La tempête frappe aussi Desjardins

Les excédents ont fondu de plus d'un milliard en 2008

Le Québec et la crise

Les impacts directs et indirects du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) et de la crise financière ont totalisé 1,172 milliard après impôts et ont influé gravement sur les résultats financiers du Mouvement Desjardins en 2008. Celui-ci a vu ses excédents avant impôts régresser de 92,9 % pour l'ensemble de l'année et même de 274,4 % au quatrième trimestre. Malgré tout, Desjardins s'attend à ce que les caisses de son réseau puissent verser environ 200 millions en ristournes, ce qui est tout de même beaucoup moins qu'en 2007, alors que les provisions avaient été de 595 millions.
Les excédents avant ristournes aux membres ont donc été limités à 78 millions dans cet exercice financier terminé le 31 décembre dernier, en comparaison de 1,1 milliard en 2007. Sans l'impact négatif des PCAA et de la crise financière, les excédents auraient atteint 1,25 milliard. «Desjardins, comme bien d'autres institutions financières dans le monde, n'a pu totalement échapper aux effets de cette tempête, et nous devons tous en tirer des enseignements», a déclaré Monique Leroux, présidente et chef de la direction, en avouant qu'elle aurait préféré annoncer de meilleurs résultats au terme ou presque de sa première année à la présidence de Desjardins.
Elle aura d'ailleurs elle-même à en subir un impact financier personnel, puisque la décision a été prise de ne verser aucune prime de performance à tous les hauts dirigeants et gestionnaires de Desjardins et de ses filiales. Pour l'avenir, Mme Leroux a parlé de «prudence et de confiance». Elle prévoit que 2009 sera une meilleure année. «Nous aurons tout de même à faire preuve de vigilance pour bien gérer les suites de cette crise financière et économique avec les conséquences que cela peut représenter pour notre Mouvement, nos caisses et nos membres.»
Le dossier du PCAA continuera donc de hanter les gestionnaires de Desjardins et de bien d'autres institutions financières. Il y a eu une dévaluation cumulative du PCAA qui est passée de 30 % en septembre 2008 à 41 % au 31 décembre, après la prise en compte des intérêts courus, sans quoi la dévaluation aurait été de 45 %. Cette évaluation a été faite selon les règles de l'art comptable à la juste valeur marchande. Or, celle-ci peut changer dans le temps, à la hausse ou à la baisse. Il faudra voir comme les marchés financiers vont se comporter. Dans l'ensemble des garanties de 18 milliards apportées dans la restructuration décidée dans le cadre de l'Accord de Montréal la part de Desjardins est d'environ 1,2 milliard.
Mme Leroux a insisté pour dire que Desjardins n'a jamais été un promoteur, ni un vendeur de PCAA. Sa détention directe dans son bilan n'était que de 181 millions au moment de l'éclatement de la crise en août 2007. Dès lors, Desjardins a pris à sa charge tout le PCAA détenu par ses membres dans leurs fonds de placement de type marché monétaire et le PCAA géré pour le compte de ses clients institutionnels, surtout des organisations publiques et des caisses de retraite, des membres de Desjardins en grande partie, mais pas uniquement des membres.
L'exploitation va bien, la capitalisation est solide
Abstraction faite de ces éléments particuliers et malheureux, Desjardins aurait présenté en 2008 de très bons résultats. Son rendement des capitaux propres aurait été de 12,4 % au lieu de 0,8 %. La croissance de ces excédents aurait été de 4,3 %. Le réseau des caisses a pour sa part augmenté ses excédents d'exploitation de 11 % pour atteindre 693 millions. L'actif a augmenté de près de 6 % pour se situer à 152 milliards. À 13,39 %, le ratio de capital de première catégorie demeure d'excellente qualité. «Notre capitalisation est constituée à 90 % de réserves, ce qui représente une assise des plus solides et des plus rassurantes»», a précisé la présidente, qui a par ailleurs annoncé que dès qu'il y aurait «une fenêtre disponible», Desjardins lancerait une émission de dettes subordonnées. Il y a en outre, une grande demande de la part des membres des caisses pour des parts permanentes, qui pourraient être offertes dès le mois de juin prochain. Mais, pour l'instant, on encourage les caisses à verser davantage d'excédents à leurs réserves, ce qui aura pour conséquence de réduire le montant des ristournes de 64 % par rapport à l'an passé. Il appartient en fait à chacune des caisses de déterminer le montant des ristournes qu'elle veut remettre à ses membres.
Mme Leroux a conclu la présentation de ces résultats financiers en annonçant qu'un plan d'évolution du Mouvement est en préparation. Il s'agit d'un plan de travail pour la construction de perspectives et la définition des moyens pour la réalisation des ambitions de Desjardins, ce dont elle parlera plus amplement lors des assemblées générales annuelles à la fin de ce mois.


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