INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 268

La nation québécoise dans la fournaise

« Québécois, Québécoises » ou « Quebeckers »« ...A nation within a united Canada. » (Stephen Harper)

Chronique de Bruno Deshaies


« Le Bloc nous a demandé de définir les Québécois,

nous devons donc prendre position. »

(Stephen Harper, premier ministre. Voir RÉF. no 3.)
« Le vrai problème avec la motion conservatrice, cependant,

ne tient pas à l'interprétation du mot « nation »

mais bien à celle du mot “québécois”. »

(Pierre Martin, RÉF. no 4.)
« L'industrie » de la nation s'est encore emballée. La lutte nationale au Québec est cyclique. Elle est une reprise d'un débat qui s'est passé en 1999 (cf. RÉF. no 1) et de beaucoup d'autres dans notre histoire récente et lointaine. Nous croyons arriver quelque part, mais toujours la course revient à la situation initiale. À ce rythme, les Québécois risquent de connaître le sort de l'âne de Buridan.
« Ce qu'on désire, ce n'est pas de se répéter indéfiniment

« nous sommes une nation »

que de se convaincre que
l'INDÉPENDANCE est l'objectif visé. »

La déclaration de Gilles Duceppe à la chambre des Communes (voir ANNEXE) ne peut guère nous rassurer complètement. Il utilise un vocabulaire et un idiolecte qui est loin d'être rassurant. D'ailleurs, que peut-on retenir de cette phrase : « Je le répète, les Québécois forment une nation pas à condition de rester dans un Canada supposément uni ; ils forment une nation pas à condition de devenir un pays. » Est-ce à dire que la nation ne serait que ce que « nous sommes ce que nous sommes, point à la ligne » ? Si c'est là le chemin que M. Duceppe veut poursuivre à Ottawa, je lui conseillerais de démissionner et plier bagage immédiatement avec son parti. C'est vrai, ce n'est pas réaliste. Est-ce mieux d'y rester et de s'encroûter finalement dans le fédéralisme ? Il faut revenir sur terre, c'est-à-dire au Québec pour commencer le travail de sape nécessaire à la déprogrammation mentale fédéraliste des Québécois. Depuis huit ou neuf générations, les Canadiens d'hier et les Québécois d'aujourd'hui sont sous l'emprise du matraquage du discours fédéraliste incessant de la part du Canada-Anglais, de ses institutions et de ses porte-parole tant de langue anglaise que de langue française.
Cette nation, devenue complètement indépendante en 1931 grâce au Statut de Westminster, a même au Québec son pendant : la communauté anglo-québécoise et tous les Canadiens-Français fédéralistes ; ceux-ci ne lâcheront jamais ce qu'ils croient être la proie pour l'ombre, d'autant plus qu'ils ont conscience qu'ils font partie de la majorité canadian dans un CANADA-UNI. Les Québécois-Français vont apprendre une fois de plus que ce Canada est bâti sur un trait d'union qu'il est difficile d'occulter ou de ridiculiser.
Pour le moment, la déclaration de Stephen Harper à la chambre des Communes concernant la motion de son gouvernement sur la nation québécoise est sans équivoque. Le message canadian est clair, très clair : « J'aimerais dire à mes collègues fédéralistes et aux députés séparatistes que nous ferons tout en notre pouvoir, comme l'ont fait nos ancêtres avant nous, pour préserver notre pays, un Canada fort, uni, indépendant et libre. » Et « les ancêtres avant nous » selon l'albertain Stephen Harper remontent aussi loin que le fondateur de Québec : Samuel de Champlain. Dixit ce passage de sa déclaration gouvernementale : « En débarquant à Québec, ose-t-il nous affirmer, Champlain n'a pas dit que cela ne fonctionnerait pas, que c'était trop loin, qu'il faisait trop froid ou que c'était trop difficile. Non. Champlain et ses compagnons ont travaillé fort parce qu'ils croyaient en ce qu'ils faisaient, parce qu'ils voulaient préserver leurs valeurs, parce qu'ils voulaient construire un pays durable et sécuritaire. C'est exactement ce qui s'est passé il y a près de 400 ans : la fondation de l'État canadien. » Voilà ce que pense avec Harper le petit écolier canadian /canadien d'aujourd'hui (voir NOTE no 1). Ce n'est plus de la rhétorique, c'est devenu pour eux un « fait » historique. Québec, c'est la fondation du Canada fédéral canadian multiculturel et ouvert. Or, les Québécois en font partie. L'anachronisme est tellement monstrueux qu'on se demande si ce n'est pas vrai ! La nation québécoise dans le Canada-Uni, c'est maintenant celle de Champlain ! Quel tour de passe-passe digne des plus grands illusionnistes !
Il y a d'ailleurs longtemps que le gouvernement fédéral a annexé le fondateur de la Nouvelle-France à ses visées fédéralistes. Son monument de bronze se dresse aujourd'hui orgueilleusement sur un promontoire qui domine l'Outaouais, sur sa rive ontarienne et face à Gatineau. Tout près de là s'élève ce que l'un des films de propagande d'Ottawa appelle « Le trésor sur la colline ». Il s'agit de cette grande machine de propagande qu'on appelle le parlement canadian. Non, vous ne rêvez pas !


