Pourquoi un groupe de manifestants contre l'occupation militaire canadienne
en Afghanistan a-t-il choisi de rejoindre empressément le défilé militaire
pour exprimer son désaccord ?
Parce que les militaires canadiens ont choisi librement de s'engager dans
l'armée et de prendre part à cette mission. Ils sont responsables de leurs
actes et ce sont donc, entre autres, à eux que les manifestants adressent
la requête de renoncer à cette stratégie militaire. L'idée qui semble faire
peu le poids, disant qu'il faille laisser ces familles et ces prolétaires
défiler une dernière fois sans embarras dans les rues de Québec,
me laisse perplexe. La rue est un lieu public et c'est précisément là que
les citoyens sont amenés à se rencontrer, à discuter et parfois à
s'opposer. Ce défilé était dehors, il se voulait public, il cherchait à se
faire voir. Il ne s'agissait nullement d'une fête privée de familles et de
militaires se disant tristement au revoir. Qu'on le veuille ou non, un
défilé militaire est un spectacle, ayant pour but de créer un effet de
cohésion entre ses membres, voulant en quelque sorte séduire son public.
Les manifestants munis de pancartes ont mis fin à ce spectacle tranquille,
en soulevant par écrit quelques-uns des enjeux de cette guerre que le
gouvernement et toute la propagande en faveur de l'occupation cherchent à
masquer.
Les militants pacifistes qui ont rejoint le défilé pour s'opposer au
déploiement des troupes l'ont précisément fait au bon endroit, honnêtement
et courageusement, en s'adressant à ceux qui y participent ou à ceux qui en
font l'éloge.
Bravo aux manifestants.
Mylène Abdel Ghaly
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