Le 5 septembre

Tribune libre


Nicolas Bourdon
On éprouve énormément de difficulté à appréhender l’effet d’un événement tant que le dit événement ne s’est pas produit; la véracité de cette lapalissade ne m’a jamais paru aussi tangible qu’en ce moment. Si je comprends bien ce qui se passe sur le terrain, pour reprendre une expression chère aux politiciens, des milliers d’électeurs (parmi lesquels je retrouve plusieurs de mes plus chers amis!) s’apprêtent à donner leur vote à Québec solidaire ou à Option nationale, même si ces deux partis n’ont aucune chance dans leur comté respectif.
Essayons d’imaginer un peu ce que sera le Québec le 5 septembre au regard d’une question qui me touche profondément, le conflit étudiant. La CAQ ou le PLQ est élu. Une chose est certaine : les deux partis vont maintenir la hausse et rien ne dit qu’ils ne décréteront pas une autre hausse pendant leur mandat. Et peut-être, plus profondément, ils pourraient modifier les lois pour empêcher le soulèvement étudiant qu’on a connu de se reproduire. Ne me dites pas que Legault et Charest ne seront pas tentés de donner un poids législatif à leur vision et leur vision est la suivante : pour eux, on ne peut parler de grève en ce qui concerne les étudiants; il faut plutôt parler de boycott. En ce moment, le droit de grève des étudiants est mal encadré : aucune loi ne l’empêche, aucune loi ne la permet, mais il est de tradition, au Québec, que les établissements d’enseignement respectent les mandats de grève votés par les étudiants. Cette vision respectueuse de la démocratie étudiante pourrait voler en fumée après l’élection de la CAQ ou du PLQ. Mais non il faut quand même voter selon son cœur ! C’est d’une importance capitale ! Il faut voter selon ses désirs et ce même si les programmes électoraux du PQ, de QS et d’ON ne sont pas aussi éloignés les uns des autres que ce que veulent bien nous faire croire les plus farouches partisans de chacun de ces trois partis. La situation du Québec le matin du 5 septembre : c’est la seule chose qui doit motiver notre vote. Le fait que Pauline Marois soit trop matante, qu’elle ait mal parue lors des débats ou qu’elle ait changé sa coupe de cheveux sont des aspects qui ne sauraient conditionner la façon dont je vote.
Françoise David elle-même – Françoise ! La grande gagnante des débats de l’avis même de Legault et de Charest (à propos, vous ne trouvez pas un peu louche que ces deux comparses l’encensent alors que QS représente une vision politique diamétralement opposée à la leur ?) - souhaiterait que le PQ forme le gouvernement à défaut de voir QS porté au pouvoir et elle sait fort bien que QS ne formera pas le gouvernement; il n’y a pas de vague orange en vue et il ne reste que douze jours aux élections… Concluons donc par un problème éthique, hypothétique bien entendu, que je pose à Françoise : « Si vous aviez le choix entre gagner un ou deux comtés de plus que ce que prévoient présentement les sondages, tout en sachant que cette victoire entraînerait l’élection d’un gouvernement caquiste ou libéral, ou bien perdre un ou deux comtés, tout en sachant que cette perte serait compensée par une victoire péquiste. Que choisiriez-vous ? » Je pense qu’elle choisirait la victoire péquiste, mais je n’en suis pas certain; si vous êtes proches de Françoise, vous pourriez le lui demander…


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    24 août 2012

    Au Québec, les libéraux et la CAQ se divisent également le vote. Cependant au Québec, il y a plus d'Elvis Gratton partisans du "chacun pour soi" et du "au plus fort la poche" que de personnes désireuses d'un véritable changement au Québec, ce qui fait que c'est moins grave pour eux de diviser la vote.
    De plus, les Elvis Gratton sont souvent animés d'une telle haine des "intellectuels" et des "idéalistes" qu'ils savent s'unir pour empêcher l'élection d'un parti avec un projet, donc plus idéaliste, comme le PQ.
    Le problème, c'est que les souverainistes votent avec leur tripes et ont donc plus de difficulté à voter stratégique.