La rue Amherst devient la rue Atateken

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Amherst devient Atateken : Pourquoi choisir un mot mohawk ?!?


La rue Amherst à Montréal se défait de son nom controversé et s’appellera désormais « Atateken », un nom mohawk qui rend hommage à l’héritage autochtone de la ville. La mairesse Valérie Plante en a fait l’annonce vendredi matin, résultat de consultations qui ont duré plus d’un an.




Après des années de controverse, la rue qui fait référence au général britannique Jeffery Amherst, surnommé le « père de la guerre bactériologique » pour avoir offert des couvertures infestées par la variole aux Autochtones, est enfin rebaptisée.


La mairesse Plante, de même que plusieurs dignitaires, dont les grands chefs de Kanesatake et de Kahnawake Serge Simon et Joseph Norton, étaient réunis au parc Miville-Couture, à l'intersection de la rue Amherst et du boulevard René-Lévesque, pour l'inauguration de la nouvelle plaque.


Le nouveau nom de l'artère montréalaise deviendra officiel « à la fin de l'été  », a annoncé la mairesse.



Se voulant plus « rassembleur », le mot mohawk « atateken » (prononcé a-de-dé-gan) signifie« fraternité  » ou encore « groupe de personnes ou des nations avec qui l’on partage des valeurs », explique Hilda Nicolas, directrice du Centre culturel et linguistique de Kanesatake depuis 26 ans.


C’est elle qui a dirigé le comité de toponymie mis sur pied par la Ville l’année passée pour trouver un nouveau nom à l’artère montréalaise. Les membres du comité – composé de représentants autochtones de différentes nations – se sont rencontrés une demi-douzaine de fois.


Le nom, qu’elle-même a proposé, a fait consensus, assure Mme Nicolas, qui est aussi présidente de l’Association pour la préservation de la langue mohawk.


D’autres noms ont circulé par le passé, dont celui du chef outaouais Pontiac, qui s'est révolté justement contre Amherst, ou celui de la sainte Kateri Tekakwitha. Le nom de la « rue de la paix des braves », accord historique signé entre le premier ministre Bernard Landry et le grand chef cri Ted Moses, avait même été évoqué.


« Mais il fallait refléter les gens dans la rue. Ce nom [atateken] est un nom pacifique, et ne fait pas référence à un groupe particulier », ajoute Hilda Nicolas, fière que la Ville ait choisi un nom mohawk, une langue en voie de disparition.


L'appartenance de Montréal divise


L’historien et consultant wendat Médérik Sioui a salué le choix de la Ville de Montréal. « Je trouve ça tout à fait approprié, parce que c'est avec cette nation-là que la Ville de Montréal a le plus collaboré », affirme-t-il.


Même si Montréal accueille des Autochtones de différentes nations, la métropole est « traditionnellement beaucoup le territoire de la nation kanienʼkéha ou mohawk », ajoute-t-il.


Le débat sur l’appartenance de Montréal divise les communautés scientifique et autochtone. La mairesse Plante, comme le maire Denis Coderre avant elle, amorce souvent ses discours en précisant que Montréal se trouve sur un « territoire mohawk non cédé ». Une allégation que réfutent bon nombre d’historiens, de même que des Wendats et des Anichinabés.


« Mais l'idée, ce n'est pas de mettre une nation contre l'autre  », a affirmé vendredi la mairesse, soulignant que tous les membres du comité de toponymie autochtone se sont mis d'accord sur « Atateken  ».


L'annonce de la Ville fait suite à des appels répétés des communautés autochtones et de politiciens pour abandonner le nom du commandant Amherst. En 2013, l'ancien chef du Bloc québécois Gille Duceppe écrivait : « On ne peut accepter qu’à Montréal existe une rue honorant un génocidaire. »


En 2017, le maire Denis Coderre avait annoncé son intention de rebaptiser l’artère, un geste qui cadrait avec sa stratégie plus large de réconciliation avec les premiers peuples. Une stratégie également adoptée par sa successeure.


Valérie Plante a par ailleurs affirmé vendredi que son administration n'envisage pas de déboulonner la statue d'un autre personnage controversé, John A. Macdonald. La statut de l'ancien premier ministre critiqué pour son rôle dans la création des pensionnats autochtones, est régulièrement la cible de vandalisme.


Avec la collaboration de Ximena Sampson




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