Le contrôle de la C Series cédé à Airbus: le pire deal de notre histoire

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Le contrôle de la C Series cédé à Airbus: le pire deal de notre histoire

De toutes les ventes d’entreprises québécoises ou de leurs filiales aux étrangers, le plus mauvais «deal» à voir le jour jusqu’à présent, c’est d’avoir cédé gratuitement le contrôle de la C Series à Airbus. Et ce, après avoir vu Bombardier investir 8 milliards $ dans son développement, dont 1,3 milliard $ par le gouvernement Couillard.


Au fil des décennies, on a perdu le contrôle de plusieurs sociétés québécoises qui ont fait l’objet d’acquisition ou de fusion de la part d’entreprises étrangères.


Pensons à Rona, Biochem Pharma, Alcan, Domtar, Cambior, Van Houtte, le Cirque du Soleil, Molson, Provigo, Seagram, Tembec, Canam, etc. Mais aucune d’entre elles n’a fait l’objet d’une aussi mauvaise transaction pour le Québec.


Pour vous montrer à quel point on a l’air colonisé dans la transaction de la C Series, Bombardier a même donné en cadeau à Airbus un bloc de 100 millions de bons de souscription, qui vaut à lui seul aujourd’hui plus de 300 millions de dollars.


Comble d’insulte, la C Series se fait radier son nom pour devenir un Airbus A220-300. Les génies de Bombardier qui ont conçu et développé ce super avion ne deviennent aujourd’hui que des porteurs d’eau québécois aux yeux des dirigeants d’Airbus.


Et pour clouer le bec aux Québécois mécontents de la transaction et leur faire sentir qu’ils ont bel et bien perdu le contrôle de la C Series, Airbus, dont le siège social est pourtant en France, pousse l’affront jusqu’à diffuser en anglais seulement le communiqué du changement de nom de C Series pour Airbus A220-300.


À QUI LA FAUTE


Que Bombardier veuille s’associer à Airbus pour commercialiser sa gamme d’avions C Series, c’est défendable, compte tenu de la guerre de tranchées que lui livrait Boeing.


Ce qui est par contre injustifiable dans la transaction, c’est d’avoir cédé gratuitement le contrôle de la C Series à Airbus et de voir le premier ministre Philippe Couillard et sa ministre responsable du dossier, Dominique Anglade, baisser les bras devant cette transaction.


Pour M. Couillard, il s’agissait d’une « nouvelle positive pour le Québec et avant tout pour les travailleurs du secteur aéronautique ».


De son côté, pour la ministre Anglade : « Il n’y avait pas d’autres options » que de céder le contrôle de la C Series à Airbus. « Quand on a présenté l’entente avec Airbus, pour avoir regardé toutes les options sur la table, c’était inévitable », a-t-elle précisé.


SIGNE DE FAIBLESSE


Après avoir injecté 1,3 milliard $ dans la survie de la C Series, le gouvernement Couillard a béatement accepté que Bombardier donne la C Series à Airbus, tout en acceptant de voir sa participation dans la Société en commandite de la C Series fondre de 49,5 % à seulement 16 %.


Avec un tel investissement gouvernemental dans la C Series, on se serait attendu à ce que M. Couillard et Mme Anglade se montrent plus exigeants envers le « deal » et protègent mieux les intérêts des Québécois.


Il ne fallait pas laisser la haute direction de Bombardier conclure une telle « vente de feu ».


Alors que Bombardier et Québec poussent notre bonasserie jusqu’à donner 300 millions de dollars (valeur des bons de souscription de Bombardier) à Airbus en plus de lui offrir gratuitement 50,01 % de la C Series, la grande rivale brésilienne de Bombardier, Embraer, se fait offrir un super « deal » par Boeing.


Le géant aéronautique américain offre à Embraer une somme de 3,8 milliards $ US (5 milliards $ canadiens) pour créer une coentreprise, contrôlée à 80 % par Boeing et à 20 % par Embraer, qui chapeautera « la totalité des activités d’Embraer » dans les domaines de l’aviation commerciale.


À SURVEILLER


À la lumière de la vente de feu de la C Series, rien ne garantit que la haute direction de Bombardier et son actionnaire majoritaire, la famille Beaudoin Bombardier, ne chercheront pas maintenant à liquider la filiale Bombardier Transport, dans laquelle nous avons investi 2 milliards de dollars par l’entremise de la Caisse de dépôt et placement du Québec.