Groupe de travail sur le financement de la santé

La scénariste de <i>L'Illusion tranquille</i> au côté de Castonguay

Le choix de l'ADQ se porte sur Joanne Marcotte

Commission Castonguay


Québec -- Joanne Marcotte, la réalisatrice et scénariste de [L'Illusion tranquille->rub354], ce documentaire et pamphlet qui conclut à l'échec du modèle québécois, représentera l'Action démocratique du Québec au sein du groupe de travail chargé de revoir le financement de la santé au Québec, groupe présidé par Claude Castonguay.
Jointe hier, Johanne Marcotte estime qu'elle partage déjà bien des idées avec Claude Castonguay, cet ancien ministre libéral de la Santé dans les années 1970 et l'un des artisans du régime d'assurance-maladie. M. Castonguay préconise aujourd'hui le recours au secteur privé pour éviter la débâcle du système public de santé. «Le monopole public, l'État unique payeur, il ne suffit pas, c'est clair», a confié au Devoir Johanne Marcotte, qui rencontre ce matin Claude Castonguay.
«Ce avec quoi je suis d'accord -- et je pense que ça commence à faire consensus parmi la population -- c'est que le monopole public en santé ne livre plus la marchandise», a-t-elle avancé.
Dans L'Illusion tranquille, un documentaire de 72 minutes réalisé sans subvention aucune, un «brûlot néolibéral», aux dires de certains critiques, Johanne Marcotte tire à boulets rouges sur les politiciens, libéraux ou péquistes, qui perpétuent le mensonge du modèle québécois, un modèle qui serait rongé par un syndicalisme exacerbé et caractérisé par l'uniformité des programmes sociaux universels comme les garderies à 7 $.
Joanne Marcotte est devenue membre de l'ADQ au lendemain de la déconfiture du parti de Mario Dumont en 2003. «Je me suis jointe à eux; je trouvais qu'ils faisaient pitié», a-t-elle confié en riant. Elle a alors commencé à s'intéresser non pas à la politique, mais «aux politiques publiques», a-t-elle tenu à préciser, en travaillant avec son conjoint au scénario du documentaire. Le film fut projeté en 2006 dans des salles de cinéma à Québec et Montréal, notamment, et il fut diffusé à la télévision au Canal D.
Détentrice du baccalauréat de l'Université Laval en informatique de génie, Mme Marcotte a travaillé au Mouvement Desjardins et dans le secteur public à la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST) et à la Société d'assurance d'automobile du Québec (SAAQ). Il y a environ six ans, elle a décidé de se «consacrer aux affaires de [son] conjoint», qui est conseiller en sécurité financière, a-t-elle indiqué.
En présentant son budget le 24 mai, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a annoncé la création du groupe de travail présidé par Claude Castonguay qui doit faire en décembre des recommandations sur le recours au financement privé pour les services de santé. La ministre a offert aux deux partis d'opposition de désigner chacun un membre de ce groupe de travail.
Au Parti québécois, on a hésité avant d'accepter de participer à ce groupe de travail. Mais il est clair que la volonté de Pauline Marois d'ouvrir le parti à de nouvelles idées a servi de mot d'ordre. «Nous devons accepter de nous ouvrir à des formes nouvelles et audacieuses de collaboration entre le secteur privé, le secteur communautaire et le secteur public», écrivait-elle dans un texte publié hier, pour marquer le dépôt de sa candidature à la direction du PQ. Le parti n'a toutefois choisi personne encore pour le représenter au sein du groupe de travail.
Rappelons que M. Castonguay s'était montré sévère à l'égard de certaines initiatives du ministre de la Santé et des Service sociaux, Philippe Couillard. Il a jugé «décevante» la loi 33 qui, à la suite du jugement Chaoulli de la Cour suprême, permet le recours à l'assurance privée pour trois types de chirurgies seulement: le remplacement de la hanche ou du genou et le traitement de la cataracte. Cette loi contribue à entretenir le flou entourant l'apport du privé, estime M. Castonguay. L'ancien ministre libéral estime aussi que le concept de clinique privée affiliée tel que préconisé par M. Couillard pour soulager le réseau public «ne mène nulle part».
Dans une allocution qu'il a prononcée le mois dernier devant l'Institut économique de Montréal et dans un rapport qu'il co-signé pour le centre de recherche CIRANO, Claude Castonguay a fait valoir que le financement public des services de santé a atteint sa limite, alors que le système de santé n'arrive plus à répondre à la demande. Il prône l'instauration d'une contributions des usagers, ou ticket modérateur, ainsi que l'introduction d'assurances privées pour des services fournis exclusivement par le système public à l'heure actuelle. Les médecins devraient aussi pouvoir pratiquer tant au public qu'au privé, ce qui requiert un changement dans la Loi canadienne de la santé.
«Ce n'est pas infini le nombre de façons qu'on peut utiliser» pour financer les soins, a fait valoir Mme Marcotte. Il faut aussi tenir compte du principe d'accès équitable et de la pénurie de main-d'oeuvre qui affecte le réseau. «C'est assez complexe. C'est un beau défi», estime Joanne Marcotte.


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