Petit rappel des faits au sujet des motions du gouvernement Harper et du Bloc québécois.
• Motion du gouvernement Harper concernant la nation québécoise :
Version française : « Que cette Chambre reconnaisse que les QUÉBÉCOISES ET LES QUÉBÉCOIS forment une nation au sein d'un Canada uni. »
Version anglaise : « That this House recognize that the QUÉBÉCOIS form a nation within a united Canada. »

• Motion du Bloc québécois concernant la nation québécoise :
« Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation. »

N. B. La version anglaise utilise le mot « Quebeckers ».
« Ce qui est désiré, ce n'est pas de se répéter indéfiniment

“nous sommes une nation”

que de se convaincre que l'INDÉPENDANCE est l'objectif visé. »

Par le jeu parlementaire, les Québécois viennent d'apprendre que ce n'est pas en récitant le chapelet de la nation : « nous sommes une nation, ainsi-soit-il », que la nation va naître ou surgir de nulle part. Si, en plus, les souverainistes vont quémander sa reconnaissance, quelle platitude ! Une lutte est nécessaire autour d'un seul objectif et celui-ci doit être nommé. Cet objectif est dans l'esprit d'un très grand nombre de Québécois, mais l'élite politique bien pensante et petitement civique du Québec hésite à faire le travail de fond et à unir toutes les forces populaires autour d'un discours indépendantiste commun et bien compris des citoyens et des citoyennes. En réalité, nos hommes et nos femmes politiques souverainistes parlent plus de la nation que de l'indépendance. Il abhorre même ce mot. Ce qu'on désire, ce n'est pas de se répéter indéfiniment « nous sommes une nation » que de se convaincre que l'INDÉPENDANCE est l'objectif visé. Dans ce cadre-là, le combat n'est plus sémantique, il est de l'ordre de l'action. Or, le domaine de l'action, soit celui des moyens à prendre pour atteindre les objectifs retenus, n'apparaît pas aussi simple qu'on peut souvent l'imaginer. Il faut y adjoindre la tactique et les bonnes stratégies qui ne doivent pas se résumer à une seule technique, celle du processus référendaire. Sacrilège ! Il faut un référendum ! Il faut un référendum ! Il faut un référendum... Il faut un... Il faut... quoi ?
Obsédés par des questions techniques, les mouvements souverainistes traditionnels sont impuissants devant le mot indépendance. On doit admettre que Claude Charron a mis le doigt sur le bobo lorsqu'il a déclaré en ces termes : « Et le droit de gérer ses propres affaires, qui est inhérent à la notion de nation, nous semble parfois carrément étranger. » Et il ajoute : « Non, ce n'est pas l'aboutissement des demandes séculaires du Québec [...] ». De telles remarques devraient faire réfléchir et le Bloc et le PQ. Tout comme cette dernière du même Claude Charron : « ...s'il y a une conséquence positive qu'on doit souhaiter de cette affaire, c'est que maintenant qu'il s'est fait mettre le nez dans son pipi, le Bloc quitte cette prétention agaçante à se vouloir le maître du jeu, alors qu'il fonctionne dans la maison mère du fédéralisme. »
Bruno Deshaies
RÉFÉRENCES :
(1) Bruno DESHAIES, « La nation québécoise. » Un dossier qui remonte à 1999.
(2) Gilles DUCEPPE. Chef du Bloc québécois. Déclaration à la Chambre des Communes le 22 novembre 2006.
