Le coup de poignard de Lucien Bouchard

Tribune libre



Le dévoilement de la statue de Robert Bourassa a permis de réunir la trinité politique qui chapotait le camp du «OUI» en 1995. Les retrouvailles circonstancielles ne semblent pas avoir été accompagnées d'embrassades très conviviales. Les reportages télévisés ont laissé planer un froid sibérien entre Parizeau et Bouchard. Qui plus est, la poignée de mains pro forma s'est vite transformée en affrontement verbal, en coup de poignard bien planté. Observateur de cette chicane de famille plus ou moins improvisée, Mario Dumont, pour se trouver une place au journal télévisé de fin de soirée, s'est vite dépêché d'encenser son mentor, celui qui inspire habituellement ses prises de positions bien tranchées.
Ainsi donc, autour d'un bronze saluant les quatre mandats de l'ancien premier ministre Bourassa, la famille du Oui de 1995 a montré son vrai visage, tant d'années camouflé. Ils étaient trois, il faut bien se le rappeler, à nous dire en 1995, qu'en votant pour le Oui, la souveraineté allait se réaliser. Onze ans plus tard, la coalition éphémère de ces belles années, vient publiquement de se fractionner. La raison? Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures pour la trouver. Ces trois hommes n'avaient en fait, aucune affinité. Parizeau voulait la souveraineté et voulait que le peuple vote sur la souveraineté. Bouchard parlait de souveraineté mais, dans les faits, voulait une fédération renouvelée. Quant à Mario Dumont, il suivait son mentor dans la même foulée.
L'astuce a failli fonctionner. Le temps aidant, elle vient d'être dévoilée. Si le OUI l'avait emporté, Parizeau aurait tout fait pour que les négociations proposées ne puissent pas se réaliser. Ainsi, il aurait fait la souveraineté sans que le monde soit véritablement consulté. Les Québécois, en 1995, en toute réalité, n'ont fait que voter pour refaire une nouvelle Confédération veillotte et usée. Le prétexte était habile, car à cette époque, on n'avait pas encore la loi sur la clarté.
Il faut admirer Parizeau, car c'est le seul homme politique au Québec qui n'a jamais dévié. Il s'est fait avoir dans les derniers droits par les dumontistes et les bouchardistes confédérés. Le camp artificiel du Oui ne pouvait qu'un jour éclaté. L'occasion d'une statue dévoilée aurait permis de voir le spectacle des pots cassés.
Alors, pour ceux qui ont encore le courage, il faut recommencer. Qui prendra sur ses épaules la charge de tout expliquer et de dire combien d'efforts il faudra payer pour faire le pays de la liberté?


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