Norman Delisle - Trente ans après l'adoption de la Charte de la langue française en 1977, les transferts linguistiques des immigrants favorisent encore la langue anglaise au Québec.
En effet, seulement 46 pour cent des immigrants qui parlaient une tierce langue ont choisi le français comme langue d'usage à la maison, selon les dernières données.
Les autres qui ne connaissaient ni l'anglais ni le français, soit une majorité de 56 pour cent, ont opté pour l'anglais. C'est une très légère amélioration par rapport à 1996, où trois immigrants sur cinq choisissaient l'anglais.
Notons cependant qu'à peu près la moitié des immigrants connaissent déjà le français à leur arrivée, et s'intègrent facilement au Québec.
Mais il reste encore beaucoup à faire, ont constaté mercredi les membres de la commission parlementaire de la Culture, qui étudiaient les crédits annuels consacrés à la politique linguistique du Québec.
Les représentants des partis d'opposition ont manifesté leurs inquiétudes sur l'avenir du français à cette occasion.
«Il y a nécessité de maintenir la vigilance», a souligné le porte-parole de l'opposition adéquiste, François Benjamin, député de Berthier. Ce dernier a mis en évidence les difficultés que connaît le français sur le réseau Internet, la dérive générale quant à la qualité de la langue parlée et les difficultés d'instaurer le français comme langue de travail au Québec.
Pierre Curzi, député de Borduas et porte-parole péquiste dans le dossier linguistique, a rajouté: «On ne peut pas s'empêcher d'être inquiet, particulièrement à Montréal». M. Curzi dit avoir constaté «une recrudescence de l'utilisation de l'anglais» depuis quelque temps dans la région métropolitaine.
Il y a eu l'an dernier 3272 plaintes portées à l'Office québécois de la langue française au sujet de transgression à la Charte de la langue.
Dans 96 pour cent des cas, on a cherché par conciliation à en venir à une entente à l'amiable avec le fautif et à l'inciter à se conformer à la loi. Seulement 92 dossiers ont été transmis au Procureur général pour qu'une accusation soit portée devant les tribunaux, a expliqué la ministre responsable du dossier, Mme Christine Saint-Pierre.
Il n'y a plus que quatre inspecteurs en poste à l'Office et ils ont dû procéder chacun en moyenne à 727 inspections l'an dernier.
Un certain nombre de plaintes concernent la langue de l'affichage commercial. La loi permet l'affichage dans une autre langue que le français, mais en autant que l'utilisation du français soit prioritaire sur l'affiche.
Par ailleurs, la ministre Saint-Pierre entend développer cette année la qualité du français, notamment sur le réseau Internet.
«La qualité du français utilisé sur Internet n'est pas toujours à la hauteur, notamment sur les blogues», a-t-elle dit.
Un comité du ministère de l'Éducation se penche actuellement sur tout le dossier de la qualité du français sur Internet. Son rapport est attendu pour l'automne prochain.
Le budget annuel pour l'Office québécois de la langue française est cette année de 18,5 millions $. Il n'a à peu près pas bougé depuis cinq ans; il était de 18,3 millions $ en 2003.
La situation du français demeure inquiétante au Québec
Trente ans après l’adoption de la Charte de la langue française en 1977, les transferts linguistiques des immigrants favorisent encore la langue anglaise au Québec
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