(3) Stephen HARPER. Premier ministre. Déclaration à la Chambre des Communes le 22 novembre 2006.
(4) Pierre MARTIN, « A-t-on bien lu la motion sur la nation présentée par Stephen Harper ? » Dans Le Devoir, 25 et 26 novembre 2006.
(5) Norman SPECTOR. [« The Québécois are part of the Canadian nation, too. » ->3081] Dans The Globe and Mail, lundi 27 novembre 2006.
NOTE :
(1) Veuillez consulter le « Programme Canada 2004-2008 » pour vous convaincre. Le processus de réécriture de l'histoire du Régime français est en cours par le gouvernement canadian. Pouvez-vous nous dire qui paye pour faire le travail ? L'esprit de Patrimoine Canada demeure bien vivant au Canada-Anglais et au Québec.
PROGRAMME CANADA 2004-2008
« Nous sommes fiers de nous associer aux commémorations entourant le 400e anniversaire du premier établissement français en Amérique du Nord (...) »

- le Premier ministre Jean Chrétien, le 22 mai 2003 .
GOUVERNEMENT DU CANADA
CANADA FRANCE 1604-2008
Resserrer les liens, mieux se connaître et se comprendre, se respecter, célébrer son histoire, assumer ensemble la citoyenneté...
L'aventure moderne du Canada a commencé lors de la première installation permanente française à l'Île-Ste-Croix en 1604 et à Port-Royal en 1605. L'île Sainte-Croix, ainsi nommée par Pierre Dugua de Mons, a été la première habitation européenne en Amérique du Nord. On y construisit des maisons, des entrepôts, une chapelle et une palissade fortifiée et on y sema le premier blé d'Amérique du Nord.
Un pays nouveau naît de la première rencontre pacifique entre les nations Micmac, Malécites, Abénakis, et un équipage de navigateurs Français conduit par Pierre Dugua de Mons et le cartographe Samuel de Champlain . Ce désir de rencontre et de solidarité qui définit l'origine du Canada restera inscrit dans ses valeurs fondamentales jusqu'à nos jours.
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ANNEXE
L'Académie de l'indépendance
La nation québécoise
Document no 1
Pris au dépourvu, le chef du Bloc s'est donné une crédibilité en consultant le milieu québécois avant de faire volte-face. Celle-ci n'en laissera pas moins des traces, car ladite motion symbolique est maintenant du domaine public. Elle inspirera ou fera se révolter le Canada-Anglais ; elle laissera les indépendantistes dans une position plus vulnérable ; elle obligera une révision de la pensée des hommes politiques souverainistes ; finalement, elle permettra peut-être le sentiment d'urgence de former un véritable « parapluie » de l'indépendance qui transcenderait tous les partis politiques au Québec. Gilles Duceppe et ses acolytes parlementaires devraient songer à entreprendre une autre démarche que celle qu'ils poursuivent en ce moment à Ottawa, capitale d'un pays étranger. Qu'ils reviennent au Québec grossir les rangs des indépendantistes pour qu'un front commun des troupes indépendantistes se forme au sein de la société québécoise afin de réaliser l'objectif de l'indépendance du Québec comme pays, comme nation et comme État souverain à l'interne et à l'externe. Avec des mots précis, les Québécois parviendront peut-être à réaliser leur vœu le plus cher : l'indépendance du Québec. Les citoyens et les citoyennes doivent s'y préparer.
Bruno Deshaies

