1977 fait du français la langue de l’État, des tribunaux, de l’enseignement, du commerce et des affaires, mais également la langue normale et habituelle du travail. Elle encadre l’affichage public et la publicité commerciale afin d’accorder une prépondérance à la langue de Molière. Un an plus tard, Bud Cullen, ministre fédéral de l’Immigration, et Jacques Couture, son homologue du Québec, signent une entente fédérale-provinciale sur l’immigration. Cette entente donne des pouvoirs de sélection au Québec en matière d’immigration, notamment en ce qui concerne la langue des nouveaux arrivants.


1978 — Assurance automobile du Québec


Adoptée en 1978, la Loi sur l’assurance automobile a créé un régime d’assurance sans égard à la faute. À partir de ce moment, les indemnités sont établies par le régime d’indemnisation de la Société de l’assurance automobile du Québec. La nécessité de cette loi, René Lévesque l’explique dans Attendez que je me rappelle… par une multitude de raisons, dont le fait que les indemnités ne couvraient pas adéquatement certains accidents : « Avec ce résultat qu’un véhicule sur cinq roulait sans assurance, comme une bombe à retardement. » Une loi qui a bien failli ne jamais voir le jour en raison des dissensions au sein du cabinet des ministres. « J’étais resté presque seul à résister en compagnie de Lise Payette […] [qui] mena tambour battant une campagne furibonde qui emporta le morceau ».


1978 — Protection des terres agricoles


Plus de 20 000 hectares de sols à haut potentiel agricole ont été grugés par l’urbanisation entre 1964 et 1975, selon une étude du ministère des Affaires municipales réalisée en début de mandat du PQ. C’est pour freiner cette saignée que le ministre de l’Agriculture, Jean Garon, présente la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (1978) et la Loi sur l’acquisition de terres agricoles par des non-résidents (1979). Celles-ci ne font pas qu’encadrer la vocation agricole des terres, mais aussi ce qui se déroule comme activités sur les terres cultivables qui représentent 2 % du territoire de la province. L’objectif : protéger le territoire. Il en est de même d’autres initiatives comme le « déclubage » en 1977, soit la fin des droits exclusifs des clubs privés de chasse et de pêche qui avaient alors la mainmise sur une partie de la forêt et des lacs.


1979 — Régime d’épargne-actions


Mis en place en 1979, le Régime d’épargne-actions (RÉA) offre aux Québécois et aux entreprises de la province de déduire l’impôt sur leur revenu en fonction de leurs investissements dans l’achat d’actions d’entreprises d’ici. L’objectif est double : réduire la facture des contribuables tout en stimulant les entreprises québécoises. Jacques Parizeau, ministre des Finances, explique que le but « c’est d’investir dans le Québec, plutôt qu’à Nassau, en Floride ou en Alberta. L’investissement au Québec deviendra plus payant. » Un outil parmi d’autres que proposera le gouvernement Lévesque au fil des ans pour faciliter l’épargne. En 1982, il crée le programme Corvée-Habitation pour financer l’achat de maison à des taux d’intérêt avantageux. L’année suivante, c’est le Fonds de solidarité de la FTQ qui voit le jour.


1982 — Encadrement des employés de l’État


La récession mondiale du début des années 1980 a fortement ébranlé l’économie québécoise. Le taux de chômage dépasse 15 %, l’inflation évolue au-dessus de 10 % et les taux d’intérêt oscillent autour de 20 %. En 1982, un an avant l’échéance des conventions collectives des 320 000 employés du secteur public et parapublic, le gouvernement Lévesque opte pour la ligne dure. Le projet de loi 70 prévoit l’effacement rétroactif d’augmentations salariales promises et entrées en vigueur quelques mois auparavant. Quant à lui, le projet de loi 105 impose les conditions de travail de ses employés pour les trois prochaines années. Finalement, le projet de loi 111 contraint les 80 000 enseignantes et enseignants à retourner au travail sous peine d’amendes individuelles. C’est le point de rupture entre le gouvernement Lévesque et le monde syndical.