Le français de Michael Sabia

Mais le fait qu’il s’exprime avec beaucoup moins d’aisance dans notre langue officielle que dans sa langue maternelle risque de faire une grande différence.

CDPQ - Où va Michael Sabia?


Michael Sabia a appris le français et il «est capable de s’exprimer, vous le voyez très bien», a insisté le président du conseil de la Caisse de dépôt, Robert Tessier, en conférence de presse de vendredi. De fait, nous avons pu constater que le nouveau patron de la Caisse est non seulement capable de s’exprimer en français, mais qu’il le fait sans réserve, n’hésitant pas à se lancer dans des explications détaillées en plusieurs points.

André-Philippe Côté, Le Soleil 15 mars 2009

Que Michael Sabia parle des «dépousants» de la Caisse ou dise «je suis tout à fait sur la même page de Robert» a peu d’importance. Mais si on a de la difficulté à le suivre, ça risque de devenir un problème. Et c’est arrivé à quelques reprises vendredi. Notamment lorsqu’il a voulu justifier son bilan à la tête de BCE. «Le reste est histoire», a-t-il conclu. Effectivement, il fallait connaître l’histoire de BCE pour comprendre de quoi il venait de parler, tant ses explications étaient laborieuses. «La Caisse agir dans une sens une université parce que la formation de nos gens ici extrêmement importante», a-t-il aussi indiqué en énumérant les façons dont l’institution peut contribuer à l’économie du Québec. Par moments, il fallait attendre la phrase suivante, ou traduire mentalement en anglais, pour deviner à quoi il voulait en venir.
Le président de la Caisse va se faire poser des questions difficiles au cours de la prochaine année. Aura-t-il la capacité d’y répondre de façon convaincante? En anglais, je n’en doute pas une seconde. L’ancien mandarin fédéral est visiblement très à l’aise dans les grands ensembles et n’a aucun mal à résumer des enjeux complexes en quelques phrases. Mais en français? La glace est très mince.
Et ça n’a rien à voir avec de la xénophobie. La Caisse n’avait pas seulement besoin d’un nouveau président, mais d’un leader éloquent, capable de redonner confiance aux Québécois. Qu’il soit ontarien, américain ou japonais importe peu. Mais le fait qu’il s’exprime avec beaucoup moins d’aisance dans notre langue officielle que dans sa langue maternelle risque de faire une grande différence. En tout cas, ça ne va pas l’aider à défendre l’institution qu’il représente.


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