La cigarette et l'alcool tuent

La mari s'en vient...

La pression s'exercera sur tous les gouvernements

Tribune libre

L’État américain du Colorado vient de légaliser la marijuana. C’est une nouvelle surprenante pour plusieurs. Sommes-nous si mal renseignés ?
On nous a dit et redit depuis toujours que fumer de la marijuana est dangereux pour la santé, qu’elle intoxique, affecte la mémoire, le jugement, la sensation, la perception, la coordination, l’équilibre. Que le rythme cardiaque est augmenté. Qu’à la longue, elle altère profondément la personnalité, les fonctions intellectuelles au point que les capacités d’apprendre sont diminués, que la personnalité change et que l’utilisateur n'a pas conscience de son état et peine à dormir.
Comme pour l’alcool, le danger est l’addiction qui génère une augmentation de risques de toux, de bronchites, de schizophrénie chez les plus faibles, d’anxiété, de découragement, de dépression chez d’autres. La pratique du sport et la conduite automobile sont affectées. La qualité de vie est diminuée.
La marijuana, on l’a vu souventes fois, accorde à l’utilisateur des moments euphoriques, un « high » comme on dit. Son cerveau est stimulé et génère de bonnes sensations comme pour le sexe, le chocolat. Il devient relaxé, euphorique, très sensible. Les couleurs sont plus belles, les odeurs meilleures. Certains sont plus heureux, rient davantage, se foutent du temps, ont un meilleur appétit. Mais après, lorsque les belles sensations intenses disparaissent, la dépression gagne la partie faisant place à l’anxiété, la peur, la méfiance, la panique…
Un accro s’en sort difficilement.
La marijuana, c’est comme la cigarette et l’alcool qui tuent et dont la vente est légale partout.
Suite à un référendum, le gouvernement du Colorado, depuis le 1er janvier 2014, autorise légalement la vente de recreational marijuana, limitée à une once (28 g) à la fois pour un prix de $200.00 à ses citoyens âgés de plus de 21 ans, malgré que la loi fédérale qualifie d’illégales la culture, la possession et la vente de marijuana et prévoit la prison pour les coupables, même à vie dans certains cas, qu’ils soient producteurs, trafiquants ou consommateurs. Mais le président Obama, en août dernier, via le département de justice américaine, a affirmé qu’il ne contesterait pas les États qui légaliseraient la marijuana pour fins récréatives et concentrerait les efforts du gouvernement américain sur la vente en gros de ce cannabis et la protection des enfants. En réalité, le Colorado ne respecte pas la loi et Obama ferme les yeux.
La marijuana est offerte en semences et porte des noms excitants : Strawberry Kush, Amnesia, Diesel acid ou Green crack. Il y a même des bonbons enrobés de ses agents chimiques.
Le référendum sur la légalisation de ce cannabis a été remporté à 55% pour plusieurs raisons invoquées : la mari est moins dangereuse (on ne sait si c’est vrai) que l’alcool et le tabac; le Colorado économiserait les 10 milliards par an qu’il dépensait pour la prohiber ; l’imposition d’une nouvelle taxe de vente de 27,9% sur le produit, représentant 67 millions et les taxes additionnelles des villes et comtés. De l’ensemble de tous ces nouveaux revenus, une bonne part sera dédiée à la construction de nouvelles écoles.
C’est comme fait le Québec avec l’alcool et les vins dont il s’est donné le monopole. Il y applique des taxes exorbitantes afin d’augmenter ses revenus. On peut juger de cette marge lorsqu’on analyse un vin qui se vend 4,5 euros en France et qui, rendu sur les tablettes de la SAQ, est affiché à 24-27$. Par contre, pour la marijuana utilisée pour fins médicales avec prescription de médecin (même si non-reconnue comme médicament par les organismes médicaux des gouvernements) ces taxes ne s’appliqueront pas. Quant aux cultivateurs de marijuana, on peut aisément le deviner, ils se frottent les mains !
Les règlements du Colorado qui accompagnent cette nouvelle législation pour fumer la marijuana sont sévères. Il sera, entre autres, défendu de la fumer sur la place publique ou tout établissement contraint par la loi à avoir un air ambiant propre. Une contravention sera émise à un automobiliste affecté et ne rencontrant pas les normes, etc.
On estime que la demande sera si forte que cela ajoutera à l’attrait touristique du Colorado et que le nombre de skieurs, randonneurs et autres, qui y viennent chaque année, accroîtra sensiblement. On peut imaginer que des mari-coffee shops pousseront partout sur le territoire de l’État.
Le Colorado ne sera pas longtemps seul puisque le référendum de l’État voisin de Washington a aussi été approuvé par les électeurs et qu’il est question qu’une loi soit mise en application avant la fin de l’année. Des citoyens des autres États, en accord avec l’opinion des Coloradiens, vont sûrement penser aux avantages financiers d’une telle permission et réclamer de leur gouvernement une approche similaire.
De plus, l’OEA, organisation des gouvernements des continents américains et des Caraïbes, a émis un rapport suggérant à ses membres d’analyser la possibilité de légaliser la marijuana. Déjà, le sénat uruguayen a approuvé une loi légiférant la production et la vente de cannabis et vise le premier semestre de 2014 pour la mettre en force.
Partout, au Canada comme aux USA, les sondages indiquent une tolérance grandissante à la marijuana par les différentes populations. Avec la décision du Colorado et ce qui se passe ailleurs, on peut imaginer la pression additionnelle qui sera faite sur tous les gouvernements et conclure que la mari s’en vient !


