Charest a-t-il un dauphin ?

Québec 2007 - PLQ - la suite


Jean Charest a deux décisions à prendre avant même d'amorcer sa réflexion sur le remaniement ministériel : est-ce Philippe Couillard qui lui succédera à la direction du Parti libéral, et lequel de ses ministres a le doigté, la compétence et le goût du sacrifice nécessaires pour prendre la direction du ministère de la Santé.
Inutile, d'ici là, de spéculer sur la formation de ce Conseil des ministres, toutes les pièces du casse-tête ne trouveront leur place qu'une fois ces deux questions résolues.
M. Charest n'admettra jamais son intention de quitter la politique avant la fin de son mandat, mais le sujet fait déjà l'objet de discussions dans les hautes sphères du Parti.
Le premier ministre sait que les Québécois ne donnent généralement que deux mandats d'affilée à leurs gouvernements, et que ses chances de remporter un troisième mandat sont minces. Il voudra donc planifier son départ. Contrairement aux péquistes, qui sont impitoyables avec leurs chefs, les libéraux laisseront M. Charest préparer sa sortie avec élégance.
Il voudra être là pour les grands événements entourant les Fêtes de Québec 2008, et notamment le Sommet de la francophonie, dont la tenue à Québec lui sera créditée. Comme l'espérance de vie des gouvernements minoritaires dépasse rarement deux ans, il est raisonnable de croire que le chef libéral annoncera son départ à la fin de 2008, permettant au Parti de se donner un nouveau chef au printemps de 2009.
Son successeur pourra demander un nouveau mandat sans délai, évitant ainsi le sort réservé à André Boisclair, qui s'est fait griller par ses critiques et ses adversaires pendant un an et demi avant le déclenchement des élections.
Le sort réservé à Philippe Couillard sera révélateur des intentions de M. Charest. S'il veut en faire son dauphin, le premier ministre doit lui réserver un ministère à vocation économique qui le mettra en contact avec les décideurs et lui donnera l'occasion de bâtir ses appuis. Oubliez la présidence du Conseil du trésor : le premier mandat de son titulaire est de dire non aux demandes budgétaires des ministres et des députés. Bien mauvais pour quelqu'un qui veut se faire des amis...
S'il veut le faire "briller parmi les meilleurs", M. Charest pourrait nommer M. Couillard au Développement économique, à l'Énergie ou aux Ressources naturelles, d'où il pourrait présider à l'annonce de bonnes nouvelles ou encore au développement des ressources hydroélectriques et éoliennes.
Si le départ de Philippe Couillard de la Santé semble acquis, son remplacement fait problème. Ce n'est pas un hasard si les observateurs ont déjà accordé ce poste à Monique Jérôme-Forget : c'est que personne n'en veut. Pauline Marois pourrait vous en parler : sa cote de popularité était plus élevée que celle de Bernard Landry avant qu'elle ne soit nommée à la Santé. Elle s'est retrouvée derrière M. Landry à la fin de son mandat... Monique Jérôme-Forget a la couenne dure et est en fin de carrière, mais il est douteux qu'elle se porte volontaire. Le ministère des Finances lui irait comme un gant, et elle a déjà beaucoup donné à son parti en présidant au douloureux rapport de force avec les employés de l'État pendant deux ans et demi.
Jean Charest a fait de la santé sa priorité au cours de la dernière campagne électorale. Avant tout autre scénario, il doit identifier qui, dans sa députation, a le profil nécessaire pour répondre aux attentes de la population et devenir la tête de Turc quotidienne de l'opposition à l'Assemblée nationale.
Des volontaires ?
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