gambit, nom masculin Sens : Aux échecs ou au jeu de dame, le terme est utilisé dans la stratégie du jeu qui consiste à sacrifier un pion pour prendre l’avantage au cours de la partie [Jeux]. Anglais : gambit http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/gambit/ Pour l’instant, il s’agit du gambit du premier ministre de l’Écosse et chef du Scottish National Party (SNP), Alex Salmond, mais s’il réussit, il pourrait passer à l’histoire comme « le gambit écossais ». Dans un accord historique conclu avec le premier ministre du Royaume-Uni, David Cameron, Alex Salmond, a donc renoncé, en échange de l’engagement du Royaume-Uni à reconnaître les résultats d’un référendum sur l’indépendance qui doit avoir lieu en 2014, à la possibilité de soumettre à l’électorat une question ambiguë, ou un troisième choix autre qu’un « oui » ou un « non », en l’occurrence l’option Devo-Max, une mouture de souveraineté-association. Pour les indépendantistes qui ont vécu durement l’expérience du référendum de 1995, et pour moi en particulier qui en ai vécu le quotidien dans le feu de l’action à titre de ministre chargé des études référendaires, ce développement vient littéralement nous fouiller dans les tripes et attiser la braise qui couve toujours sous les cendres de la défaite. À regarder Salmond aller, il est évident qu’il a tiré quelques leçons de notre expérience. Il faut dire qu’en 1994, lorsque le PQ a été élu avec le mandat de tenir un référendum sur l’indépendance, certaines questions de bases n’avaient pas encore été réglées, notamment sur la question de la légalité d’une démarche de sécession du Canada. Cette question n’a été réglée qu’en 1998, avec l’opinion exprimée par la Cour suprême du Canada dans le « Renvoi relatif à la sécession du Québec », [1998] 2 R.C.S. 217. Je ne saurais trop conseiller à quiconque porte un intérêt soutenu aux questions juridiques soulevées par la tenue d’un vote sur l’indépendance de relire attentivement le texte de cette opinion http://scc.lexum.org/fr/1998/1998rcs2-217/1998rcs2-217.html. On retiendra toutefois en gros que la question de l’indépendance en est davantage une de légitimité démocratique que de légalité, mais que, ultimement, cette légitimité, acquise au prix d’une réponse claire à une question claire, devrait trouver un aboutissement dans des textes qui auraient force de loi. C’est donc devant cette référence obligée que les Québécois se seraient retrouvés dans l’hypothèse de la tenue d’un nouveau référendum, et nombre d’indépendantistes, trouvant la barrière trop haute, cherchaient des moyens de contourner cet obstacle. Or, il y a tout lieu de croire que la démarche convenue entre le Royaume-Uni et l’Écosse aurait valeur de précédent entre le Canada et le Québec, et que la déclaration du premier ministre David Cameron à l’effet que le Royaume-Uni « ne peut en aucune façon garder un pays en son sein contre la volonté de son peuple » aurait valeur de principe en common law et serait opposable à un premier ministre du Canada qui prétendrait agir autrement dans le cas du Québec. Et dans un contexte où le Canada « renoue » comme il le fait actuellement avec ses racines britanniques, un Stephen Harper (si cela devait être lui) n’aurait aucune marge de manoeuvre pour ce faire. Malgré la sévérité de la contrainte qu’il vient d’accepter en contrepartie de la reconnaissance préalable par Londres de l’issue du référendum, et bien que son option ne recueille en ce moment qu’entre 28 et 33 % d’appuis, Salmond affiche tous les signes de l’optimisme. C’est que, malgré l’opposition féroce à laquelle il s’attend, il mise sur une détérioration rapide des conditions économiques au Royaume-Uni d’une ampleur telle qu’elle amènera tous les Écossais à remettre en question l’opportunité d’y appartenir, et à conclure que leurs perspectives seraient meilleures si l’Écosse s’en détachait. C’est d’ailleurs l’opinion qu’exprimait le plus haut mandarin de la fonction publique britannique, Sir Gus O’Donnell, dans une déclaration choc faite au moment de prendre sa retraite en décembre dernier http://www.telegraph.co.uk/news/politics/8971787/Sir-Gus-ODonnell-The-UK-faces-break-up.html. À quelques variations mineures près, nous allons subir en Amérique du Nord la même détérioration de la situation économique qu’en Europe, et les Québécois vont se retrouver confrontés au même choix que les Écossais, comme les Catalans bientôt, comme les Flamands aussi http://www.linternaute.com/actualite/depeche/afp/17/1016038/la_victoire_des_independantistes_flamands_un_coup_de_semonce_pour_la_belgique.shtml?utm_source=benchmail&utm_medium=mail&utm_campaign=ML356_E10232289&f_u=1560557, et comme tous les autres peuples qui renâcleront à porter un fardeau qui n’est pas le leur. Notons enfin qu'il n'y a aucune indication que la majorité requise pourrait être différente que la majorité absolue, soit 50 % + 1. De quoi donner des frissons dans le dos à ceux qui, comme Lysiane Gagnon encore ce matin, estiment nécessaire une « solide majorité » pour que le Québec devienne indépendant http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/lysiane-gagnon/201210/15/01-4583577-ni-ni-et-deni.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_lysiane-gagnon_3265_section_POS1. Que cela nous plaise ou non, grâce ou à cause de l’Écosse selon les vues de chacun, les règles du jeu viennent de se préciser pour l’accession du Québec à l’indépendance.
