Le premier budget d'un gouvernement conservateur majoritaire est conforme à l'idéologie de ce parti. Sans être aussi austère qu'on aurait pu le craindre grâce à la croissance de l'économie, il redéfinit lentement mais sûrement la place du gouvernement fédéral dans la société canadienne. Les entreprises s'en réjouiront alors que l'environnement, la culture et les provinces moins riches en feront les frais.
Après plusieurs mois de spéculations alimentées par les ballons d'essai alarmistes lancés par le personnel des cabinets ministériels, le septième budget du ministre Jim Flaherty paraît moins radical que prévu. À première vue du moins.
Si tout le monde accueille avec amusement la disparition de la pièce de un cent ou avec joie la hausse de 50 $ à 200 $ de la limite de valeur des biens rapportés de l'étranger, il n'en va pas de même de la hausse progressive de l'âge de la retraite pour les Canadiens qui ont aujourd'hui moins de 54 ans. Car même s'il est vrai que l'espérance de vie s'est accrue, tous les travailleurs n'ont plus la capacité, ou la possibilité, de travailler au-delà de 65 ans. Voilà une mesure inéquitable dont on peut prévoir qu'elle n'entrera jamais en vigueur si les finances du pays sont maîtrisées.
Ce qui semble le cas à la lecture de ce budget qui laisse entrevoir l'élimination du déficit deux années plus vite qu'il y a seulement un an. Grâce à la croissance, des recettes supérieures aux prévisions donnent à Ottawa la marge de manoeuvre nécessaire pour limiter les coupes et faire taire certaines critiques.
Ainsi, alors qu'on avançait la possibilité de compressions de 8 et même de 10 milliards par année, le budget s'arrête à 5,2 milliards comme cible de réductions à atteindre d'ici trois ans. Ce qui n'est pas catastrophique compte tenu de l'importance de la machine fédérale, qui absorbe 75 milliards par année sans les transferts.
Malheureusement, le gros des économies proviendra de la diminution de postes de travail en sus des réductions décrétées depuis trois ans dont on a commencé à sentir les effets à l'assurance-emploi et à Statistique Canada, par exemple. Tous les ministères seront affectés, malheureusement avec insistance dans le cas de l'environnement et de la culture.
Ces choix sont d'autant plus discutables qu'on se rappellera qu'à elles seules, les réductions récentes de l'impôt sur les profits des entreprises ont privé Ottawa de quelque 4 milliards par année, soit l'équivalent de 77 % des compressions annoncées hier.
D'ailleurs, si les conservateurs coupent dans tous les ministères, ils augmentent de 1,5 milliard les sommes disponibles pour ces mêmes entreprises. Certains des changements apportés s'imposaient depuis longtemps, comme la réforme du crédit d'impôt à la recherche devenu un gros pot de bonbons de 3 milliards, mais d'autres sont plus discutables. On pense au Conseil national de la recherche qui devra dorénavant concentrer son énergie et ses millions à répondre aux seules priorités des entreprises.
En fait, c'est l'ensemble du budget 2012-2013 qui est traversé par l'obsession des affaires. Pour les conservateurs, l'État doit non seulement prendre moins de place dans la vie des Canadiens, mais celle qu'il conservera servira uniquement à assurer les services de base essentiels aux citoyens tout en cherchant à éliminer le plus d'obstacles possible au commerce et aux affaires. Ainsi va le Canada conservateur, que cela plaise ou non!
Budget fédéral
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