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 janvier 2014

    Alors veuillez m'excuser si j'ai conclu que vous étiez prohibitionniste.
    Votre position rejoint donc la mienne et celle du sénateur Pierre-Claude Nolin, qui dans son rapport comme président du sous-comité du Sénat canadien sur le cannabis proposait une réglementation semblable pour ce produit à ce qui existe pour le tabac et l'alcool.
    C'est une proposition raisonnable et anti-bigote. Les retombées fiscales seraient aussi très intéressantes, autant que peut l'être les retombées fiscales du tabac, de l'alcool (SAQ) et du jeu (Loto-Québec).
    Mais il y a un hic, ici au Québec. La Cour suprême du Canada, a conclu dans 2 jugements, que le gouvernement fédéral avait compétence sur la prohibition du cannabis par sa compétence sur le droit criminel (article 27 AANB) et que cette criminalisation ne violait pas la Charte canadienne des droits et libertés.
    Le Québec voudrait légaliser le cannabis qu'il ne le pourrait pas, à cause du fédéral et comme ce sont les conservateurs de l'ouest qui sont au pouvoir - amateurs d'alcool et de tabac - ce n'est pas demain la veille qu'on verra cela. Les bigots ont peur de tout parce qu'ils ont peur de Dieu.
    Au Canada, contrairement aux USA, les provinces n'ont pas juridiction sur le sujet, comme les États américains.
    Mais le Parti québécois, grevés de gens peu audacieux ne feront jamais campagne pour cela.
    S'il y a une chance que cela arrive, ce sera si les libéraux de Justin Trudeau arrivent au pouvoir. Il a avoué lui-même en avoir fumé.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    6 janvier 2014

    La drogue la plus dangereuse, a éviter, si possible, reste le travail.
    La législation va poser le problème de retirer la commercialisation de la mari a des groupes criminalisés, c'est difficile de penser que ceci se fera dans la paix civile.
    Que viennent faire les musulmans ici ?
    Il y a plein de musulmans qui boivent de l'alcool et plein de quakers ou autre réactionnaires de ce genre qui animent des ligues de tempérence.
    Au Yemen, plein de méchants islamistes, tout le monde mastique du qat, à longueur de journée, meilleur que la mari, et boit de l'arak, meilleur que la bière canadienne...la même chose en Jordanie, Irak, Syrie, Liban, sans parler des enfants qui vendent de la mari, dans des petits sacs plastiques, le long des routes au Maroc, en Tunisie.
    Découvrir les autres, c'est ce qui manque souvent.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 janvier 2014

    Encore une fois, Me Cloutier, vous avez lu le nom de l’auteur avant de diriger votre attaque. S’il ne partage pas vos positions politiques, vous l’attaquez quel que soit le sujet de l’article.
    Si vous aviez lu mon texte vous auriez remarqué que je ne prenais pas position sur la question de la légalisation de la marijuana mais que je rappelais ce que l’on nous en a dit, les raisons de l’accord des électeurs du Colorado, l’évolution du dossier de la légalisation de ce cannabis, en concluant que cela s’en vient (plus vite que l’on pense).
    Quant à ma position personnelle, elle est simple. Je suis favorable à la légalisation de la mari, et cela depuis un bon bout de temps, à condition qu’un telle permission soit bien encadrée pour protéger les enfants et le public. Je ne croyais pas pertinent ou utile que je la donne dans l’article.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 janvier 2014

    Les drogues les plus dangereuses sont dans l'ordre le tabac et l'alcool. Toutes les statistiques le démontrent.
    D'autre part, il faut toujours faire la distinction entre usage normal, usage à risque et usage abusif.
    Le meilleur exemple est le vin. Un bon verre de vin avec un repas est loin d'être désagréable. Se saouler est une autre chose.
    La mari consommée raisonnablement est moins dangereuse que le tabac et l'alcool. Tous les gens qui ont de l'expérience en la matière vous le diront.
    S'il vous manque des informations, prenez donc la peine de vous renseigner à fond en appelant le sénateur conservateur Pierre-Claude Nolin qui a présidé un sous-comité du Sénat sur la question. Il va tout vous expliquer cela en détails.
    Après tout, vous êtes de la même famille politique que lui, n'est-ce pas?
    Vous, à moins d'être un musulman, je suis sûr que vous appréciez un bon vin de Bordeaux ou de Bourgogne ou un bon scotch. Laissez-donc les autres fumer leur petit joint de pot, sans faire de mal à personne en mettant vos préjugés de côté. On appelle cela la liberté de gérer son corps comme bon nous semble, à la condition de ne pas faire de mal à personne. Capiche?
    Cela fait longtemps que nos sociétés auraient dû comprendre de principe de base et que les bigots aillent se lamenter ailleurs.
    Pierre Cloutier ll.m
    avocat à la retraite