J’ai rarement vu un chef politique, à la tête d’un parti majeur, entrer dans une campagne électorale en étant aussi peu connu du public que Paul St-Pierre Plamondon. Même son nom qui contient trop de syllabes mêle les gens. Le commun des mortels ne lui attribue ni de grandes qualités ni de vilains défauts. On le connaît trop peu.
L’homme gagne à être découvert. Avocat, détenteur d’un MBA de la prestigieuse université Oxford, il a un parcours remarquable. Il pourrait gagner sa vie bien mieux s’il laissait de côté sa passion pour la politique et se concentrait à facturer des heures dans un grand bureau d’avocats.
Passionné, courageux, il a une personnalité qui est une intéressante combinaison d’idéalisme profond et en même temps de réalisme par rapport à ce qui est faisable dans l’immédiat.
Il incarne certainement le côté idéaliste du Parti Québécois et se fait un devoir d’être un fier porteur de la flamme indépendantiste si chère à ce parti.
Il faut souligner sa victoire lors de la course à la direction du Parti Québécois. Au départ, il semblait partir de loin face à l’humoriste Guy Nantel et au député Sylvain Gaudreault. Comme une fourmi, il a fait le travail de terrain et a fini premier au fil d’arrivée. Il a prouvé ses qualités de stratège, son ardeur au travail et sa capacité de gagner.
Tâche ardue
Ce jour-là, il est devenu chef du PQ, un parti qui vit un constant déclin dans l’opinion publique depuis un quart de siècle. La tendance semble lourde. Le pourcentage de votes obtenu par le PQ en 2018 était le plus bas de son histoire, cinq points en dessous du résultat de 1970, alors que le PQ était un nouveau parti vivant sa première participation électorale.
Paul St-Pierre Plamondon s’est fait dire et redire depuis deux ans que tout allait mal et que le pire était encore à venir. Pas facile de tenir la barre et de garder le moral. Face à la tâche colossale de renverser la vapeur, il a fait la seule chose logique : revenir à des convictions fondamentales.
Le message du PQ est clair et sera clair dans cette campagne. Le PQ est un parti résolument indépendantiste qui veut défendre l’identité québécoise et la langue française avec encore plus d’ardeur que la CAQ. Simple, précis, tranché, à prendre ou à laisser. Ce virage fut fait de façon crédible et le chef porte ce message d’une façon cohérente même si ce n’est pas la mode du jour.
Deux réalités électorales
Il y a une complication supplémentaire sur le chemin du chef péquiste. Il tente de se faire élire dans l’est de Montréal. Or, le PQ est devenu un parti circonscrit à presque mille kilomètres de là, sur la Côte-Nord et surtout en Gaspésie. Cela représente un défi tant en kilométrage que pour les choix de thèmes stratégiques.
Les attentes envers le chef du PQ sont très basses. Il a les atouts pour dépasser les attentes.
La côte sera néanmoins abrupte.