Déclaration de Gilles Duceppe à la Chambre des Communes
le 22 novembre 2006

« ...une nation sans condition,

une nation, parce que nous formons une nation. »
Monsieur le Président, le premier ministre ainsi que le chef de l'opposition peuvent bien faire des procès [d'intention] et tenter de détourner les choses, mais la question qui est posée est très claire. Nous allons demander aux élus de cette Chambre de voter sur une motion qui reconnaît la nation québécoise. La reconnaissance officielle de la nation québécoise par la Chambre des communes est plus qu'une question symbolique. Il s'agit en fait de la question la plus fondamentale qui soit pour le Québec. Il s'agit aussi d'une question fondamentale pour le Canada.

Depuis des années, les élus du Canada veulent éviter cette question dérangeante et la glisser sous le tapis. Or, depuis quelque temps, cette question a ressurgi, entre autres suite à l'adoption par l'aile québécoise du Parti libéral du Canada d'une résolution allant en ce sens. Elle a ressurgi suite également à l'adoption au congrès du NPD d'une telle résolution, le NPD ayant senti le besoin de replacer sa position sur cette question puisqu'elle avait été modifiée lors du référendum de 1995. C'est pour cela que j'ai dit que cela a changé, ils sont revenus à leur position.
Depuis, on a vu beaucoup de commentateurs et d'élus du Canada se braquer. On a vu aussi, dans plusieurs sondages, qu'une grande majorité de Canadiens rejetaient l'idée de reconnaître officiellement la réalité, à savoir que les Québécoises et les Québécois forment une nation. Ce refus de reconnaître la nation québécoise, de reconnaître une réalité évidente, nous pourrions le qualifier de grand blocage canadien. C'est ce refus de reconnaître le Québec pour ce qu'il est qui fait en sorte que le Québec n'est pas signataire de la Constitution. C'est aussi ce refus de reconnaître la nation québécoise qui explique que le Québec soit considéré comme une province comme les autres et pas plus.
Au Québec, à l'Assemblée nationale, souverainistes comme fédéralistes s'entendent pour dire que le Québec, que les Québécois et les Québécoises forment une nation.
Les nations ont des droits, dont celui d'orienter elles-mêmes leur développement. Le débat sur l'avenir du Québec se pose donc ainsi : il y a ceux qui pensent que le Québec est mieux à même de se développer et de s'épanouir en demeurant au sein du Canada - et je respecte leur option - et il y a ceux qui pensent comme moi que la souveraineté permettra au Québec de se développer pleinement.
Cette Chambre sera appelée à voter sur la reconnaissance de la nation québécoise et non sur l'une ou l'autre des deux options, à savoir le fédéralisme ou la souveraineté. Les Québécois pourront alors voir clairement où chacun se situe et où se trouve l'avenir du Québec, encore est-il que dans la défense d'une option ou d'une autre, la seule attitude respectueuse envers les Québécois et les Québécoises est de les reconnaître pour ce qu'ils sont, soit une nation qui ne cesse pas de l'être si elle ne fait plus partie du Canada, à l'évidence même, une nation sans condition, une nation, parce que nous formons une nation.
Ce n'est pas au premier ministre de décider ce que les Québécois choisiront comme option. C'est aux Québécois et aux Québécoises, en vertu des règles de l'Assemblée nationale, de décider quel sera leur avenir. Je le répète, les Québécois forment une nation pas à condition de rester dans un Canada supposément uni ; ils forment une nation pas à condition de devenir un pays. Ce sont là les deux options. Elles sont respectables toutes les deux.
Dans un cas comme dans l'autre, jamais on ne doit soumettre l'existence de la nation québécoise à l'option que l'on privilégie.
Nous sommes une nation parce que nous sommes ce que nous sommes, peu importe l'avenir qu'on choisira.
Voilà ce que l'on dit. Voilà comment on voit l'avenir.
Voilà la seule position démocratique : ne pas imposer et soumettre la reconnaissance de ce que sont les Québécois à l'option qu'on privilégie.
Je dis qu'il peut effectivement y avoir une nation dans le Canada. C'est ce qu'on vous propose.
Ce n'est pas mon option, mais jamais je n'imposerai que les Québécois forment une nation à la condition d'avoir un pays, et jamais je n'accepterai que la seule condition pour être une nation, c'est de reconnaître que l'on doive rester dans le Canada. Nous sommes ce que nous sommes, point à la ligne.

