La présidente de l'Office refuse de se mouiller

La présidente de l'Office québécois de la langue française, France Boucher, a refusé de qualifier l'état du français au Québec.

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France Boucher - un cas d'incompétence


Tommy Chouinard - L'Office québécois de la langue française a finalement rendu public son rapport 2002-2007, en pleine controverse. Alors, comment se porte le français au Québec? La présidente de l'Office a refusé de répondre. Elle n'a pas voulu non plus interpréter les statistiques démontrant la chute du poids démographique de la population de langue maternelle française. Une baisse déjà soulignée par Statistique Canada, qui a rendu publiques mardi de nouvelles données, absentes du rapport de l'OQLF. Bien des constats reposent en effet sur les statistiques de 2001.

Lors d'une conférence de presse mouvementée au cours de laquelle même sa compétence a été remise en question, la présidente de l'Office québécois de la langue française, France Boucher, a refusé de qualifier l'état du français au Québec.
L'OQLF a finalement rendu public, hier, son rapport 2002-2007 sur l'évolution de la situation linguistique ainsi que 18 études, dont celles qu'elle retenait depuis des mois. Plus de 1700 pages de documents ont été présentées d'un seul coup.
Et alors, le français se porte-t-il bien au Québec? Est-il en déclin? France Boucher est incapable de le dire. Elle a refusé de répondre à ces questions. Elle n'a pas voulu commenter ou interpréter la multitude de statistiques qu'elle a dévoilées, dont celles démontrant la chute du poids démographique des francophones.
«Je n'ai pas de conclusion, je n'ai pas d'hypothèse à émettre. Le rapport n'est pas là pour porter des jugements. Ça n'appartient pas à l'Office de faire ce genre de travail. Ce n'est pas notre mandat», a-t-elle affirmé. Selon elle, son rapport «n'est pas frileux, il est factuel».
France Boucher a dû défendre la crédibilité de son rapport, qui n'a pas été approuvé par le comité de suivi de la situation linguistique de l'OQLF. Ce comité est formé d'experts indépendants et son président, le sociologue Simon Langlois, vient de claquer la porte.
Les membres du comité de suivi «ont été consultés sur chacune des 18 études sur lesquelles repose le rapport, a-t-elle répondu. Les données sont extrêmement fiables».
L'un des experts du comité de suivi, Charles Castonguay, juge quant à lui que le bilan déposé hier est «partiel, incomplet». L'un des membres du conseil d'administration de l'Office, le syndicaliste René Roy, tout comme Simon Langlois, condamne la culture du secret de l'OQLF et la diffusion chaotique des études.
Poids démographique
Selon le rapport quinquennal de l'Office, le poids démographique de la population de langue maternelle française est en baisse, comme l'a constaté Statistique Canada. En 2006, il est passé sous la barre des 80% au Québec et des 50% dans l'île de Montréal. «La population de langue française se régénère moins» par rapport aux anglophones et aux allophones, note l'OQLF. Son vieillissement s'avère aussi «plus marqué». L'OQLF prévoit une «lente érosion du poids démographie des francophones» pour les années à venir.
Mais la connaissance du français «s'est accrue de manière appréciable» tant chez les anglophones que chez les allophones, peut-on lire dans le rapport.
Dans le domaine de l'enseignement, l'OQLF note une «régression du taux de réussite» des jeunes Québécois aux épreuves obligatoires de français à la fin des études secondaires et collégiales.
Bien des constats de l'OQLF reposent toutefois sur des données datant du recensement de Statistique Canada de 2001, notamment au sujet des transferts linguistiques et de la langue de travail.
«Les données dont on disposait au moment du rapport étaient celles de 2001. De nouvelles statistiques ont été dévoilées (par Statistique Canada mardi). Donc c'était impossible de les inclure à notre rapport», a expliqué France Boucher.
L'OQLF indique que 54,3% des allophones adoptent l'anglais comme langue d'usage, contre 45,7% le français. Ceux qui habitent l'île de Montréal sont plus nombreux (57,2%) à choisir l'anglais. L'OQLF relève néanmoins «un attrait croissant pour le français» au fil des ans.
Toujours selon le rapport quinquennal, 64,8% des travailleurs montréalais utilisent surtout le français au boulot, contre 24,6% l'anglais. Les allophones sont quant à eux tiraillés entre le français (40%) et l'anglais (39%). Les immigrants arrivés récemment au Québec travaillent davantage en anglais que ceux qui s'y sont installés avant 1995. Un immigrant sur cinq n'utilise «aucunement» le français au travail.
La ministre de la Culture et des Communications, Christine St-Pierre, trouve le rapport de l'OQLF «encourageant» parce qu'il démontre à ses yeux que «le français est en progression». «Je ne dis pas que c'est parfait. Il faut continuer le travail», a-t-elle dit. La ministre se réjouit que les allophones formés en français au secondaire soient de plus en plus nombreux à fréquenter un cégep francophone. Et les produits culturels québécois attirent de plus en plus les allophones et les anglophones, a-t-elle noté.
Christine St-Pierre s'inquiète toutefois de la chute du poids démographique des francophones, en particulier à Montréal. «Là-dessus, j'entends déployer toutes mes énergies pour affirmer, défendre et préserver le caractère français du Québec. Ce qu'il faut, c'est que les francophones continuent de pouvoir être la majorité au Québec.»
Christine St-Pierre s'est dite «satisfaite» du travail de France Boucher. Elle ne se formalise guère du fait que le rapport n'a pas été approuvé par le comité de suivi de l'OQLF. Le conseil d'administration de l'Office a, lui, autorisé sa publication, a-t-elle insisté.
(Photo Le Soleil)


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