Depuis 1996, le jour le plus long de l'année correspond aussi, au Canada, à la Journée nationale des autochtones. Cette journée vise à célébrer l'apport généreux des peuples autochtones à la société canadienne et à reconnaître les différentes cultures de ces peuples à l'échelle nationale.
Des milliers de Canadiens, autochtones et non autochtones, participeront à des cérémonies de l'aube, à des pow-wows et à d'autres célébrations locales partout au pays aujourd'hui. Mais nos célébrations ne doivent pas nous faire oublier que les peuples autochtones ont été maltraités par le passé et que bon nombre d'entre eux doivent composer, chaque jour, avec un déficit social.
Le Canada a toujours figuré en tête de liste ou parmi les premiers rangs de l'indice de développement humain des Nations unies. Sur les 16 classements publiés entre 1990 et 2005, le Canada a été premier à neuf occasions. Or les faits sont différents pour les Canadiens autochtones. En 1998, le ministère des Affaires indiennes et du Nord a calculé l'indice de développement humain uniquement pour les Premières Nations et a conclu que celles-ci auraient été classées 63es sur cette même échelle. C'est choquant, mais c'est surtout un obstacle à la croissance, et nous devons le surmonter.
Il y a urgence. La population autochtone au Canada est beaucoup plus jeune et croît beaucoup plus rapidement que la population non autochtone. Cette jeunesse nous donne une véritable chance de contribuer de manière significative à l'avenir du Canada. Si nous pouvons anéantir la pauvreté qui menace les autochtones, nous aurons fait un grand pas vers la réussite du Canada.
Toutefois, nous ne réussirons que si nous sommes prêts à écouter et à consulter les peuples autochtones pour trouver des solutions. Mon prédécesseur, Paul Martin, l'a reconnu et a invité les dirigeants de cinq associations autochtones nationales canadiennes à négocier avec le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires pour conclure l'accord de Kelowna. C'était un moment historique.
Le gouvernement actuel a adopté une stratégie différente qui, malheureusement, ne fonctionne pas. En fait, ces derniers mois ont été empreints de déception pour les peuples autochtones. Le gouvernement conservateur a refusé de présenter ses excuses pour les séquelles des pensionnats indiens.
Il se dit champion des droits de la personne des Premières Nations, mais il a renversé la position du Canada sur la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, faisant de notre pays un des deux seuls à voter contre le projet de déclaration au Conseil des droits de l'homme. Ainsi, les conservateurs ont montré qu'ils ne s'intéressent pas aux revendications que les Premières Nations font valoir depuis toujours.
Malheureusement, la liste des échecs s'allonge. Le gouvernement a sabré le financement en faveur des autochtones dans les domaines des langues, de la santé, de l'éducation et de l'infrastructure. Il n'a pas réglé la question de l'eau potable dans les localités autochtones et a refusé de reconnaître le fait que 27 000 enfants autochtones sont placés dans des familles d'accueil parce que le gouvernement ne prend pas les mesures préventives nécessaires pour aider les familles et les maintenir unies.
Mais nous avons eu quelques bonnes nouvelles. Début juin, les conservateurs ont annoncé qu'ils présenteraient un nouveau projet de loi pour créer un tribunal de revendications territoriales, basé sur un modèle déjà proposé par un sous-comité du Sénat. L'idée d'un organisme indépendant chargé de régler de telles revendications n'est pas nouvelle: c'est un gouvernement libéral qui a adopté le texte de loi visant à créer un organisme similaire en 2003. Et j'appuie depuis longtemps une telle mesure.
Toutefois, composer avec le retard dans des revendications particulières n'est qu'une partie du problème. Nous devons faire tout notre possible pour améliorer la qualité de vie des peuples autochtones au pays. Cela signifie qu'il faut lutter contre la pauvreté, régler la question des soins de santé et le problème du logement et faire en sorte que la prochaine génération d'autochtones au Canada ait une vie meilleure que la génération précédente.
Nous pouvons préparer un avenir brillant, tant pour les autochtones que pour les non-autochtones. Cela commence par l'écoute et par la pleine participation des peuples autochtones du Canada aux décisions qui ont des répercussions sur leur vie. C'est une leçon que le Parti libéral a apprise grâce à des années d'efforts et de consultation. Espérons que c'est une leçon que le gouvernement peut apprendre lui aussi.
Stéphane Dion : Chef du Parti libéral du Canada
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