Document no 2
La chaîne TVA a titré le message de Claude Charron : « La nation dont on se moque. » Ce titre n'a pas été repris par la suite. Monsieur Charron a paru très déçu du comportement du chef du Bloc à Ottawa. Il a compris que le travail de ce parti est devenu improductif pour défendre les intérêts supérieurs du Québec. Quant à Stephen Harper, il « a fait double jeu ». D'abord, il a mis fin à une crise potentielle et, d'autre part, contrecarré le projet du Bloc québécois en Chambre. Norman Spector dans le Globe and Mail de lundi dernier a eu raison d'écrire : « Those who, like Mr. Duceppe last summer, demanded to know why the government was prepared to recognize aboriginals but not the Québécois as a nation, got what they had asked for, in spades. » (cf. RÉF. no 5.) Bref, le BQ a reçu dans la face ce qu'il désirait recevoir. Sa mission « canadienne » au Canada se termine donc sur la proposition du gouvernement conservateur. Dans les circonstances, comme l'écrit Claude Charron : « Que cela conduise à de grands éclats de rire, ça n'aurait pas été surprenant, mais que celui qui profère une telle absurdité soit applaudi des 2 côtés de la chambre, c'est à proprement parler aberrant. »
Des décisions majeures doivent être prises par les membres du Bloc québécois et par les syndicats qui rêvent d'une politique nationaliste québécoise au sein du Canada ainsi que de quelques philosophes égarés qui rêvent d'identités multiples qui doivent être reconnues. Ils viennent de recevoir leur réponse, L'agacement de Claude Charron devient dans ce contexte-là très compréhensible et encore plus judicieux. À bon entendeur, salut !
Bruno Deshaies

La nation dont on se moque.

