Le Canada doit agir comme pacificateur

Par Bill Graham

Géopolitique — Proche-Orient


Alors que les dirigeants du monde s'efforcent de définir un accord de cessez-le-feu et une mission de maintien de la paix réalistes au Moyen-Orient, le premier ministre Stephen Harper semble en contradiction avec la communauté internationale et notre caractère national.
Certes, les partisans du virage pris par le premier ministre dans la politique étrangère du Canada prétendent que notre pays a peu contribué à la pacification des régions déstabilisées. Toutefois, à mesure qu'un nombre croissant d'États s'alignent sur certaines puissances dans le conflit au Moyen-Orient, de moins en moins sont capables de traiter avec toutes les parties. La position conservatrice ignore l'apport exceptionnel du Canada aux Nations unies au cours du dernier demi-siècle, où nous avons exercé une influence modératrice sur ceux qui étaient prêts à lancer des attaques diplomatiques insensées contre Israël.
Depuis la création d'Israël, les Canadiens souscrivent à son existence. Nous avons également reconnu que les organisations terroristes, comme le Hezbollah, menacent l'existence d'Israël et les chances d'une paix durable. Israël doit avoir le droit de se défendre contre un ennemi qui s'oppose à son existence, mais le droit de se défendre est toujours subordonné au droit international. Il faut des modérateurs pour rendre le dialogue possible.
Une politique étrangère canadienne juste et équilibrée permet de conserver les moyens de servir d'intermédiaire, en contribuant à réconcilier des ennemis plutôt qu'en souscrivant aux positions d'une partie ou l'autre.
Plutôt que d'encourager les efforts internationaux en faveur d'un cessez-le-feu, le gouvernement Harper a jugé qu'il fallait laisser libre cours à la violence.
Le seul moyen d'empêcher la mort d'innocents est la cessation des hostilités par toutes les parties. Un cessez-le-feu immédiat est une première étape indispensable à tout progrès vers une paix durable.
La poursuite des violences nuit à la sécurité d'Israël à long terme et met en péril la possibilité pour le Liban d'être un pays libre et démocratique, condition essentielle à la paix. Un cessez-le-feu donnera à la communauté internationale une chance d'encourager la conclusion d'un arrangement plus formel, encadré par les principes fondamentaux suivants :
Un accord de paix durable doit garantir la sécurité et d'Israël et du Liban, ainsi que de leurs citoyens, victimes innocentes d'un conflit dont elles ne sont pas responsables.
Tout accord doit être basé sur le respect des frontières de pays souverains et sur le droit humanitaire international, c'est-à-dire, le rétablissement de la souveraineté du Liban sur l'étendue de son territoire.
Possibilité rejetée
Il est navrant que le gouvernement Harper ait rejeté la possibilité que le Canada continue à jouer au Moyen-Orient le rôle de rapprochement des parties en cause. Maintenant que nous avons adopté une position alignée sur celle du gouvernement Bush, le Canada ne sera plus vu comme un intermédiaire indépendant et crédible, prêt à faciliter toute initiative constructive.
Le gouvernement Harper risque non seulement de faire perdre au Canada ses moyens d'agir en tant qu'intermédiaire équitable sur la scène internationale, il compromet également la coexistence harmonieuse de tous les Canadiens ici au pays. La politique étrangère canadienne ne doit pas contribuer à importer au Canada la haine et la violence. Nous avons la responsabilité envers tous les Canadiens, mais en particulier envers ceux qui sont venus chercher ici une vie plus paisible, de mesurer nos propos et nos actes pour ne pas attiser les flammes de l'intolérance.
Par leur position, les conservateurs tournent en dérision les contributions du Canada à la paix par le passé, et démontrent leur incompréhension de cet aspect important de notre caractère national. Les libéraux continuent de penser qu'en tant que Canadiens, nous sommes exceptionnellement bien placés pour encourager un dialogue pacifique entre nos nombreuses communautés culturelles afin de promouvoir un consensus qui préserve la paix et la sécurité au pays, et qui pourrait contribuer à apporter une solution aux troubles que connaît actuellement le monde.
Bill Graham, chef par intérim du Parti libéral du Canada


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