Le double discours de la ministre de l'Éducation

Tribune libre



par Gabriel Hébert-Tétrault · Sur Facebook
Quelques exemples du double discours de la ministre de l'Éducation Line Beauchamp:

- Elle refuse de reconnaître que les étudiants sont en grève parce qu'ils ne sont pas des salariés au sens du Code du travail. Pourtant, lorsqu'elle remet en cause la légitimité des votes de grève qui ne sont pas tenus au scrutin secret, elle justifie sa critique par le fait que tout vote de grève pris en vertu du Code du travail doit obligatoirement être tenu au scrutin secret;

- Elle a reproché vendredi dernier aux leaders étudiants d'avoir rejeté les propositions du gouvernement en quelques heures sans avoir pris le temps de les étudier sérieusement. Pourtant, hier, elle a rejeté l'essentiel des propositions de la FEUQ et de la FECQ après quelques heures à peine "d'étude sérieuse"...;

- Elle reprochait à la CLASSE de refuser de condamner clairement la violence alors que la FEUQ tenait un discours presque identique à celui de la CLASSE sur ce sujet;

- Elle reproche à la CLASSE d'avoir eu besoin de quelques jours pour obtenir de ses membres le mandat de condamner la violence, condition qu'elle avait établie à la présence de la CLASSE à la table de discussion, alors que La Presse nous apprenait samedi dernier qu'elle a eu besoin d'un mois pour convaincre le conseil des ministres de lui donner la latitude suffisante pour rencontrer les associations étudiantes;

- Elle déplore que les étudiants en grève n'aient pas respecté son ordre de trêve de 48 heures, alors que, pendant ces mêmes 48 heures, le premier ministre à appelé les étudiants à retourner en classe et les demandes d'injonctions contre la grève ont continué de pleuvoir;

- Elle exclut la CLASSE des négociations pour le motif qu'une manifestation, qui a été déclarée illégale en cours de déroulement, avait été affichée sur le site de la CLASSE, alors que, dans son ordre de trêve, il était entendu qu'elle "tolérerait" les manifestations mais qu'elle demandait l'arrêt des actions de "perturbations économiques" et de "désobéissance civile". En d'autres mots, elle exigeait que le webmestre de la CLASSE soit capable de prédire l'avenir et qu'il ait la clairvoyance de refuser de placer sur le site web des informations concernant une manifestation qui, selon la police, est devenue illégale en cours de route;

- Elle condamne le fait que les leaders étudiants soient incapables de contrôler certains éléments perturbateurs, mais elle garde le silence sur les commentaires incendiaires du ministre Dutil qui impute à Gabriel Nadeau-Dubois la responsabilité de toutes formes de violences et elle garde le silence sur les nombreux commentaires haineux et aggressifs des partisans de la hausse des frais de scolarité;

- Après avoir exclu la CLASSE des discussions, elle invite la FEUQ et la FECQ à revenir à la table de discussion, laissant entendre que les deux fédérations étudiantes étaient des interlocutrices légitimes, contrairement à la CLASSE. Deux jours après avoir constaté que la FEUQ et la FECQ refusaient de la rencontrer en l'absence de la CLASSE, elle affirme que TOUTES les associations étudiantes étaient de mauvaise foi durant les discussions et qu'aucune d'entre elles n'étaient des interlocutrices légitimes...;

- Elle reproche aux associations étudiantes de ne faire aucune "concession" concernant le gel des droits de scolarité, alors qu'elle se comporte comme si le montant total de la hausse n'est pas négociable;

- Elle a toujours refusé d'utiliser les termes "grève", "négociations", "médiation", "offres", et elle reproche aux étudiants de ne pas faire de "concessions";

- Elle remet en cause la légitimité des leaders étudiants parce que 70% des étudiants ne sont pas en grève mais elle passe sous silence le fait que 80% des citoyens lui demandent de négocier avec les leaders étudiants. Et elle passe sous silence que les 70 % d'étudiants qui ne sont pas en grève n'approuvent pas nécessairement sa hausse. Et elle passe sous silence que, si l'on évalue la démocratie au travers du prisme qu'elle nous suggère, moins de 25 % des électeurs ont voté pour le Parti Libéral lors des dernières élections et donc que, bien que son gouvernement soit majoritaire, les trois-quarts de la population ne l'appuie pas...
Gabriel Hébert-Tétrault

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