La tentation du populisme

LeGO, un jeu pour enfants... Vous voyez ce grand imposteur comme Premier ministre? Après JJC, ça suffit!



À la fin de 2007, Mario Dumont, qui continuait à surfer sur la vague des accommodements raisonnables, s'en était pris aux centres de la petite enfance, qu'il accusait d'acculturer nos enfants. Imaginez, on ne pouvait même plus y parler de Noël!
François Legault, qui faisait encore partie des ténors du PQ, se désolait avec raison de le voir «s'enfoncer dans le populisme». Selon lui, cela expliquait en bonne partie pourquoi l'ADQ dégringolait dans les sondages.
Que faut-il donc penser des propos qu'il a tenus récemment à Longueuil? À l'en croire, les parents ont raison de penser que les cégeps sont «une maudite belle place pour apprendre à fumer de la drogue et puis à décrocher». Si ce n'est pas du populisme, c'est quoi?
«C'est un peu une caricature», a nuancé M. Legault dans une entrevue accordée au Journal de Montréal, s'empressant toutefois d'ajouter qu'il y avait «un fond de vérité» dans ce qu'il avait dit.
Rassuré d'apprendre que le démantèlement du réseau collégial ne serait pas une priorité immédiate pour un gouvernement Legault, le président de la Fédération des cégeps, Jean Beauchesne, a préféré conclure à une improvisation malheureuse, dans la mesure où le cofondateur de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) a simplement répondu à la question d'un étudiant qui l'interrogeait sur la «pertinence» des cégeps.
C'est faire preuve d'une bien grande indulgence. Il est vrai que M. Legault manifeste parfois une candeur qui peut être rafraîchissante, mais il a trop d'expérience pour «échapper» par inadvertance une déclaration comme celle-là.
Aux yeux de certains électeurs susceptibles d'être séduits par un nouveau parti de droite, la drogue symbolise peut-être tous les maux de notre temps, mais il est navrant de voir M. Legault céder à la tentation de cultiver les préjugés en ciblant ainsi les cégeps. Et s'il pense réellement ce qu'il a dit, c'est encore plus inquiétant.
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Ce n'est évidemment pas la première fois que le maintien d'un réseau collégial distinct soulève des interrogations. Au début des années 1990, même le PLQ avait jonglé avec l'idée de le faire disparaître en ajoutant une année au secondaire et une autre au premier cycle universitaire, comme cela se fait ailleurs.
En 2003, une étude que la Fédération des commissions scolaires du Québec avait commandée au fiscaliste Denis Bédard en était même arrivée à la conclusion que cette restructuration ferait épargner 1,3 milliard à l'État.
L'année suivante, le Forum sur l'avenir de l'enseignement collégial, organisé par le gouvernement Charest, avait cependant été unanime à recommander le maintien du système mis sur pied dans les années 1960.
Il n'est certainement pas mauvais de remettre certaines choses en question, même celles qui paraissent immuables, mais l'analyse qui a amené M. Legault à conclure qu'il y a «un problème avec nos cégeps» n'est pas très convaincante. Brasser les structures ne devrait pas être une fin en soi.
Le taux de diplomation au niveau préuniversitaire se compare avantageusement à ce qu'on retrouve dans le reste du pays. D'ailleurs, s'il veut sérieusement s'attaquer au décrochage scolaire et à la consommation de drogue chez les jeunes, l'accent devrait plutôt être mis sur le niveau secondaire.
Lors de son passage en Gaspésie, à la mi-septembre, certains avaient reproché à M. Legault son insensibilité à la situation difficile que vivent les régions, parce qu'il rejetait l'idée de protéger les circonscriptions menacées de disparition par le redécoupage de la carte électorale.
Sa position sur les cégeps semble traduire la même incompréhension du rôle socio-économique qu'ils jouent en région, où on ne retrouve pas les mêmes réseaux institutionnels que dans les grands centres. Au départ, il aurait peut-être été plus économique d'éviter la création d'une nouvelle structure, mais tout ne se mesure pas en termes comptables.
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Pour M. Legault, cet incident devrait avoir valeur d'avertissement. Jusqu'à présent, il a eu la partie relativement facile. Sous prétexte qu'une simple coalition ne peut pas avoir un programme aussi complet qu'un parti politique, il a pu choisir à sa guise les sujets dont il voulait traiter tout en évitant les plus embarrassants.
À partir du moment où il devient éminemment «premier ministrable», chacune de ses déclarations sera scrutée à la loupe. Mario Dumont avait fait la même expérience en 2003. Tant que l'ADQ était un tiers parti relativement marginal, on s'était contenté de sourire de l'originalité de certaines de ses propositions. Les problèmes ont commencé quand elle s'est mise à grimper dans les sondages.
Comme celles de l'ADQ, les solutions proposées par la CAQ peuvent sembler s'inspirer du gros bon sens, mais il n'y a parfois qu'un pas de la simplicité au simplisme. La question nationale? Bah, il suffit de l'ignorer!


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