Indépendance de l’Écosse
Le gambit de Salmond
Les règles du jeu viennent de se préciser pour l’accession du Québec à l’indépendance
Tout le monde en place pour un set ! « Reel » écossais endiablé en perspective Texte repris sur http://french.irib.ir/analyses/commentaires/item/219338-ind%C3%A9pendance-de-l-ecosse-le-gambit-de-salmond-par-richard-le-hir
Richard Le Hir673 articles
Avocat et conseiller en gestion, ministre délégué à la Restructuration dans le cabinet Parizeau (1994-95)
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6 commentaires
Archives de Vigile Répondre
18 octobre 2012Ça aussi c'est très intéressant. Et c'est pratiquement en corollaire aux arguments de monsieur Le Hir : http://french.irib.ir/info/international/item/219773-le-québec-moins-à-risque-d-un-défaut-de-paiement
Archives de Vigile Répondre
16 octobre 2012Monsieur Le Hir,
Je vous remercie pour votre analyse qui met en évidence des points communs très intéressants se rapportant à l'Écosse et au Québec quant à leur accession à la souveraineté.
Je constate que vos écrits font le tour du monde:
http://french.irib.ir/analyses/commentaires/item/219338-ind%C3%A9pendance-de-l-ecosse-le-gambit-de-salmond-par-richard-le-hir
Archives de Vigile Répondre
16 octobre 2012Salmond n'a pas le choix...La question ne doit pas faire mention d'association et est quasiment rédigée par Londres...et les derniers sondages donnent 28 % pour le oui...C'est un politicien habile, Cameron et le Royaume-Uni ne sont pas dans la meilleure position, la crise économique est là et va s'aggraver...personne ne peut prédire le résultat. Ne pas oublier que le SNP est arrivé au pouvoir à cause de la division du vote et d'un scrutin uninominal à un tour.
En ce qui concerne la Catalogne, la Belgique (ou ce qu'il en reste...), maintenant la Vénétie, il serait important de rappeler que ceci fait bien les affaires des USA qui ont toujours envisagés le développement de l'Union Européenne et de l'Euro comme un obstacle à la poursuite de leur mainmise économique. Ils n'avaient pas la même opinion au moment de la guerre froide...Moscou n'est plus là...Les USA ont été derrière la création de la communauté du charbon et de l'acier, au départ, pour contrer l'influence soviétique. La monnaie unique est un échec mais il reste bien des choses en Europe, libre circulation des citoyens, abolition de la peine de mort, droits démocratiques, etc, qui n'existent tout simplement pas ailleurs.
Attribuer le prix Nobel de la Paix a l'Europe, a été tout simplement ridicule.
Quand Bill Clinton a recu le "prix Charlemagne" en l'an 2000, son discours qui vantait bruyamment les régionalismes, les particularismes, était un modèle de la politique américaine vis à vis de l'Europe...
Nos amis américains aiment bien les "régionalismes" quand ceci n'arrive pas trop dans leur cour arrière....
Archives de Vigile Répondre
16 octobre 2012Monsieur Le Hir, je pense que vous vous faites des illusions, même si M. Salmond gagne son pari, le Parlement anglais ne respectera jamais sa parole ou son engagement. Idem pour le Canada, l'un et l'autre peuvent promettre n'importe quoi, ils vont trouver toutes sortes d'excuses pour ne pas respecter leurs engagements. Dans le common law, la coutume l'emporte toujours sur la loi.
Archives de Vigile Répondre
16 octobre 2012Il se passe un peu la même chose en Catalogne actuellement où les conditions économiques se dégradent mais où les Catalans indépendantistes doivent affronter un adversaire un peu plus rude, c'est-à-dire le vieux fond fasciste qui hante encore l'Espagne.
En Flandres c'est un peu le même principe. Pourquoi faire partie d'un pays alors qu'on serait plus riche avec un nouvel État?
Au Québec, il suffit de lire le livre de Stéphane Gobeil (Un gouvernement de trop) pour comprendre que le Québec en est rendu là : quel intérêt avons-nous de rester dans un pays dans lequel on ne cesse de s'endetter?
Malheureusement, nos leaders souverainistes sont absolument incapables d'exploiter ce filon. Avez-vous entendu à quelque part Pauline Marois reprendre en détails les arguments et les chiffres dévoilés par Stéphane Gobeil?
Au contraire, ne vient-elle pas de déclarer à Paris qu'un référendum était impensable actuellement et qu'elle s'en tiendrait à défendre les intérêts du Québec?
Avez-vous déjà entendu à quelque part un premier ministre du Québec déclarer qu'il ne défendait pas les intérêts du Québec, même le pire des fédéralistes?
Pierre Cloutier
Archives de Vigile Répondre
16 octobre 2012Imaginez un OUI carotté à 50% plus un? Et une acceptation des Lords de London? Chauds les marrons à Tawa!
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Pas drôles les finances publiques dans la City. Le déficit national atteint 8,30% du PIB. C'est comme si Marceau était dans le rouge de...27 milliards!
A 8,30%, la GB est à 20 centimes de... l'Espagne! Et à 1,30% de la...Grèce
https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/rankorder/2222rank.html
188 United Kingdom -8.30 2011 est.