La santé reste l'épine au pied de Charest

Québec 2007 - Parti libéral du Québec



par Richer, Jocelyne - PC
Québec - Attendre des heures et des jours aux urgences. Attendre des mois pour obtenir un rendez-vous avec un médecin spécialiste. Attendre encore le jour béni où l'opération requise sera enfin pratiquée.
Ces tristes réalités, bien connues de quiconque fréquente le système de santé du Québec, devaient disparaître par enchantement avec l'élection des libéraux en 2003.
Mais, en cette fin de 2006, force est d'admettre qu'elles font toujours partie du décor, et tout indique qu'il faudra se résigner à vivre encore longtemps avec ces travers du système.
Pourtant, l'attente, " mot honni " des libéraux de Jean Charest, ne devait pas seulement être réduite, mais complètement " éliminée " du réseau de la santé.
Au moment de se faire élire, M. Charest invitait même la population à juger son futur gouvernement sur sa capacité de remettre le système de santé sur les rails. Si elle le prend au mot, il pourrait avoir de mauvaises surprises au prochain scrutin.
Car malgré un effort réel et soutenu de la part du gouvernement - qui s'est traduit par d'importantes injections de fonds en santé, une réorganisation du réseau et combien de politiques et de réformes législatives - le monstre ne s'est toujours pas laissé mater.
Dans certains cas, les choses vont mieux; dans d'autres, elles sont pires qu'avant.
Par exemple, entre 2003 et 2006, le temps médian d'attente entre une consultation chez l'omnipraticien et un rendez-vous avec un spécialiste est passé de huit à 10 semaines, a indiqué l'Institut Fraser en octobre.
Par contre, une fois qu'on a vu le spécialiste, on attend un peu moins pour l'opération : 8,3 semaines, au lieu de 10,7.
Radio-oncologie
Dans son bilan de session, présenté le 18 décembre, le premier ministre Charest se vantait d'avoir pratiquement éliminé les délais d'attente hors norme en radio-oncologie.
Il a cependant passé sous silence toutes les autres affections où la performance du gouvernement est moins spectaculaire.
Actuellement, on compte environ 35 000 noms sur la liste des patients qui doivent attendre une intervention chirurgicale plus longtemps que la limite jugée médicalement acceptable. C'est quand même une amélioration par rapport à l'époque où le gouvernement a pris le pouvoir, alors qu'on en comptait plus de 44 000. N'empêche, on est loin du compte si on rappelle que la liste devait être ramenée à zéro.
D'ailleurs, devant l'évidence, le gouvernement a fini par ajuster son discours.
En septembre dernier, le ministre de la Santé, Philippe Couillard, a déclaré que le gouvernement procédait désormais " par étapes ".
Pendant ce temps, dans les urgences des hôpitaux, la situation est toujours aussi difficile. La réorganisation du réseau, qui devait libérer des lits et diminuer la durée des séjours aux urgences, n'a pas eu les effets escomptés.
En sus des budgets prévus, en cours d'année, le ministre Couillard a donc dû allonger 50 millions supplémentaires pour permettre aux hôpitaux de mieux gérer leurs listes d'attente. Puis, il y a quelques semaines, il a injecté 16 millions supplémentaires pour désengorger les urgences dans certaines régions où la situation devenait alarmante.
Mais le gouffre est sans fond et les gains, minimes.
Entre 2003 et 2006, le nombre de séjours de plus de 48 heures aux urgences n'a même pas chuté d'un point de pourcentage. Et la proportion des séjours de plus de 24 heures est elle aussi demeurée stable, passant de 27,7 % à... 26,8 %.
D'aucuns sont d'avis que la seule façon de réduire l'attente et de rendre le système enfin plus efficace serait d'autoriser une contribution accrue du secteur privé, question explosive s'il en est.
D'autres brandissent le spectre de " la santé à deux vitesses " à la moindre allusion à une possible cohabitation public-privé.


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