Le cauchemar du PLQ

Québec 2007 - PLQ - la suite

Sherbrooke — C’est un rôle d’équilibriste qui semble attendre Jean Charest pour les prochaines années, alors que la vague adéquiste a frappé de plein fouet les libéraux réunis dans une ambiance funeste hier soir dans Sherbrooke.
Dans une salle quasiment déserte du Centre des congrès, des partisans libéraux, pour la plupart des organisateurs, ont encaissé avec la mine basse l’annonce qu’ils formeraient un gouvernement sans une majorité de sièges. Cela avait des allures d’une consolation. L’inquiétude est toutefois demeurée palpable puisque leur chef Jean Charest a tiré de l’arrière jusqu’à tard en soirée.
«C’est une courte victoire, mais c’est une victoire», a déclaré le président du Parti libéral du Québec, Marc-André Blanchard. «Les Québécois veulent envoyer un message. Il faudra prendre quelques jours pour décoder tout ça», a-t-il ajouté, visiblement surpris par le choix des électeurs.
Le seul ministre ayant résisté à la vague
Depuis sa nouvelle circonscription de Jean-Talon, Philippe Couillard, le seul ministre à avoir résisté à la vague adéquiste dans la grande région de Québec, a invité les troupes libérales à se relever les manches, à écouter la population et à tirer des leçons. «La première chose à faire, c’est de retourner à ce qui nous définit comme parti politique, ces principes que Claude Ryan a nommés: la justice sociale, le développement économique, la démocratie, le respect de la société civile, l’appartenance au Canada», a affirmé M. Couillard.
Selon Marc-André Blanchard, il y a dans ce vote adéquiste tant un message pour le gouvernement libéral qu’une remise en question du Parti québécois. «Il y a une variation dans le message selon les régions. Je reconnais qu’il y a un véritable désir de changement», a dit M. Blanchard.
Les sondages des derniers jours laissaient entrevoir la probabilité d’un gouvernement minoritaire. Ce serait la première fois depuis 1878 que le Québec ne se donnerait pas un gouvernement avec une majorité absolue des sièges. Depuis 2004, l’exemple de gouvernements minoritaires successifs au fédéral ne semble pas suscité des craintes dans la population.
«Je demande un mandat fort.» C’est ainsi que Jean Charest a démarré la campagne électorale le mercredi 21 février. Depuis une semaine, il a plaidé pour un gouvernement majoritaire, question de ne pas affaiblir le Québec.
Mais c’est à un autre scénario que seront confrontés les libéraux. Jean Charest aura les commandes entre les mains, mais il devra conjuguer avec son adversaire adéquiste Mario Dumont, qui devient chef de l’opposition.
Marc-André Blanchard ne croit pas qu’une alliance formelle avec un des partis d’opposition soit possible. «Je pense que ça va se faire politique par politique. Mais il est encore trop tôt pour le dire. Ce que je sais par contre, c’est que Jean Charest travaille par consensus. C’est quelqu’un qui tend la main. À cet égard, je suis sûr qu’il va faire un travail exceptionnel», a soutenu M. Blanchard.
Malgré les résultats, M. Blanchard continuait à affirmer que le chef libéral a mené «une excellente campagne», qu’il a bien défendu le bilan du gouvernement libéral, «un gouvernement compétent qui a fait des choix courageux».
Arrivés avec la fermeture des bureaux de scrutin à 20h, les partisans libéraux ont écouté les bras croisés les résultats qui étaient égrenés à la télévision. Trente minutes plus tard, la salle s’est quelque peu animée avec la réélection sans surprise des ministres Jacques Dupuis (Saint-Laurent) et Lawrence Bergman (D’Arcy McGee). Mais au fur et à mesure que l’Action démocratique du Québec engrangeait les votes, la tension se faisait de plus en plus grande.
Au moins trois ministres n’ont pas été réélus. Il s’agit de Carole Théberge dans Lévis, de Pierre Corbeil dans Abitibi-Est et de Françoise Gauthier dans Jonquière. L’un des principaux lieutenants de Jean Charest dans la région de Québec, le ministre de la Santé Philippe Couillard (Jean-Talon), a résisté à la vague adéquiste. Par contre, le ministre des Transports, Michel Després, a mordu la poussière dans Jean-Lesage.
Les Raymond Bachand (Outremont), Monique Gagnon-Tremblay (Saint-François), Nathalie Normandeau (Bonaventure), Claude Béchard (Kamouraska-Témiscouata) et Monique Jérôme-Forget (Marguerite-Bourgeoys) demeurent en poste. Trois candidats-vedettes deviennent députés: l’ex-journaliste de Radio-Canada, Christine St-Pierre, Pierre Arcand dans Mont-Royal et Nicole Ménard dans Laporte.
Ce n’est que vers 23h30 que les militants ont finalement rempli la salle, attendant le discours de leur chef.


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