«La Presse» en OBNL: le PQ et Martine Ouellet posent leurs conditions

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Lisée : « N’arrivez pas avec un conseil d’administration contrôlé par la famille Desmarais pour des siècles et des siècles.»

Le Parti québécois refusera d’appuyer un projet de loi permettant à La Presse de passer sous le contrôle d’un organisme à but non lucratif (OBNL) tant que la famille Desmarais s’obstinera à garder la main haute sur son conseil d’administration, avertit le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée.


« On veut que La Presse survive. Que la famille Desmarais décide de se retirer de la gestion de La Presse, bien, c’est son choix. Mais il faut que ce soit vrai. Si vous créez un OBNL, bien, il faut que ça soit un vrai OBNL », a-t-il affirmé à son retour à l’Assemblée nationale mardi midi.


Le chef de l’opposition officielle disait regretter que les grands patrons de La Presse, Pierre-Elliott Levasseur et Guy Crevier, n’aient pas pris d’engagement en ce sens lors de leur passage sur la colline Parlementaire quelques heures plus tôt. « [Récemment] j’ai dit aux leaders de La Presse […] : “N’arrivez pas avec un conseil d’administration contrôlé par la famille Desmarais pour des siècles et des siècles.” Alors, ce matin, je m’attendais à ce que les gens disent : “Bien, on vous a entendu et il va y avoir de la place au conseil d’administration pour les artisans de La Presse, pour les lecteurs de La Presse, pour le public.” Et on pourra dire que cet OBNL est vraiment indépendant », a-t-il relaté. « Nous n’avons rien entendu de ça. »


L’élue indépendante Martine Ouellet refusait, elle aussi, de donner son aval mardi à la modification législative réclamée à la fois par les patrons et les employés du quotidien de la rue Saint-Jacques. « Il manque encore de l’information », a-t-elle déploré dans une mêlée de presse.


La députée de Vachon réclame l’affranchissement total, théorique et pratique, de La Presse de Power Corporation ainsi que le maintien des emplois. « Le problème sur l’indépendance de la nouvelle structure avec Power Corporation est encore entier. […] On n’a eu aucune réponse satisfaisante de ce côté-là. Donc, on voit qu’il y a encore un lien très fort avec Power Corporation — qui, je le rappelle, fait 52 milliards de revenus par année », a-t-elle affirmé.



 Que la famille Desmarais décide de se retirer de la gestion de La Presse, bien, c’est son choix. Mais il faut que ce soit vrai. Si vous créez un OBNL, bien, il faut que ça soit un vrai OBNL.


— Jean-François Lisée




Montpetit à la tâche


Même si elle n’a aucune assurance qu’il peut être adopté avant la fin de la session parlementaire, la ministre de la Culture et des Communications, Marie Montpetit, s’est mise à la tâche de rédiger un projet de loi permettant la mise sur pied d’une structure sans but lucratif pour La Presse.


Il n’appartient « pas au Parlement de venir s’immiscer dans un média ou dans sa structure », selon le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier. Cela dit, Mme Montpetit peut très bien, dans le « préambule d’un projet de loi très simple — qui permet de faire la transition qu’ils veulent […] —, prendre acte de leur plan de transition ». « De cette manière-là, on n’en fait pas une condition — donc on ne se met pas les mains dedans —, mais on interprète le sens du législateur », a-t-il expliqué.


Le leader parlementaire de la CAQ, François Bonnardel, est du même avis. « On n’a pas comme parlementaires à s’ingérer dans la nouvelle structure que La Presse va prendre », a-t-il fait valoir.


Front commun


Les élus ne peuvent rester insensibles au « consensus » de la direction et des travailleurs de La Presse, estime M. Fournier. « De façon unanime et très forte, ils viennent demander qu’on puisse permettre la transition envisagée sans qu’on y ajoute des conditions », a-t-il souligné à gros traits.


« C’était une rencontre excessivement positive », a dit Guy Crevier, qui affichait pourtant une sombre mine à sa sortie de la salle des premiers ministres. À la question maintes fois posée « Est-il nécessaire [pour la survie de La Presse] d’adopter la loi d’ici la fin de la session ? », il a lâché : « D’aucune façon on ne plaide l’urgence. » Il a toutefois fait remarquer qu’« il n’y a pas longtemps, Google et Facebook contrôlaient 50 % des revenus publicitaires numériques. Ils en contrôlent maintenant 80 %. […] Une année dans le monde des médias, c’est aujourd’hui une éternité. Il y a deux géants américains qui sont en train de détruire complètement le modèle québécois et canadien. » Il a rappelé du même souffle que La Presse est l’unique média qui doit obtenir le feu vert des élus québécois pour changer de mains. 


> La suite sur Le Devoir.



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