Claude Charron. Paris


[->3109] Le commentaire de Claude Charron

[« Une farce monumentale »->3109]
[...] C'est le Bloc québécois qui, voulant profiter des malheurs de son adversaire, a voulu forcer la Chambre des communes à nier l'existence de la nation québécoise.
L'Albertain qui dirige le pays s'est emparé de cette idée le plus rapidement possible, au grand dam des stratèges qui entourent Gilles Duceppe. D'ailleurs, s,il y a une conséquence positive qu'on doit souhaiter de cette affaire, c'est que maintenant qu'il s'est fait mettre le nez dans son pipi, le Bloc quitte cette prétention agaçante à se vouloir le maître du jeu, alors qu'il fonctionne dans la maison mère du fédéralisme. Non, c'est Harper, plutôt, qui a fait double jeu, puisqu'en relançant la campagne d'Ignatieff, il se trouve ni plus ni moins qu'à le choisir comme chef de l'opposition, ce gaffeur professionnel qui échappe le ballon même quand personne n'y touche. Mais quoi qu'il en soit, trouvez-moi un pays au monde où un chef de gouvernement peut dire qu'une nation est une nation quand elle est à l'intérieur du pays, mais qu'elle n'est plus une nation si elle en décide autrement. Que cela conduise à de grands éclats de rire, ça n'aurait pas été surprenant, mais que celui qui profère une telle absurdité soit applaudi des 2 côtés de la Chambre, c'est à proprement parler aberrant.
[...]
Chez les indépendantistes, c'est la débandade. Gilles Duceppe a voulu récupérer sa bévue par une trouvaille, celle du Québec actuellement au Canada, comme si c'était une nation touriste qui aurait pu se retrouver le lendemain au Maroc ou en Argentine. André Boisclair, qui aime beaucoup se faire désirer, a fini par intervenir avec une chanson dont on a oublié les paroles, mais qui, en gros, disait qu'il y voyait un progrès quelconque, ce qui, du coup, a obligé Duceppe à faire volte-face, à annoncer un changement dans son vote. Il a fendu l'air sur une 3e prise avec enthousiasme, nous a-t-il dit, comme s'il fallait en plus se faire dire cela. Mais pourquoi donc ce cirque a-t-il réussi à accaparer le chapiteau de l'actualité aussi longtemps pour s'achever dans le ridicule ? Eh bien, c'est pour une seule raison, aussi gênante et humiliante soit-il de l'admettre. Oui, nous formons une nation depuis 2 siècles et demi, mais nous nous comportons rarement comme si nous en étions une. C'est comme si de colonie vaincue et abandonnée nous avions acquis ce statut presque malgré nous. Et le droit de gérer ses propres affaires, qui est inhérent à la notion de nation, nous semble parfois carrément étranger. Et c'est pour ça que des charlatans et des apprentis sorciers nous inondent de leur pacotille et de leurs mirages.

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Bruno Deshaies209 articles

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BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pensée de Maurice Séguin. Vous trouverez son cours sur Les Normes (1961-1962) à l’adresse Internet qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 (N. B. Exceptionnellement, la numéro 5 est à l’adresse suivante : http://www.vigile.net/Les-Normes-en-histoire, la16 à l’adresse qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-15-20,18580 ) et les quatre chroniques supplémentaires : 21 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique 22 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19364 23 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19509 24 et fin http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19636 ainsi que son Histoire des deux Canadas (1961-62) : Le PREMIER CANADA http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-1-5 et le DEUXIÈME CANADA : http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-1-29 et un supplément http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30

REM. : Pour toutes les chroniques numérotées mentionnées supra ainsi : 1-20, 1-5 et 1-29, il suffit de modifier le chiffre 1 par un autre chiffre, par ex. 2, 3, 4, pour qu’elles deviennent 2-20 ou 3-5 ou 4-29, etc. selon le nombre de chroniques jusqu’à la limite de chaque série. Il est obligatoire d’effectuer le changement directement sur l’adresse qui se trouve dans la fenêtre où l’hyperlien apparaît dans l’Internet. Par exemple : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 Vous devez vous rendre d’abord à la première adresse dans l’Internet (1-20). Ensuite, dans la fenêtre d’adresse Internet, vous modifier directement le chiffre pour accéder à une autre chronique, ainsi http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-10-29 La chronique devient (10-29).

Vous pouvez aussi consulter une série de chroniques consacrée à l’enseignement de l’histoire au Québec. Il suffit de se rendre à l’INDEX 1999 à 2004 : http://www.archives.vigile.net/ds-deshaies/index2.html Voir dans liste les chroniques numérotées 90, 128, 130, 155, 158, 160, 176 à 188, 191, 192 et « Le passé devient notre présent » sur la page d’appel de l’INDEX des chroniques de Bruno Deshaies (col. de gauche).

Finalement, il y a une série intitulée « POSITION ». Voir les chroniques numérotées 101, 104, 108 À 111, 119, 132 à 135, 152, 154, 159, 161, 163, 166 et 167.





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